Alors je vais vous refaire le coup du shaker, dans lequel les actualités financières sont les ingrédients. Si on secoue le shaker, on obtient une sorte de tendance sous forme de cote mal taillée. Les ingrédients du moment sont l'intelligence artificielle, la reprise chinoise déprimante, le plafond de la dette américaine, l'intelligence artificielle, les taux directeurs, l'intelligence artificielle et les tensions géopolitiques. Je ne vais pas m'étendre sur l'IA, qui s'immisce un peu partout et qui dopé les indices américains en début d'année, comme nous le verrons un peu plus loin. C'est un soutien de poids pour les marchés, même si les investisseurs ont plus d'intuitions que d'idées concrètes sur les gagnants et les perdants du futur.

Le plafond de la dette est pour sa part en bonne voie pour être transpercé. La chambre des représentants américains a validé hier le texte qui doit suspendre ce plafond jusqu'au 1er janvier 2025. Notez que c'est assez pratique un plafond suspendu, ça permet de faire un joli éclairage d'ambiance et faire passer les gaines techniques. Mais je m'égare. On le sait depuis le début, c'est au sénat que les choses peuvent coincer. Mais les garanties obtenues par Joe Biden et Kevin McCarthy semblent suffisamment solides pour que le texte soit adopté d'ici lundi, c’est-à-dire avant le moment où ça risque de salement partir en sucette. Second point positif pour les marchés actions donc.

Autre ingrédient, la reprise chinoise espérée comme on attend Godot. Et là, on a un petit sujet ce matin parce qu'après les statistiques macroéconomiques déprimantes de la nuit de mardi à mercredi, celles qui sont tombées il y a quelques heures sont moins faiblardes. L'indicateur PMI manufacturier Caixin est finalement en zone d'expansion et non de contraction. L'indice PMI "officiel" disait le contraire la veille. Je ne vais pas m'appesantir aujourd’hui sur la différence entre les deux PMI ni sur l'intérêt d'avoir deux marqueurs pour l'activité industrielle, mais disons que c'est plutôt une bonne surprise. Pas de quoi casser trois pattes à un canard (laqué) pour autant, parce qu'on est loin d'une reprise économique échevelée. Mais un troisième point positif pour les actions à court terme quand même.

Quatrième ingrédient, les taux directeurs et par conséquent l'inflation, qui sont un peu passés au second plan sur la période récente mais qui ont fait leur retour sur le devant de la scène hier. En Europe, les chiffres d'inflation ont tendance à se dégonfler légèrement plus vite que prévu, ce qui pourrait permettre à la BCE de se détendre un peu. Aux Etats-Unis en revanche, les derniers chiffres publiés montrent que le marché du travail est toujours aussi vigoureux, ce qui a eu pour effet de doper le pronostic d'une hausse de taux d'un quart de point à l'issue de la réunion de la réunion de la Fed le 14 juin prochain. L'outil FedWatch du CME est monté à 66,6% de probabilité pour un tour de vis contre 33,4% pour un statu quo. Mais ça, c'était avant que deux membres de la Fed, Philip Jefferson et Patrick Harker, eurent laissé entendre chacun de leur côté qu'une pause dans la hausse des taux serait appropriée dans deux semaines. Ce qui a provoqué un renversement des paris, avec une probabilité de statu quo désormais à 62%. Le quatrième point est donc mitigé pour les marchés actions, avec des données macro qui soutiennent plutôt une hausse de taux (les investisseurs n'aiment pas les hausses de taux) et des déclarations qui vont plutôt dans le sens d'une pause (le scénario espéré par les investisseurs). Mais comme des renversements complets sont possibles en quelques heures, autant éviter de tirer des plans sur la comète ou de bâtir des châteaux en Espagne.

