Les marchés européens et Wall Street se sont assez nettement désolidarisés hier. Tous les indices du vieux continent ont fini en hausse, de 0,22% en Suisse à 1,3% en Italie. En cherchant bien, il y a quand même une exception pour confirmer la règle : Copenhague a perdu 0,7%, mais c'est pas vraiment du jeu : Novo Nordisk, l'ogre danois, a consolidé de 1,3% après s'être envolé de 17% la veille. Le poids du laboratoire (qui a d'ailleurs relevé ses prévisions ce matin) est plafonné dans l'indice OMX Copenhague, ce qui n'est pas une mauvaise chose dans la mesure où sa capitalisation est dix fois supérieure à celle de la seconde plus grosse société danoise, DSV. Hier, les échanges sur Novo ont été plus importants, en valeur, que la somme de tous les échanges sur les autres valeurs cotées au Danemark, selon mes calculs matinaux. Fin de l'excursus scandinave.

Plus globalement, les marchés européens se sont appuyés sur la vive hausse du secteur pétrolier après une accélération des cours de l'or noir et sur le rebond des bancaires au lendemain d'une vive baisse alimentée par la taxe surprise imposée par l'Italie sur les bénéfices de ses banques. Rome a mis un peu d'eau dans son Barbera en plafonnant les montants exigibles.

Aux Etats-Unis, les indices ont à l'inverse subi une seconde séance consécutive de baisse, en dépit là-bas aussi de la vive progression du compartiment pétrolier. Wall Street est toujours contrariée par les craintes de Moody's sur la solidité de certains maillons de la chaîne bancaire et par quelques petits autres tracas. Une étude mettant en avant le fait que les Américains ne se sont jamais autant servi de la fonction crédit de leur carte de paiement a apparemment contribué à noircir le tableau. Le marché se recroqueville aussi un peu avant la publication, à 14h30, des chiffres de l'inflation de juillet aux Etats-Unis, c’est-à-dire la statistique la plus attendue de la semaine. Les investisseurs espèrent que la décrue de l'inflation va se poursuivre, ce qui réduirait la perspective de voir la Fed continuer à relever ses taux. Ils sont même prêts à encaisser un petit regain de vigueur des prix à la consommation causé par une base de comparaison défavorable. Je m'explique.

L'inflation annuelle américaine a atteint 3% en juin. Elle devrait, selon les économistes, passer à 3,3% en juillet, ce qui marquerait une inflexion haussière après plusieurs mois de décrue. En revanche, la progression entre juin et juillet devrait se limiter à 0,2%, que ce soit en données brutes ou au niveau de la core inflation, l'inflation hors éléments volatils, comme la nourriture ou l'essence. Pourquoi la hausse annuelle va-t-elle passer de 3 à 3,3% ? Parce que juin 2022 a marqué le point haut du cycle inflationniste actuel. A l'époque, les prix étaient en hausse de 9,1% par rapport à juin 2021. A partir de là, la variation annuelle a commencé à chuter : 8,5% en juillet 2022, 8,3% en août 2022, etc. Juillet 2023 se compare donc à un moment où les hausses de prix ont commencé à décliner assez fort. Donc la base de comparaison est devenue plus difficile. En d'autres termes, les mois qui viennent risquent de voir l'inflation annuelle aux Etats-Unis rester durablement sur les niveaux actuels, voire accélérer ponctuellement. Par exemple, l'inflation est passée de 8,2% à 7,1% entre septembre et novembre 2022, ce qui offrira là encore une base de comparaison difficile. Que faut-il en retenir ? Que des soubresauts passagers des prix à la consommation ne devraient pas trop crisper la Fed, ni par ricochet les investisseurs. La configuration la plus défavorable serait une réaccélération plus importante et plus pérenne que prévu.

Pas mal d'actualités en ce jeudi, traditionnellement la journée la plus active de la semaine sur les marchés. Dans le volet politico-économique, les Etats-Unis ont imposé des restrictions à l'investissement des entreprises américaines en Chine. La mise au ban concerne des activités sensibles, comme les semiconducteurs, l'intelligence artificielle ou l'informatique quantique. Les commentateurs sont partagés : certains soulignent qu'ils s'attendaient à un panel d'activités plus large. Presque en même temps, le Financial Times explique qu'Alibaba, Tencent, Baidu et consorts ont commandé 5 Mds$ de puces à Nvidia pour nourrir leurs ambitions dans l'IA. Personnellement je ne comprends pas tout, hormis bien sûr que cette partie d'échecs se joue généralement sans l'Europe. L'Europe où l'on reparle de la hausse du prix du gaz, alors qu'une grève dure en Australie dans le secteur de l'énergie complique l'approvisionnement en GNL. Je passe du coq à l'Inde, où la banque centrale a maintenu le statu quo sur ses taux directeurs pour la troisième réunion de rang, conformément aux attentes.

