PARIS (Reuters) - Les principales Bourses européennes reculent en début de séance mardi, affectées par la perspective d'une prolongation du confinement dans une bonne part de l'Europe continentale, qui pourrait compromettre le rebond de l'activité économique attendu au deuxième trimestre.

Le sentiment de marché est également affecté par la montée des tensions diplomatiques et commerciales entre la Chine et l'Occident et par la nouvelle tempête financière en Turquie après le limogeage du gouverneur de la banque centrale par le président turc, Recep Tayyip Erdogan.

À Paris, le CAC 40 perd 0,37% à 5.946,58 points vers 08h55 GMT, au plus bas depuis le 10 mars. A Londres, le FTSE 100 cède 0,39% et à Francfort, le Dax recule de 0,47%.

L'indice EuroStoxx 50 est en baisse de 0,29%, le FTSEurofirst 300 de 0,36% et le Stoxx 600 de 0,3%.

Alors que la France voit s'envoler les chiffres des hospitalisations et des placements en services de soins intensifs, en Allemagne, la chancelière Angela Merkel, évoquant une situation "très grave", a annoncé que les mesures de confinement dans le pays seraient prolongées jusqu'au 18 avril, une période qui inclut le long week-end de Pâques.

Le patronat allemand a mis en garde mardi contre un risque d'explosion des défaillances d'entreprise.

Au Royaume-Uni, si la vaccination progresse rapidement, l'heure n'est pas non plus au relâchement, le ministre de la Santé évoquant la possibilité d'une amende de 5.000 livres pour toute personne voyageant à l'étranger avant fin juin.

Ces nouvelles l'emportent largement sur le ton plutôt optimiste choisi lundi par Jerome Powell, le président de la Réserve fédérale, et Janet Yellen, la secrétaire au Trésor, sur les perspectives d'évolution de l'économie américaine, avant leur audition au Congrès.

Janet Yellen a évoqué la possibilité d'un retour au plein emploi l'an prochain tandis que Jerome Powell jugeait que la reprise, plus rapide qu'anticipé, était en train de se renforcer.

Par ailleurs, l'administration Biden pourrait envisager un nouveau plan d'investissements publics dont le montant global se situerait entre 3.000 et 4.000 milliards de dollars.

VALEURS

La crainte de voir la situation sanitaire empêcher une reprise de l'activité du transport aérien et du tourisme cet été plombe les valeurs du secteur: leur indice Stoxx de référence perd 0,77%, le groupe de croisières Carnival 4,25%, la compagnie aérienne EasyJet 3,97% et le tour-opérateur TUI 3,73%.

A Paris, ADP cède 2,81% et Air France-KLM 2,24%.

Le compartiment automobile (-1,40%) est pénalisé de son côté par les prévisions pessimistes de Volvo (-6,66%), qui s'attend à voir la pénurie de composants électroniques peser lourdement sur sa production. Renault et Stellantis abandonnent respectivement 1,91% et 1,21%.

Parmi les rares hausses notables du jour à Paris, JCDecaux (+2,62%) et Rémy Cointreau (+2,01%) bénéficient de relèvements de recommandations.

EN ASIE

A la Bourse de Tokyo, l'indice Nikkei, qui montait en matinée, a terminé la journée sur un repli de 0,61%, la baisse des actions chinoises et la perspective d'un recul de Wall Street ayant fini par l'emporter.

En Chine, le SSE Composite de Shanghai et le CSI 300 ont abandonné respectivement 0,93% et 0,95%, les investisseurs s'inquiétant des sanctions prises par les Etats-Unis, l'Union européenne, la Grande-Bretagne et le Canada contre la politique du régime chinois au Xinjiang, face auxquelles Pékin a immédiatement annoncé des mesures de représailles.

Le CSI 300 accuse désormais un repli de plus de 15% par rapport à son record du 18 février.

A WALL STREET

Les contrats à terme sur les principaux indices américains suggèrent pour l'instant une ouverture en baisse d'environ 0,3%.

Lundi, la baisse des rendements des emprunts d'Etat américains a soutenu notamment les valeurs technologiques; le Dow Jones a gagné 0,32% à 32.731,2 points, le S&P-500 a pris 0,75%, à 3.942,56 points et le Nasdaq Composite a bondi de 1,32% à 13.389,34 points.

La séance a été marquée entre autres par la hausse de 2,31% de Tesla à 670 dollars après qu'un fonds géré par Ark Invest s'est fixé un objectif de cours de 3.000 dollars.

TAUX

Le regain d'aversion au risque qui pénalise les actions se traduit aussi par un recul des rendements des emprunts d'Etat: celui des bons du Trésor américain à dix ans cède trois points de base à 1,6523% et son équivalent allemand plus de deux points à -0,333%.

La séance en Europe sera animée entre autres par une nouvelle émission obligataire à cinq et 25 ans de l'Union européenne dont le montant global pourrait atteindre 13 milliards d'euros.

CHANGES

Le dollar s'apprécie avant les auditions de Jerome Powell et Janet Yellen au Congrès: l'indice qui mesure ses fluctuations face à un panier de référence progresse de 0,37% et l'euro retombe sous 1,19 (-0,29%).

Au-delà des divergences économiques croissantes entre les Etats-Unis et l'Europe, le billet vert profite de la montée des tensions géopolitiques et des turbulences financières en Turquie, qui favorisent le repli sur les valeurs refuges.

Si la livre turque semble se stabiliser après avoir cédé jusqu'à 15% lundi, la Bourse d'Istanbul chute encore de plus de 7% malgré l'activation à deux reprises des coupe-circuit.

PÉTROLE

Le marché pétrolier amplifie son repli, les dernières nouvelles de la crise sanitaire en Europe continentale alimentant les craintes sur la demande et les prix.

Le Brent abandonne 1,59% à 63,59 dollars le baril et le brut léger américain (West Texas Intermediate, WTI) cède 1,54% à 60,61 dollars.

(édité par Patrick Vignal)

par Marc Angrand