(Actualisé avec citation de François de Rugy §7 et §8)

PARIS, 17 décembre (Reuters) - Vinci Autoroutes va envoyer une facture aux automobilistes passés gratuitement au péage sur son réseau pendant les opérations des "Gilets jaunes", afin de leur demander de régulariser leur situation.

"Nous sommes conscients du caractère exceptionnel des évènements qui ont touché le réseau depuis quatre semaines", a souligné un porte-parole de la filiale du groupe de BTP et de concessions Vinci, confirmant une information du Dauphiné libéré. "Nous avons donc décidé d'adapter nos procédures pour ne pas pénaliser les usagers en préjugeant de leur bonne foi."

Les automobilistes n'ayant pas acquitté le péage recevront donc une lettre de rappel, et non pas l'amende prévue, sur la base de l'immatriculation de leur véhicule filmée par les caméras installées aux barrières d'accès.

Vinci Autoroutes souligne que des usagers ont déjà fait la démarche de venir payer spontanément le péage lors de leur passage gratuit et que la régularisation constitue une mesure de justice vis-à-vis d'eux, comme vis-à-vis des millions de personnes qui ont continué de payer l'autoroute les semaines passées.

Le concessionnaire a estimé à "plusieurs dizaines de millions d'euros" le montant des dégâts commis sur l'ensemble de son réseau lors des manifestations des gilets jaunes, qui ont affecté quotidiennement près de 250 sites. En revanche, il n'était pas en mesure de chiffrer le manque à gagner correspondant aux passages gratuits aux péages.

Début décembre, deux semaines environ après le début du mouvement, le concessionnaire autoroutier SANEF estimait de son côté "en millions d'euros" l'impact économique correspondant surtout aux manques de recettes, mais aussi aux dégradations matérielles sur les chaussées et les portiques de signalisation.

Le ministre de la Transition écologique, François de Rugy, s'est montré très sceptique sur Europe 1 quant à la possibilité pour l'entreprise de réclamer des comptes.

"On ne peut pas faire cela", a-t-il dit. "En réalité, sans doute que c'est l'Etat qui va devoir payer une grande partie de la facture et donc, ça va être une dépense supplémentaire (...) ou sinon cela sera répercuté d'une façon ou d'une autre sur les tarifs d'autoroute, ce qui est bien dommage parce que les Français qui n'avaient rien à voir avec les casseurs ne devraient rien avoir à payer." (Gilles Guillaume, et Caroline Pailliez édité par Yves Clarisse)

Valeurs citées dans l'article : Eiffage, Vinci