Côté sociétés, il y a beaucoup de résultats en Europe ce matin, en particulier en Allemagne. La qualité des publications a d'ailleurs l'air au rendez-vous. Aux Etats-Unis, c'est Walt Disney qui a fait le show post-séance hier soir, avec des résultats mitigés mais compensés par l'annonce de vastes hausses de prix sur ses offres de streaming, ce qui semble avoir inversé le sentiment du marché vis-à-vis des chiffres : le titre gagnait un peu plus de 2% hors séance. Manifestement, les investisseurs ont aussi apprécié les promesses de baisses de coûts et l'impact (positif à ce stade) de la grève qui sévit à Hollywood : le géant a moins dépensé en financement de contenus, faute de production.

Sur les marchés dont les séances sont déjà bien avancées voire clôturées, le Japon enchaîne une troisième journée de hausse avec un Nikkei 225 à +0,7%. C'est plus compliqué en Chine après les annonces américaines, notamment à Hong Kong où le Hang Seng perd 1%. Le KOSPI coréen abandonne lui 0,3%, pendant que le SENSEX indien est à -0,6%. L'Australie s'en sort mieux grâce à sa forte exposition à l'énergie, qui permet à l'ASX200 de grappiller 0,1%. Les indicateurs avancés européens sont bien ancrés dans le vert, grâce au rebond que les futures américains préfigurent à ce stade. Le CAC40 a démarré la séance en hausse de 0,86% à 7385 points. 

Pour terminer sur une note musicale, hommage à Sixto Rodriguez, un chanteur américain au parcours torturé, après son décès : Crucify Your Mind.

Les temps forts économiques du jour

L'actualité macro tournera autour de l'inflation américaine de juillet et des inscriptions hebdomadaires au chômage (14h30). Tout l'agenda ici.

L'euro se négocie 1,0979 USD. L'once d'or recule à 1918 USD. Le pétrole reprend son ascension, avec un Brent de Mer du Nord à 87,35 USD le baril et un brut léger américain WTI à 83,77 USD. Le rendement de la dette américaine sur 10 ans atteint 4,02%. Le bitcoin s'échange autour de 29 560 USD.

