Wall Street a rebondi hier, mettant ainsi fin à trois séances consécutives de repli marqué. Ce sont les valeurs technologiques qui ont repris les commandes pendant que le secteur de l'énergie subissait de nouvelles prises de bénéfices après un début d'année tonitruant. Le Nasdaq a gagné 1,3% et le S&P500 environ 0,6% : on n'est pas dans l'envolée délirante non plus. En Europe, les indices ont une séance de retard, ou une séance d'avance selon le point de vue : ils étaient en vive baisse hier, après avoir mieux résisté que leurs homologues américains la semaine dernière. Les investisseurs ont retrouvé un peu d'appétit pour le risque après que Twitter a annoncé accepter le principe d'un rachat par Elon Musk pour quelque 44 Mds$. Ils attendent ce soir les résultats de Microsoft et d'Alphabet pour continuer à prendre le pouls d'un compartiment technologique toujours convalescent.

Si Twitter tapisse les unes de médias qui adorent les marottes d'Elon Musk, les préoccupations des financiers restent inchangées : le cycle de hausse des taux brutal qui s'annonce et les conséquences de la politique chinoise de lutte contre le retour du coronavirus. La Banque centrale chinoise a donné un petit coup d'accélérateur aux actifs à risque du pays en laissant entendre qu'elle allait accroître son soutien à l'économie via sa politique monétaire. "Paroles, paroles" ont l'air d'estimer les spécialistes, qui attendent toujours que la PBOC passe aux actes. Quant à la politique monétaire, nous sommes à huit jours de l'annonce du relèvement de taux le plus spectaculaire de la Fed depuis un bail, soit 0,50% d'un coup. L'objectif est de faire courber l'échine à l'inflation et de calmer la surchauffe économique, ce qui ne sera pas une mince affaire comme l'illustre l'anecdote que je vais vous raconter.

J'étais dimanche à la table de vote de mon village pour l'élection présidentielle. Sur le créneau 11h45 / 15h30, le plus contraignant quand on a prévu un barbecue à midi, mais le plus tranquille si l'on veut éviter la cohue matinale ou l'embouteillage des retardataires de la dernière heure. De toute façon, il pleuvait dimanche sur la Savoie et les merguez auraient eu un goût de flotte. J'officiais donc sans arrière-pensées charcutières à côté d'un copain qui, lorsqu'il n'est pas coincé derrière une urne en plexiglas, s'occupe de construire des usines de production pour un industriel français dont le patronyme est à la plaque de plâtre ce que le frigidaire est au réfrigérateur. On appelle ça une antonomase, comme le Scotch pour le ruban adhésif, le Sopalin pour le papier essuie-tout ou Les Républicains pour une addition strictement inférieure à 5%.

Profitant d'une période de désertion des isoloirs - on se serait presque cru aux élections régionales – je glisse à mon voisin : et toi, Enrico (le prénom a été hispanisé pour garantir l'anonymat de mon compère), ça pénalise l'activité, les pénuries et l'inflation ? Le problème, me répond-il, ce n'est pas tant la demande, qui reste forte, c'est qu'on n'est plus capable de construire de nouvelles usines. Des composants électroniques pour les chaînes de production qui étaient sur l'étagère il y a quelques mois ont disparu de la circulation et on me les annonce pour la fin d'année, ou carrément pour l'année prochaine. Et quand on en trouve à acheter, le prix a été décuplé. De toute façon c'est bien simple, poursuit-il, j'ai parfois des devis pour des équipements valables une seule journée. A prendre ou à laisser. Je te laisse imaginer le casse-tête pour monter des projets alors qu'on ne connaît même pas les CAPEX. Sur les matières premières, on n'est pas tellement embêtés sur le gypse, mais pendant un moment on ne trouvait plus de carton. Et je te laisse imaginer les coûts énergétiques pour les plaques ou pour les produits à base de verre (le groupe d'Enrico produit aussi de la laine de verre). Sans même parler du transport.

Ce placo-pain, si vous avez bien suivi, m'a résumé en quelques phrases les contraintes auxquelles sont toujours confrontés tous les producteurs de biens à travers le monde. Dans un tel contexte, on comprend bien que juguler l'inflation passe aussi par le rétablissement de chaînes d'approvisionnement, un domaine dans lequel la politique monétaire n'a pas beaucoup de moyens d'action. La route est encore longue vers une normalisation de la situation.

Mais cette préoccupation ne pèse pas outre mesure ce matin sur les projections indicielles à l'ouverture. Les places européennes devraient rebondir dans les premiers échanges, un peu à l'image de ce qui s'est passé en Asie ce matin, où le Nikkei 225 japonais a gagné 0,5% environ pendant que le Hang Seng de Hong Kong reprenait 1,5%, bien aidé par ses valeurs technologiques. En Australie en revanche, c'est la soupe à la grimace pour l'ASX 200, qui perd près de 2%, lesté par ses nombreuses minières. Il y a une très grosse série de publications de résultats trimestriels aujourd'hui des deux côtés de l'Atlantique, avec en point d'orgue ce soir après la clôture américaine Microsoft et Alphabet, comme annoncé plus haut. Le CAC40 gagnait 1,1% à 6519 points à l'ouverture.

Les temps forts économiques du jour

Un gros programme aux Etats-Unis, avec les commandes de biens durables du mars (14h30), suivies de l'indice FHFA du prix des maisons de février (15h00) et des ventes dans l'immobilier neuf de mars, l'indice manufacturier de la Fed de Richmond d'avril, l'indice de confiance des consommateurs du Conference Board d'avril et l'indice manufacturier de la Fed de Richmond (16h00). Tout l'agenda "macro" ici.

