NANTES, 22 juin (Reuters) - Les chantiers navals de Saint-Nazaire (Loire-Atlantique) ont annoncé mercredi avoir rompu leur contrat avec la compagnie d'Etat libyenne GNMTC pour la construction d'un paquebot qui devait être livré fin 2012.

Le deuxième acompte n'a pu être payé en raison des sanctions internationales contre le régime du colonel Mouammar Kadhafi.

"STX France est confiante dans ses capacités à trouver un nouvel acheteur pour le navire", dit STX Europe, la maison-mère des ex-chantiers de l'Atlantique, dans un communiqué publié sur son site internet.

"En raison de la couverture des assurances pour un tel incident, l'annulation ne devrait avoir qu'un impact limité sur les résultats financiers de STX France".

La compagnie GNMTC, spécialisée dans le transport de produits pétroliers et dirigée par un des fils du colonel Kadhafi, avait signé en juin 2010 une "lettre d'intention de commande" pour un navire de 2.471 cabines, pouvant transporter jusqu'à 4.000 touristes et personnels d'équipage.

Sa commande était survenue alors que les chantiers navals, qui traversaient la pire crise industrielle de leur histoire, avaient mis une grande partie de leurs 2.000 salariés au chômage partiel.

Le paquebot, déjà construit à 40% et dont la fabrication se poursuit, pourrait être revendu à l'armateur italo-suisse MSC, l'un des clients historiques des chantiers navals de Saint-Nazaire.

BRADÉ À UN AUTRE ARMATEUR ?

"C'est possible, car MSC négocie en même temps avec nous un prototype de paquebot, encore plus gros que les précédents", estime Nathalie Durand-Prinborgne, secrétaire du syndicat Force ouvrière de STX France.

"Il est évident que le navire libyen sera alors très largement bradé : nous avons besoin de la construction de ce paquebot pour faire tourner nos ateliers", considère-t-elle.

"L'Etat, notre actionnaire minoritaire, préférera toujours continuer à fabriquer un navire bradé, plutôt que de mettre des gens au chômage partiel".

Jacques Hardelay, directeur général de STX France, avait déjà exprimé ses inquiétudes le 15 avril, un mois avant l'échéance prévue pour le deuxième acompte du navire.

"On fait tout pour ne pas arrêter ce chantier : cela mettrait 600 à 700 personnes au chômage technique", avait-il déclaré lors d'une conférence de presse. "On a déjà connu ça l'an passé, je n'ai pas envie que cela se reproduise".

"Je ne cherche pas de nouveaux clients, mais j'y pense très fort ", avait alors ajouté Jacques Hardelay. "Le marché de la croisière se porte très bien en Europe : un navire livré en 2012, cela peut intéresser des armateurs... L'Etat, lui, pourra peut-être faciliter le financement pour un client alternatif".

(Guillaume Frouin, édité par Yves Clarisse)