En général, j'aime trouver des sujets qui permettent de prendre un peu de hauteur pour expliquer certains rouages du marché financier. Ce n'est pas facile tous les jours. Il y en a un qui me travaille depuis quelques temps mais que j'abandonne systématiquement, parce que je ne suis pas totalement à l'aise avec : l'engouement des investisseurs particuliers aux Etats-Unis pour les valeurs en déconfiture. Le sujet est arrivé sur le devant de la scène avec la folle spéculation qui s'est emparée de Hertz, malgré sa faillite. Mais c'est aussi le cas sur d'autres entreprises en difficultés, comme Chesapeake ou J. C. Penney.

Ces titres ont connu des rebonds délirants (l'action Hertz a été multipliée par 15 en 9 séances), propulsés notamment par des comportements convergents d'investisseurs particuliers. Aux Etats-Unis, la plateforme Robinhood est de toutes les conversations pour avoir contribué à ce mouvement. Ce service simplissime permet d'acheter des actions plus vite que son ombre et sans frais. On achète du Hertz comme on parie sur un match de foot ou on commande des sushis. Et ça marche. Les utilisateurs de la plateforme sont bien plus jeunes que la moyenne des investisseurs habituels. Ils prennent généralement (mais pas que) des paris plus risqués. Et cette forme de trading social favorise les effets boule-de-neige. Si le sujet vous intéresse, une abondante littérature est parue récemment, car en parler en quelques lignes est forcément réducteur. 

En tout cas, la finance traditionnelle a tendance à s'offusquer de cet afflux de "dumb money", de l'argent investi par des "idiots", par opposition aux canaux rationnels habituels. Le goût pour les "penny stocks", ces actions qui ne valent pas grand-chose, n'est pourtant pas une nouveauté. Sur chaque marché dans le monde, des investisseurs particuliers se focalisent sur une poignée de titres dans lesquels ils croient avoir trouvé la poule aux œufs d'or. Mais tout va plus vite en 2020. Plus vite même que lorsque la bulle internet a commencé à gonfler, gonfler il y a plus de 20 ans. Si bien que les utilisateurs de Robinhood ou d'autres services ont fait de sacrées affaires depuis la fin du mois de mars, lorsque les marchés se sont brutalement retournés. Ça ne fait pas trop investisseur ce long terme, c'est sûr, mais les idiots nous saluent bien.

Les points de tension du jour sont la politique américaine (situation intérieure, livre de Bolton sur Trump), les relations internationales (USA / Chine et Chine / Inde) et la vigueur du coronavirus (notamment aux Etats-Unis). Les statistiques, principalement américaines, devraient poursuivre leur redressement, effet de base oblige, tandis que les deux banques centrales européennes les plus suivies hors BCE vont communiquer.

Le CAC40 perdait environ 0,4% à l'ouverture, à 4974 points.

Les temps forts économiques du jour

Les banques centrales sont à nouveau en première ligne aujourd'hui avec les décisions de politique monétaire de la Banque nationale suisse (9h30) et de la Banque d'Angleterre (13h00), au milieu desquelles s'intercale la publication du bulletin économique de la BCE (10h00). Aux Etats-Unis, l'agenda du jour comprend l'indice Philly Fed et les inscriptions hebdomadaires au chômage (14h30), puis l'indice des indicateurs avancés du Conference Board (16h00).

La paire euro / dollar évolue à 1,1254 USD. L'once d'or poursuit son surplace à 1727 USD. Le pétrole remonte légèrement, à 40,50 USD le Brent et à 37,57 USD le WTI. Le rendement de la dette américaine à 10 ans recule légèrement à 0,71%. Le Bitcoin se contracte légèrement à 9400 USD.

