Galapagos : l'impossibilité d'une île

Jadis biotech adorée des investisseurs européens, la société flamande cotée à Amsterdam a multiplié les déconvenues au cours des derniers mois, entraînant l'action en baisse de 37% depuis le 1er janvier, et de près de 70% sur un an. La série d'échecs et de retards dans les développements cliniques a fait passer le cours de 250 EUR avant la pandémie à 50 EUR actuellement. A cette époque le plus optimiste des analystes visait 235 EUR par action pour l'entreprise. Il va falloir du temps, ou des succès médicaux tangibles, pour rebâtir le lien de confiance. La présence de Gilead au capital à hauteur de 25%, dont la moitié des titres acquis à un peu plus de 140 EUR, ne fait plus ni chaud ni froid pour l'instant aux investisseurs, d'autant que l'Américain a signé en juillet 2019 un standstill de dix ans l'empêchant d'accroître ses parts. PER 2023 négatif.

Neoen : trop vite, trop haut, trop fort

Encore une histoire d'amour qui s'est mal terminée (mais qui n'est pas finie). Le producteur d'énergies renouvelables a longtemps coché toutes les cases : secteur à la mode, une belle histoire à raconter, une des seules grosses introductions en bourse pré-2020 à succès et une communauté de traders en soutien. Le titre est monté jusqu'à 70 EUR en début d'année, soit plus de quatre fois le cours d'IPO en octobre 2018 (16,50 EUR). Depuis, il a perdu la moitié de sa valeur dans un mouvement de marché qui a dégagé du paysage les chouchous de l'ESG pour leur préférer les performances financières des bonnes vieilles cycliques, pétrolières en tête. A cela s'est ajoutée une valorisation d'aristocrate, peu en phase avec les performances financières du présent ou du futur proche. D'ailleurs, un avertissement sur les objectifs est venu confirmer tout cela, à l'heure où toutes les entreprises, jusqu'aux tocards de la cote, parvenaient à relever leurs prévisions. Le titre évolue malgré tout deux fois plus haut que ses cours d'introduction, matérialisant des ratios boursiers encore tendus, à défaut d'être surtendus. PER 2023 de 37 fois.

TeamViewer : le faux positif

Avec ses logiciels d'accès à distance, l'Allemand semblait parfaitement calibré pour devenir une action Covid. Ce fut le cas, entre mars et août 2020, un laps de temps durant lequel le titre est passé de 22 à 53 EUR. Et puis… plus grand-chose. La croissance a été au rendez-vous mais les résultats n'ont pas suivi au même rythme, rendant difficilement soutenable les ratios de valorisation ultra-généreux. La surperformance s'est lentement érodée, jusqu'à se transformer en sousperformance à mesure que les économies se rouvraient. Finalement, les performances financières de l'entreprise sont sur la pente ascendante, mais pas suffisamment au regard des attentes du marché. Il faut dire que le nombre d'analystes suivant la valeur a doublé depuis le début de la pandémie, avec des avis très majoritairement positifs à l'origine (un peu moins maintenant). Un engouement qui n'a pas porté ses fruits et qui a créé de la frustration dans la communauté financière. L'action perd 36% en 2021 et un peu plus un an : un comble pour une valeur censée être bénéficiaire du contexte sanitaire que l'on connaît. PER 2023 de 27,4 fois.

