Je n'aime pas trop tirer sur les ambulances, mais je vais illustrer un cas d'école qui explique malheureusement pourquoi tant d'IPO sont foireuses en France. Il y a quelques mois, nous avions analysé le dossier Florentaise lors de son entrée en bourse. Nous le faisons rarement chez Zonebourse, sauf quand une entreprise attire notre attention, pour diverses raisons. En l'occurrence, un acteur qui fleurait bon la transition écologique. La présentation était léchée (elles le sont de plus en plus, la forme est plus importante que le fonds en ce bas-monde), l'histoire plutôt sympa et la trajectoire des résultats (facialement) ascendante.
Clignotant orange
Premier problème, la société est surendettée et une partie de la levée de fonds doit servir à compenser des créances ou des avances d'actionnaires. En l'occurrence plus de la moitié de la levée de fonds devait servir à solder du passif. Second problème, les hypothèses présentées au marché étaient très ambitieuses, pour ne pas dire irréalistes (elles ont toutefois été confirmées ce matin). Ce genre de mélange est un excellent terreau, si vous me passez cette pique, pour des tensions sur la trésorerie. Au final, l'IPO n'ayant pas eu le succès escompté, la situation était même plus critique : sur les 17,9 M€ levés, 12 M€ sont partis à la compensation de créances et 3,3 M€ au remboursement d'une avance en compte courant. Soit 15,3 M€ sur 17,9 M€, ce qui laissait un maigre 2,6 M€ pour financer l'activité.
Ce qui devait arriver arriva : Florentaise a publié ses résultats annuels dégradés pour l'exercice clos le 30 juin dernier. Ils sont accompagnés du petit drapeau rouge redouté, sous la forme de la mention "Les prévisions d’activité de la société pour les douze mois suivant la date d’arrêté des comptes ne sont donc pas suffisantes pour permettre à la société de faire face aux échéances de remboursement sur cette période". Il va falloir aller renégocier les lignes de crédit bancaire, se serrer la ceinture et préparer des solutions plus lourdes de conséquences, comme des cessions d'actifs ou une levée de fonds. Levée de fonds qui serait réalisée dans les pires conditions, donc, et qui servirait sans doute encore en partie à rembourser les avances de la maison-mère.
J'espère bien sûr me tromper et voir Florentaise dégager 20% de marge d'exploitation en 2027 comme elle l'a prédit. Mais gardez à l'esprit qu'une société qui arrive en bourse pour assurer sa continuité d'exploitation démarre sa vie d'entreprise cotée avec un sérieux handicap. L'action vaut déjà 40% de moins qu'en mars, lors de son IPO. Alors certes, le marché boursier est fait pour répondre à des besoins de financement. Mais en règle générale, mieux vaut se concentrer sur les entreprises qui viennent chercher du financement pour se développer et pas pour apurer leur passif avec moins de douze mois de visibilité.
Histoire d'enfoncer le clou, je suis allé comparer les cours d'IPO et les cours actuels des entrées en bourse sur Euronext et Euronext Growth des quatre dernières années. Sur 58 opérations, 6 sont en territoire positif. La baisse moyenne atteint -51,6% (médiane -60%) :
Florentaise est spécialisé dans la fabrication et la commercialisation de supports de culture et de produits de nutrition et de protection des plantes à destination des professionnels et des particuliers. Le groupe propose notamment des terreaux, des amendements organiques et des paillages vendus sous les marques Silence, ça pousse !, Vive le Végétal, Terre & Nature, Terre au Naturel, Terre D'or, Mon Jardin en Ville, Fertil, Terre & Nature Pro et Florentaise Pro.
La commercialisation des produits est assurée auprès des jardineries, des magasins de bricolage, des grandes et moyennes surfaces alimentaires, des distributeurs professionnels, des horticulteurs, des pépiniéristes, des maraîchers, des collectivités et des paysagistes.
A fin juin 2022, Florentaise dispose de 17 sites de production implantés en France (9), en Europe (4), en Inde (2) et en Chine (2).
82,4% du CA est réalisé en France.