LOS ANGELES (awp/afp) - A trois mois du Mondial-2019 en France, les championnes du monde américaines ont relancé vendredi les hostilités contre leur propre fédération qu'elles accusent de discrimination en termes de salaires et de conditions de travail.

Alex Morgan, Megan Rapinoe et leurs coéquipières ont profité de la Journée internationale pour les droits des femmes pour passer à l'offensive.

Les 28 joueuses de "Team USA" ont porté plainte contre la Fédération américaine de football (USSF), une plainte déposée devant un tribunal de Los Angeles (Californie).

"En dépit du fait que les internationales et internationaux sont sélectionnés pour assumer les mêmes responsabilités et pour participer à des compétitions internationales pour le même employeur, l'USSF, les joueuses sont, de façon constante, moins payées que les joueurs", détaille le texte de la plainte.

"Et ce, alors que les résultats des joueuses sont meilleurs que ceux des joueurs, avec, à la différence de la sélection masculine, des titres mondiaux pour l'équipe féminine", poursuit le texte.

Les Américaines, en tête du classement mondial de la Fifa, sont en effet l'équipe-référence du football féminin avec à leur palmarès quatre titres olympiques et trois Coupes du monde (1991, 1999 et 2015).

Elles seront les favorites à leur propre succession durant la prochaine Coupe du monde qui aura lieu du 7 juin au 7 juillet en France.

5,3 M pour les hommes contre 1,7 pour les dames

L'équipe masculine affiche, elle, pour meilleur résultat, hors sa 3e place lors de la première Coupe du monde en 1930, une qualification pour les quarts de finale du Mondial-2002 au Japon et en Corée du Sud.

Pire, elle a échoué à se qualifier pour la dernière Coupe du monde en Russie, l'été dernier. Mais les internationaux américains sont paradoxalement mieux payés et mieux traités.

En 2014, l'USSF a ainsi octroyé 5,3 millions de dollars (4,7 millions d'euros) de primes à la sélection masculine pour avoir atteint les 8e de finale du Mondial au Brésil.

L'année suivante, l'équipe féminine n'a reçu que 1,7 million de dollars (1,5 million d'euros) de prime après son troisième titre mondial au Canada.

La disparité est tout aussi flagrante pour les matches amicaux.

Sur une saison, si l'équipe féminine disputait et remportait vingt matches amicaux, les joueuses pourraient empocher au maximum 99.000 dollars, ou 4.950 dollars par match, contre 263.320 dollars, ou 13.166 dollars par match, pour leurs collègues masculins.

"L'USSF a complètement échoué à promouvoir l'égalité des sexes", accusent les 28 plaignantes.

"Les femmes ne méritent pas"

Elles rappellent que l'USSF "est allée jusqu'à arguer que +la réalité du marché est telle que les femmes ne méritent pas d'être payées autant que les hommes+ (...) même quand la sélection a généré plus de bénéfices, joué et gagné plus de matches, remporté plus de championnats et/ou fait plus d'audience télévisée".

Les joueuses dénoncent également les différences dans leurs conditions de travail. Entre 2014 et 2017, elles ont disputé 21% de leurs matches à domicile sur une pelouse artificielle, contre seulement 2% pour les hommes.

"Jouer sur des surfaces de niveau inférieur, dont la pelouse artificielle, peut entraîner des blessures importantes qui peuvent menacer une carrière", estiment-elles.

"La Fédération américaine n'a fait que le minimum en matière d'égalité entre les hommes et les femmes, et elle continue de pratiquer une discrimination au détriment de ses joueuses", conclut le texte de la plainte.

La star de l'équipe américaine, Alex Morgan, a aussi publié vendredi un message sur Twitter en forme de tribune: "Femmes à travers le monde, soutenez-vous et battez vous les unes pour les autres".

Ce n'est pas la première fois que des joueuses américaines attaquent leur fédération.

En 2016, cinq joueuses avaient déposé un recours auprès de la Commission pour l'égalité d'accès à l'emploi (EEOC), une organisation gouvernementale chargée de faire appliquer le droit du travail, pour dénoncer l'écart de traitement avec leurs collègues hommes.

A quelques semaines des JO-2016 de Rio, elles avaient menacé de boycotter le tournoi olympique, avant de signer une nouvelle convention collective régissant les salaires et conditions de travail, qui expirera fin 2021.

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