Les principaux changements de recommandations 

  • ASML : Liberum reste à l'achat avec un objectif de cours relevé de 320 à 350 EUR.
  • Atlas Copco : Berenberg passe d'acheter à conserver en visant 370 SEK.
  • Aena : J.P. Morgan passe de souspondérer à neutre en visant 136 EUR.
  • Autoliv : Jefferies reste à l'achat avec un objectif de cours relevé de 691 à 727 SEK.
  • Bank of Ireland : AlphaValue passe d'acheter à accumuler avec un objectif de cours ramené de 3,33 à 2,11 EUR.
  • Continental : Jefferies reste à l'achat avec un objectif de cours relevé de 90 à 105 EUR.
  • Daimler : Jefferies reste à l'achat avec un objectif de cours relevé de 40 à 46 EUR.
  • Faurecia : Jefferies reste à conserver avec un objectif de cours relevé de 30 à 34 EUR.
  • Groupe ADP : J.P. Morgan passe de neutre à souspondérer en visant 90 EUR.
  • GTT : Berenberg reste à l'achat avec un objectif de cours réduit de 100 à 98 EUR.
  • Infineon : Liberum reste à l'achat avec un objectif de cours relevé de 22 à 25 EUR.
  • Kingfisher : Jefferies reste à l'achat avec un objectif de cours relevé de 240 à 260 GBp.
  • Kuehne + Nagel : Bernstein passe de neutre à surperformance en visant 170 CHF.
  • Marks & Spencer : HSBC passe de conserver à acheter en visant 140 GBp.
  • Melexis : Liberum reste à l'achat avec un objectif de cours relevé de 65 à 74 EUR.
  • Sanofi : Goldman Sachs reste à l'achat avec un objectif de cours ajusté de 106 à 105 EUR.
  • Schaeffler : HSBC passe de conserver à acheter en visant 8 EUR.
  • Schroders : Goldman Sachs passe de neutre à vendre en visant 2330 GBp.
  • Taylor Wimpey : Jefferies passe d'acheter à conserver en visant 146 GBp.
  • Traton : Jefferies passe de conserver à acheter avec un objectif de cours ajusté de 25 à 23 EUR.
  • Valeo : Jefferies reste à sousperformance avec un objectif de cours relevé de 12 à 14,50 EUR.
  • Volkswagen : Jefferies reste à conserver avec un objectif de cours relevé de 115 à 135 EUR.
  • Volvo : Jefferies reste à l'achat avec un objectif de cours réduit de 190 à 160 SEK.
  • Zalando : J.P. Morgan reste neutre avec un objectif de cours relevé de 40 à 47 EUR. RBC reste acheteur avec un objectif de cours relevé de 68 à 73 EUR.

L’actualité des sociétés

En France

Hier, la Commission européenne a confirmé l'ouverture d'une enquête approfondie sur le rapprochement entre Peugeot et Fiat Chrysler. La crise sanitaire aura un gros impact sur les résultats 2020, prévient Vinci en amont de son assemblée générale. Les pièces de fuselage du dernier A380 qu'Airbus va assembler ont été livrées à Toulouse. La crise du coronavirus a généré un manque à gagner de 200 M€ pour La Française des Jeux. Elis améliore le profil de sa dette en décalant au 31 décembre 2021 son covenant bancaire. Le directoire d'Europcar resserré provisoirement à trois membres (Caroline Parot, Fabrizio Ruggiero, Olivier Baldassari) après le départ d'Albéric Chopelin. Icade signe avec Crédit Agricole CIB et Crédit Agricole de Paris et d'Ile-de-France une ligne de crédit revolving solidaire de 150 M€. Valneva et Bavarian Nordic annoncent un partenariat pour le marketing et la distribution de leurs vaccins. La FDA donne ses directives pour les essais de phase III de Nanobiotix avec NBTXR3. Deinove émet une 3e tranche d'1,5 M€ d'OCA. Novacyt lance trois nouveaux produits pour "soutenir les tests COVID-19". Genkyotex présente de nouvelles données de l'essai de phase II dans la CBP avec setanaxib. Delta Drone tire 1 M€ de valeur nominale d'ORNAN. Median Technologies communique sur une étude préliminaire porteuse avec iBiopsy. Augmentation de capital réservé chez Drone Volt. STMicroelectronics, Valneva, Enertime, NextStage, Linedata évoquent leurs assemblées générales respectives. Fnac Darty, Saint Jean Groupe et Munic communiquent sur leur activité. Téléverbier a publié ses comptes.

Dans le monde

Nokia préparerait un plan social portant sur 1000 à 1200 emplois en France, dans l'ancienne division Alcatel-Lucent, selon les informations de l'Agefi. La filiale française de TUI AG va supprimer 317 postes sur 904, voire jusqu'à 583 en fonction de l'avenir du réseau d'agences intégrées. Aux États-Unis, la chasse aux marques à connotation raciste pousse PepsiCo à renoncer à sa marque Aunt Jemina, tandis que Mars songe à renommer Uncle Ben's. Chez Nissan, les supporters du directeur général délégué, Ashwani Gupta, presseraient pour qu'il accède au rôle de codirecteur général en binôme avec Makoto Uchida, a appris Reuters. Sous la pression du gendarme boursier américain, Hertz a suspendu son projet d'augmentation de capital, controversé car proposé alors que la société est sous la protection de la loi des faillites. Les États-Unis quittent les négociations sur la taxe numérique, en reprochant le manque de volonté des Européens mais en n'estimant nécessaire la mise en place d'un dispositif international. Helvetia réalise un placement privé de 3,4 millions d'actions pour financer le rachat de Caser. JD.com est désormais coté à Hong Kong en plus de New York. Standard Chartered veut renforcer ses fonds propres en levant 1 Md$ sur le marché de la dette. Sunrise s'offre Wilmaa, pionnier de la web TV. The Swatch Group opère d'importants changements managériaux. 

Ça publie. National Grid, Kroger, Wirecard et Schroder.

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