Berlin (awp/afp) - Les autorités allemandes et européennes de surveillance des marchés ont prononcé lundi une interdiction temporaire de spéculer à la baisse sur le titre de la fintech allemande Wirecard, en pleine déconfiture boursière après des soupçons de malversations.

La BaFin, le superviseur allemand des marchés a publié lundi matin un décret d'interdiction de ventes à découvert sur le titre de Wirecard jusqu'au 18 avril 2019, à effet immédiat et s'appliquant à l'international à toute personne "physique ou morale".

L'autorité européenne des marchés financiers, l'ESMA, a qualifié, dans un communiqué, cette mesure d'urgence de la BaFin "d'appropriée et proportionnée pour faire face à la menace qui pèse sur les marchés financiers allemands".

La vente à découvert consiste à vendre des actions que l'on ne possède pas afin de les racheter plus tard à un prix inférieur. Cette forme de spéculation, à la réputation sulfureuse et plutôt pratiquée par des courtiers expérimentés, consiste ainsi à parier sur la baisse d'un cours, plutôt que sur sa hausse.

Étoile montante de la finance allemande, Wirecard est secouée depuis trois semaines par une violente tempête boursière nourrie par des soupçons de fraude à Singapour.

Le Financial Times enquête depuis fin janvier sur une opération de fraude comptable opérée par des cadres de Wirecard dans la région asiatique. Wirecard dément formellement et accuse le journal britannique de "diffamation".

Dans le même temps, le régulateur financier allemand BaFin et le parquet de Munich enquêtent tous deux sur une possible manipulation de marché, liée au calendrier des révélations du Financial Times.

Ce n'est pas la première fois que Wirecard, qui déroute les investisseurs en raison de son modèle complexe, se retrouve la cible de vendeurs à découvert. Il avait à ce moment déjà fait l'objet d'accusations de comptabilité falsifiée.

Installée depuis 1999 dans la banlieue de Munich, Wirecard a pris de l'envergure avec le boom du commerce électronique, en garantissant les règlements de transactions au bénéfice de ses clients professionnels (compagnies aériennes, pharmacies en ligne, etc.), encaissant au passage une modique prime de risque.

A la Bourse de Francfort, le titre de l'entreprise a bondi dès l'ouverture et restait en progression de 13,46% à 113,35 euros vers 09H15 GMT dans un marché en baisse de 0,25%. Mais Wirecard cumule toujours près de 17% sur un an.

afp/buc