Ubisoft : ghost recovery

Le fleuron du jeu vidéo français a connu des hauts et des bas depuis 2018, mais surtout des bas, pourrait-on dire. L'action avait passé le cap des 100 EUR voilà trois ans. A l'époque, elle était portée par la nouvelle dimension acquise par l'entreprise d'Yves Guillemot dans le monde du jeu vidéo et par la spéculation née du raid de Vivendi sur une partie du capital. Pour se défendre, avec succès, des prétentions de son encombrant actionnaire, le management avait dû se démener pour démontrer qu'Ubisoft était plus belle seule qu'accompagnée. D'où des attentes élevées de la part de la communauté financière, attentes qui n'ont pas été comblées par la suite. Après un redressement rapide post-purge de mars 2020 – après tout le dossier faisait partie de la grande famille des valeurs de la distanciation physique – l'action a eu du mal à poursuivre son ascension, avant de connaître une nouvelle flambée en septembre 2020 à la faveur des reconfinements. Elle était revenue à 88 EUR en février dernier avant d'être lourdement sanctionnée pour ne pas avoir relevé ses objectifs comme l'espéraient les investisseurs. Bis repetita en mai et nouvelle chute. Ce manque de constance opérationnel, bien connu dans un secteur dépendant des calendriers de sorties et du succès des jeux AAA, intervient en parallèle de profonds bouleversements sectoriels qui permettent à des nouveaux entrants de concurrencer les grands studios, et d'une remise en cause profonde de la culture très masculine dans l'industrie en général et chez Ubisoft en particulier. PER 2023 de 20,6 fois.

Atos : un vilain petit canard

Nous avons déjà pas mal évoqué le cas Atos dans nos colonnes (voir notamment ici). L'action a rebondi récemment sur des rumeurs d'intérêts de fonds d'investissement pour l'entreprise. Cela n'empêche pas le titre de perdre 42% depuis le 1er janvier, quand Capgemini s'envole de 50% et Sopra de 29%. Le groupe n'a pas réussi à se transformer assez vite pour réorienter ses ressources vers les pans les plus prometteurs du conseil informatique. Il a aussi, il faut bien le dire, joué de malchance avec sa croissance externe internationale, comme en témoignent les soucis comptables identifiés aux Etats-Unis. Pour paraphraser un ancien président de la République Françaises, "les emmerdes, ça vole toujours en escadrille". D'ailleurs, Atos est la seule valeur du CAC40 à avoir révisé en baisse ses anticipations 2021 lors de la vague de résultats semestriels qui vient de s'achever. Pour couronner le tout, sa présence dans l'indice phare parisien pourrait être remise en cause, puisqu'elle ne représente plus que 0,21% de l'indice, selon les données Euronext. Quand rien ne va… PER 2023 de 12,7 fois.

Valeo : il n'y a pas loin du Capitole à la roche Tarpéienne

Quand vous demandiez à un analyste il y a une dizaine d'années de citer un must-have parmi les équipementiers automobiles, Valeo sortait presque à tous les coups. A juste titre d'ailleurs, puisque cela valut au titre de flirter avec les 68 EUR au début du mois de mai 2017. Il était parti de moins de 3 EUR au pire de l'année 2009. Le Français était présent sur toutes les thématiques avant-gardistes et les segments les plus rémunérateurs, auprès du haut du panier des constructeurs. Mais depuis 2017, rien ne va plus. Les attentes élevés ont été déçues et Valeo se traîne dans les bas-fonds des palmarès depuis lors. Il n'y a guère que Renault, dans le secteur, qui porte une croix plus lourde. Sur 5 ans, Valeo fait -44% dans l'indice européen STOXX Europe 600 de l'automobile gagne 50%. L'équipementier a perdu 23% depuis le 1er janvier. Qu'est-ce qui cloche ? Il y indéniablement un malentendu entre la société et le marché. Les objectifs de long terme n'ont pas encore été remis au goût du jour (ce pourrait être le cas début 2022 avec le nouveau management) et, contrairement à d'autres acteurs, l'entreprise n'a pas relevé ses prévisions. De surcroît, Valeo traîne comme un boulet la grosse coentreprise constituée avec Siemens en 2015 dans la propulsion électrique. Ce qui semblait être une idée à la fois avant-gardiste et judicieuse est devenue source d'inquiétude depuis que les constructeurs ont l'air d'avoir tous opté pour une réinternalisation des fonctions liées au véhicules électriques, pour en tirer le maximum de rentabilité. Il reste du chemin à parcours pour que la société restaure la confiance avec le marché, notamment les analystes sell-side dont les avis divergent largement sur la valeur de l'entreprise. PER 2023 de 7,3 fois.

Le parcours des six actions face au STOXX Europe 600