L'euro recule à 1,0730 USD. L'once d'or  ne profite pas des remous récents et poursuit sa décrue à 1902 USD. Le pétrole rebondit légèrement, avec un Brent de Mer du Nord à 103,33 USD le baril et un brut léger américain WTI à 99,52 USD. Le rendement de la dette américaine à 10 ans se maintient à 2,85%. Le bitcoin remonte à 40 600 USD.

Les principaux changements de recommandations

  • Altarea : Oddo BHF passe de surperformance à neutre en visant 160 EUR.
  • Carrefour : Bernstein passe de sousperformance à performance de marché en visant 19 EUR.
  • CVS Group : Jefferies passe de conserver à acheter en visant 2110 GBp.
  • Dechra Pharmaceuticals : Jefferies reste à conserver avec un objectif de cours réduit de 4600 à 3630 GBp.
  • Deutsche Börse : Berenberg reste à conserver avec un objectif relevé de 160 à 165 EUR.
  • EDP Renovaveis : Société Générale passe de conserver à vendre en visant 21 EUR.
  • Electrocomponents : Jefferies reste à l'achat avec un objectif de cours réduit de 1520 à 1410 GBp.
  • Essity : HSBC passe de vendre à conserver en visant 240 SEK.
  • GFT Technologies : Berenberg reste à conserver avec un objectif réduit de 49 à 45 EUR.
  • Neoen : AlphaValue reste à la vente avec un objectif relevé de 27,70 à 28,80 EUR.
  • Philips : Jefferies reste à conserver avec un objectif de cours réduit de 32 à 26 EUR.
  • Randstad : KBC passe d'accumuler à acheter en visant 71
  • Rio Tinto : Barclays passe de pondération en ligne à souspondérer en visant 4800 GBp.
  • Solaria Energia : Société Générale passe d'acheter à conserver en visant 24 EUR.
  • Stabilus : J.P. Morgan passe de souspondérer à surpondérer en visant 62 EUR.
  • Technip Energies : AlphaValue reste à l'achat avec un objectif de cours réduit de 20,50 à 19,80 EUR.

En France

Résultats des sociétés

  • Orange : le groupe va prendre toutes les mesures pour confirmer ses objectifs 2022 dans un contexte inflationniste.
  • Faurecia (Forvia) : les projections 2022 de la société née du rapprochement entre Faurecia et Hella sont très prudentes, à cause de la situation en Ukraine. Le groupe suspend son augmentation de capital et son dividende.

Annonces importantes (et moins importantes)

  • L'infrastructure de génie civil d'Orange (poteaux et conduites enterrées) pourrait valoir 8 Mds$ s'il venait à être cédé, selon Les Echos.
  • Sodexo est en négociation avec le fonds CVC en vue d'une ouverture du capital de son pôle de tickets-restaurants.
  • Alstom demande un arbitrage contre Bombardier Inc, qui lui a vendu Bombardier Transport.
  • EssilorLuxottica lance une procédure contre JPMorgan Chase aux Etats-Unis.
  • Airbus et Qatar Airways au tribunal pour leur différend sur l'A321neo.
  • Orpéa décale la publication de ses résultats.
  • Bénéteau annonce les retraites PDG Jérôme de Metz (PDG) et Jean-Paul Chapeleau (directeur général délégué), remplacés par Bruno Thivoyon comme DG et Gianguido Girotti comme DGD. Yves Lyon-Caen revient à la présidence.
  • JCDecaux décroche un contrat au Danemark.
  • Valneva obtient jusqu'à 40 M$ de financements additionnels de deux de ses bailleurs de fonds américains. En parallèle, la société publié des données pédiatriques porteurs pour son vaccin contre la maladie de Lyme.
  • Voltalia obtient 117 MW de projets solaires au Maroc.
  • McPhy et Hydrogen Refueling Solutions scellent leur partenariat stratégique avec Hype.
  • Glengo Teknoloji s'associe à Lectra
  • Pharnext tire une nouvelle tranche d'OCA.
  • CGI rachète le bloc de contrôle d'Umanis à 17,15 EUR l'action.
  • L'Autriche recommande l'approbation de la substance active de biocontrôle d'Amoeba "Lysat de Willaertia magna C2c Maky" pour le territoire européen.
  • 63% des actionnaires d'Argan ont opté pour le paiement du dividende en actions.
  • Korian, Lagardère, M6 Métropole Télévision, ID Logistics, Nacon, DBV Technologies, SMCP, Lumibird, BigBen, Europlasma, Altarea, Alan Allman, com, Gour Medical, Novacyt ont publié leurs comptes.

Dans le monde

Résultats des sociétés

  • AP Moller Maersk : les objectifs sont relevé après le T1.
  • Banco Santander : les résultats du T1 dépassent les attentes.
  • Bayer : le début d'année "très réussi" permet de confirmer les prévisions 2022.
  • Deutsche Börse : les objectifs 2022 ont été relevés.
  • HSBC : le bénéfice avant impôt du T1 s'établit à 4,71 Mds$, au-dessus des attentes.
  • Kuehne + Nagel : les bénéfices sont plus élevés que prévu au T1.
  • Novartis : les trimestriels sont en ligne avec les attentes.
  • SSAB : les bénéfices de l'aciériste dépassent les attentes.
  • UBS Group : les résultats du T1 dépassent les attentes.
  • Whirlpool : le spécialiste américain de l'électroménager a réduit ses prévisions annuelles et lance une revue stratégique de ses activités en Europe.

Annonces importantes (et autres)

Lectures