Hier à Wall Street, les indices ont bouclé dans le rouge, même le Nasdaq 100, plombé par quelques prises de bénéfices sur Nvidia après l'explosion haussière du titre. Une baisse alimentée par le retour des interrogations sur les taux, donc. Donc si on reprend l'idée du shaker évoquée loin au-dessus, on peut dire que les éléments porteurs sont en majorité, mais qu'il faut surveiller les données macroéconomiques américaines, nombreuses, car un nouveau retournement des pronostics sur le prochain mouvement de la Fed pèserait sur la tendance.

Pour compléter, voici un bilan rapide (hors dividendes), des performances de quelques indices, de l'or et du pétrole en mai et depuis le début de l'année (en mai / en 2023) :

  • STOXX Europe 600 : -3,19% / +6,32%
  • CAC 40 : -5,24% / +9,65% (pour info, CAC40GR avec dividendes donc : -3,86% / +12,33%)
  • SMI : -1,92% / +4,55%
  • S&P500 : +0,25% / +8,56%
  • Dow Jones : -3,49% / -0,72%
  • Nasdaq 100 : +7,6% / +30,30%
  • Or : -1,45% / +7,38%
  • Pétrole (Brent) : -7,3% / -14,16%

Au Japon ce matin, le Nikkei 225 se reprend de 0,7% pour démarrer le mois de juin. Rebond en Chine également, avec un CSI300 en hausse de 0,7% et un Hang Seng à +0,8%. L'Australie grappille 0,3%. C'est plus difficile en Corée du Sud et à Taiwan où les indices sont grevés par le repli du compartiment semiconducteurs après la flambée récente. Les indicateurs avancés européens laissent entrevoir une ouverture en hausse, même si les futures américains sont plus volatils depuis quelques heures. Le CAC40 a démarré la séance en hausse de 0,5% à 7135 points.

Les temps forts économiques du jour

La seconde lecture des PIB manufacturiers de mai pour plusieurs pays du monde sera dévoilée tout au long de la journée. L'inflation européenne de mai (11h00) puis une série de statistiques américaines viendra compléter le tableau : études Challenger et ADP sur l'emploi, coût de la main d'œuvre, inscriptions hebdomadaires au chômage, dépenses de construction, ISM manufacturier et stocks pétroliers, rien que ça entre 13h15 et 17h00. Tout l'agenda ici. En Chine, l'indice ISM manufacturier compilé par Caixin est revenu en zone d'expansion, contre toute attente.

L'euro se négocie 1,0688 USD. L'once d'or reste stable à 1963 USD. Le pétrole se reprend après sa contraction, avec un Brent de Mer du Nord à 73 USD le baril et un brut léger américain WTI à 68,37 USD. Le rendement de la dette américaine sur 10 ans varie peu à 3,67%. Le bitcoin se négocie 27 100 USD.

Les principaux changements de recommandations

  • Aramis : Exane BNP Paribas passe de sousperformance à neutre en visant 5 EUR.
  • Avantium : Berenberg reste à l'achat avec un objectif de cours relevé de 4,40 à 4,70 EUR.
  • BigBen : In Extenso reste à l'achat fort avec un objectif de cours réduit de 7,50 à 6,80 EUR.
  • Coloplast : Morgan Stanley passe de surpondérer à pondération en ligne en visant 950 DKK.
  • ConvaTec : Morgan Stanley passe de pondération en ligne à surpondérer en visant 250 GBp.
  • Dassault Systèmes : Jefferies reste à sousperformance avec un objectif de cours relevé de 32 à 34 EUR.
  • Elisa : Berenberg passe de conserver à acheter en visant 59 EUR.
  • Eurobank : Jefferies reste à conserver avec un objectif de cours relevé de 1,65 à 1,70 EUR.
  • Fortum : J.P. Morgan passe de surpondérer à neutre en visant 13,50 EUR.
  • Heidelberg Materials : J.P. Morgan passe de neutre à surpondérer en visant 80 EUR.
  • Hennes & Mauritz : Jefferies reste à conserver avec un objectif de cours relevé de 115 à 120 SEK.
  • Ipsos : Gilbert Dupont passe d'accumuler à acheter en visant 62 EUR.
  • Knorr-Bremse : Jefferies reste à conserver avec un objectif de cours relevé de 64 à 67 EUR.
  • Mediobanca : Jefferies passe de conserver à acheter en visant 12,40 EUR.
  • National Bank of Greece : Jefferies reste à l'achat avec un objectif de cours relevé de 6,50 à 7,30 EUR.
  • Neste Oyj : UBS passe de neutre à acheter en visant 46 EUR.
  • Prosus : AlphaValue reste à l'achat avec un objectif de cours réduit de 83,50 à 81,10 EUR.
  • Tele2 : Berenberg reste à conserver avec un objectif de cours réduit de 149 à 104 SEK.
  • Telia : Berenberg passe de conserver à acheter en visant 29 SEK.
  • Vestas : Jefferies reste à l'achat avec un objectif de cours réduit de 254 à 246 DKK.
  • Wolters Kluwer : Exane BNP Paribas passe de neutre à surperformance en visant 125 EUR.

