La traversée du désert des valeurs moyennes européennes s'est poursuivie au 3e trimestre. Il suffit pour s'en persuader de lire les baromètres mensuels réalisés par Raphaël Girault pour Zonebourse, qui montrent très bien les difficultés auxquelles sont confrontés les gérants spécialisés dans ce compartiment de la cote. Sur un pas de temps de cinq ans (et plus), les entreprises moyennes dominent en bourse, comme l'illustre pour la France le graphique de gauche. Mais sur deux ans, les grandes entreprises les ont largement dépassées (graph de droite).

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Depuis plusieurs mois, les investisseurs guettent les signaux du retour en grâce. Or il se pourrait bien que l'heure du réveil ait sonné. La banque UBS est à l'affût depuis un moment. Après tout, les valeurs moyennes constituent un excellent moyen pour les investisseurs de s'écarter des positions consensuelles. Et en cas de sélection gagnante, elles flattent davantage les egos. Précision d'importance, les analystes de la banque suisse parlent en fait de "small caps", mais à l'échelle européenne, c’est-à-dire de valeurs contenues dans le Stoxx Small 200, dont la plus petite capitalisation avoisine 2 Mds€. Mais la démonstration vaut pour certaines valeurs plus petites.

UBS développe trois arguments principaux à l'appui de la renaissance des valeurs moyennes. La toile de fond, d'abord. L'équipe d'analystes explique que le parcours boursier des valeurs moyennes européennes est intimement lié à celui des indices PMI et de la production industrielle de la zone euro. Or après une longue période de chute, ces indicateurs macroéconomiques semblent montrer des signes de stabilisation. La valorisation, ensuite. Les ratios sont en territoire positif pour les valeurs moyennes, qui se négocient avec une décote de PER de l'ordre de 5% et une décote de rendement de 6% environ sur les grandes valeurs. La dynamique de résultats, enfin. UBS a noté que la tendance des révisions d'objectifs s'est inversée : jusqu'au second trimestre, elle était favorable aux grosses capitalisations, mais ce n'est désormais plus le cas.

Deux sélections

La banque suisse a dressé une liste de ses valeurs moyennes préférées. Elle comprend Applus, Bâloise, Barry Callebaut, BAWAG, Cineworld, GALP, Grand City, Howden, IAG, JD Sports, Man Group, Prosegur, Rheinmetall, SIG Combibloc, Sixt, Software AG, Talgo, Teleperformance, Van Lanschot et William Hill. Les chouchoutes de la liste sont Talgo, Sixt, Cineworld et Prosegur.

UBS a aussi noté que les valeurs surexposées au marché domestique européen ont tendance à réagir de la même façon que les petites et moyennes valeurs. Les analystes ont par conséquent aussi isolé des titres décotés par rapport à leurs pairs, avec des perspectives de croissance positives cette année et l'année prochaine et des révisions positives sur 3 mois. On y trouve Telenet, Eiffage, Klépierre, Saint-Gobain, Bouygues, Vinci, Carrefour, Enel, RWE et Deutsche Post. Pas mal de valeurs françaises donc.

Moralité ? Il faut guetter le redémarrage des indices PMI. Historiquement, leur progression a coïncidé avec un bon comportement boursier. L'accord sur le Brexit, tout frais, pourrait aider à améliorer le sentiment des directeurs d'achats européens, si toutefois les parlementaires britanniques l'entérinent. Pour un panel de titres à jouer en cas de soft Brexit, référez-vous aux recommandations de Liberum, que nous avions abordées hier.