En France

Résultats des entreprises (les commentaires sont donnés à chaud et ne préjugent pas de l'évolution des titres)

  • Rémy Cointreau : maintient ses perspectives prudentes sur le nouvel exercice, après des résultats plus élevés que prévu.
  • Wavestone : la croissance devrait atteindre 9% cette année, pour une marge opérationnelle courante annuelle aux alentours de 15%.

Annonces importantes (et moins importantes)

  • Les immatriculations de voitures neuves étaient en hausse de 14,77% en mai en France, selon la PFA.
  • Safran en négociation exclusive avec Air Liquide pour lui racheter ses activités oxygène aéronautique.
  • Sanofi lance son plan mondial 2023 d'actionnariat salarié.
  • Engie et EDP Renovaveis, réunis dans le consortium Ocean Winds, progressent sur trois projets éoliens offshores européens.
  • L'OPA simplifiée visant les actions Bolloré recueille 99 millions d'actions (3,2% du capital), soit le tiers environ du plafond possible.
  • Ipsen va racheter 0,4% de son capital pour couvrir son programme d'attribution d'actions gratuites aux salariés.
  • ID Logistics finalise l'acquisition de Spedimex en Pologne.
  • Stef revend La Méridionale au groupe CMA CGM.
  • Genfit et Seal Rock Therapeutics développeront le SRT-015 injectable pour le traitement des maladies hépatiques aiguës, qui entre en clinique.
  • La production reprend chez Lacroix après l'interception d'une cyberattaque.
  • Alessandro Riva nommé PDG de Transgène.
  • Groupe Berkem annonce la signature d’un accord avec Azelis pour la distribution de ses ingrédients cosmétiques en Thaïlande et en Corée du Sud.
  • Technicolor Creative Studios réduit son capital et regroupe ses actions à raison de 100 pour 1.
  • Cellectis publie un article sur des précliniques concernant la capacité d'UCART20x22 à cibler un large spectre de patients atteints de tumeurs malignes à cellules B.
  • Le petit coin de la dilution : SpineGuard met en place un financement dilutif par obligations convertibles en actions (OCA) d'un montant de 7,5 M€. Mauna Kea met en place une ligne de financement dilutive (PACEO) avec Vester Finance pour avoir des fonds jusqu'au T2 2024. Les Agences de Papa sortent le grand jeu avec une OCA de 4 M€ avec Capital Système Investissements, une levée de fonds réservée par compensation de créances et des BSA pour les compensés.
  • Elles ont publié / Elles doivent publier : Quadient, Graines Voltz, Bains de Mer de Monaco

Dans le monde

Résultats des entreprises (les commentaires sont donnés à chaud et ne préjugent pas de l'évolution des titres)

  • Salesforce : le titre perd 6% hors séance après la publication de ses trimestriels malgré les objectifs relevés.

Annonces importantes (et moins importantes)

Lectures