Les principaux changements de recommandations

  • ABN Amro : Mediobanca passe de neutre à sous-performance avec un objectif de cours réduit de 16,90 à 15,40 EUR.
  • Abrdn : Morgan Stanley maintient sa recommandation sous-pondérer avec un objectif de cours réduit de 213 à 177 GBp.
  • Adecco : Goldman Sachs maintient sa recommandation neutre avec un objectif de cours relevé de 33 à 36,50 CHF.
  • Adyen : HSBC maintient sa recommandation à conserver avec un objectif de cours relevé de 1500 à 1650 EUR.
  • Ahold Delhaize : Morgan Stanley maintient sa recommandation surpondérer avec un objectif de cours réduit de 36 à 34 EUR.
  • AP Moller Maersk : BNP Paribas Exane maintient sa recommandation à surperformance avec un objectif de cours réduit de 21000 à 20000 DKK.
  • BMW : HSBC passe d'achat à conserver avec un objectif de cours réduit de 122 à 108 EUR.
  • Brenntag : Jefferies maintient sa recommandation à conserver avec un objectif de cours réduit de 73 à 71 EUR.
  • Burberry Group : Bernstein maintient sa recommandation à performance de marché avec un objectif de cours relevé de 2267 à 2333 GBp.
  • Christian Hansen : DNB Markets passe d'achat à conserver avec un objectif de cours réduit de 571 à 536 DKK.
  • CNH Industrial : Evercore ISI maintient sa recommandation à surperformance avec un objectif de cours réduit de 18 à 16 USD.
  • Coca-Cola Hellenic : Jefferies maintient son conseil à l'achat avec un objectif de cours réduit de 3000 à 2700 GBp.
  • Commerzbank : Goldman Sachs maintient sa recommandation neutre avec un objectif de cours relevé de 13,60 à 14,90 EUR.
  • Compagnie Financière Richemont : Bernstein maintient sa recommandation de performance de marché avec un objectif de cours réduit de 152 à 145 CHF.
  • Continental AG : Morningstar maintient son conseil d'achat avec un objectif de cours relevé de 159 à 162 EUR.
  • Delivery Hero : Credit Suisse maintient sa recommandation à surperformance avec un objectif de cours réduit de 94 à 85 EUR.
  • Embracer : JP Morgan maintient sa recommandation neutre avec un objectif de cours de 31 SEK.
  • Equinor : SpareBank 1 passe d'achat à neutre avec un objectif de cours maintenu à 370 NOK.
  • EssilorLuxottica : Bernstein maintient sa recommandation performance de marché avec un objectif de cours réduit de 193 à 187 EUR.
  • Fortum : Goldman Sachs maintient son conseil d'achat avec un objectif de cours réduit de 16,80 à 14,60 EUR.
  • Generali : DZ Bank maintient sa recommandation à conserver avec un objectif de cours relevé de 17,50 à 19 EUR.
  • Hermès International : Bernstein maintient sa recommandation performance de marché avec un objectif de cours relevé de 1819 à 2032 EUR. BNP Paribas Exane maintient sa recommandation neutre avec un objectif de cours relevé de 1950 à 2060 EUR.
  • Hexagon : Goldman Sachs maintient sa recommandation de vente avec un objectif de cours réduit de 105 à 100 SEK.
  • Holcim : Barclays maintient sa recommandation à pondération égale avec un objectif de cours relevé de 62 à 65 CHF.
  • Intesa Sanpaolo : DZ Bank maintient son conseil d'achat avec un objectif de cours réduit de 3,15 à 2,70 EUR.
  • Just Eat Takeaway : Goldman Sachs maintient sa recommandation neutre avec un objectif de cours relevé de 16 à 16,80 EUR.
  • Kering : Bernstein maintient sa recommandation à surperformance avec un objectif de cours réduit de 681 à 582 EUR.
  • La Française des Jeux : HSBC maintient sa recommandation à conserver avec un objectif de cours de 34 EUR.
  • LVMH : Bernstein maintient sa recommandation à surperformance avec un objectif de cours réduit de 999 à 953 EUR.
  • Mowi : DNB Markets maintient son conseil d'achat avec un objectif de cours réduit de 237 à 215 NOK.
  • Novo Nordisk : DZ Bank passe de conserver à vendre avec un objectif de cours relevé de 1030 à 1089 DKK.
  • Novozymes : Jefferies maintient sa recommandation à conserver avec un objectif de cours réduit de 380 à 370 DKK.
  • Remy Cointreau : BNP Paribas Exane passe de neutre à surperformance avec un objectif de cours relevé de 157 à 190 EUR.
  • Renault : HSBC maintient son conseil d'achat avec un objectif de cours relevé de 42 à 50 EUR.
  • Roche : Morgan Stanley maintient sa recommandation pondération en ligne avec un objectif de cours réduit de 310 à 305 CHF.
  • Sage : Goldman Sachs maintient sa recommandation neutre avec un objectif de cours relevé de 970 à 980 GBp.
  • Salmar : DNB Markets maintient son conseil d'achat avec un objectif de cours réduit de 565 à 520 NOK.
  • Sampo : SEB Bank maintient son conseil à l'achat avec un objectif de cours relevé de 49 à 50 EUR.
  • Siemens Energy : HSBC maintient son conseil à l'achat avec un objectif de cours réduit de 19 à 18 EUR.
  • Sika : Morgan Stanley maintient sa recommandation surpondérer avec un objectif de cours réduit de 315 à 308 CHF.
  • Stellantis : HSBC maintient son conseil à l'achat avec un objectif de cours relevé de 21 à 24 EUR.
  • Swatch Group : Bernstein maintient sa recommandation à surperformance avec un objectif de cours réduit de 374 à 359 CHF.
  • Temenos : Goldman Sachs maintient sa recommandation neutre avec un objectif de cours relevé de 68 à 70 CHF.
  • Vestas : ABG Sundal Collier maintient sa recommandation à conserver avec un objectif de cours réduit de 200 à 180 DKK.
  • Voestalpine : Deutsche Bank maintient son conseil d'achat avec un objectif de cours réduit de 41 à 40 EUR.
  • Volvo Car : HSBC maintient sa recommandation à conserver avec un objectif de cours relevé de 42 à 46 SEK.

En France

Annonces importantes (et moins importantes)

  • Alstom décroche une commande de 60 rames de train dans le Connecticut pour 285 M€.
  • Elles ont publié / Elles doivent publier : Coface, Viel, SII

Dans le monde

Résultats des entreprises (les commentaires sont donnés à chaud et ne préjugent pas de l'évolution des titres)

  • Allianz affiche un bénéfice net en hausse au premier semestre.
  • Antofagasta améliore ses résultats.
  • Deliveroo relève ses prévisions de résultats malgré la baisse des commandes.
  • Deutsche Telekom relève à nouveau légèrement ses prévisions pour 2023.
  • Generali dépasse le consensus au premier semestre grâce au segment non-vie.
  • Grenke abaisse ses prévisions.
  • Hapag-Lloyd constate une hausse de la demande récente et une reprise du fret.
  • KBC améliore ses résultats intermédiaires et confirme ses prévisions.
  • MorphoSys réduit ses pertes plus que prévu.
  • Novo Nordisk revoit à la hausse ses prévisions pour l'année, en raison de l'explosion de la demande pour le Wegovy,son médicament amaigrissant.
  • Illumina réduit ses prévisions en raison de la persistance des problèmes de financement dans le secteur de la biotechnologie.
  • ISS affiche une croissance plus forte que prévu au deuxième trimestre, mais la France souffre.
  • Siemens AG renoue avec les bénéfices au troisième trimestre.
  • Sony en baisse à Tokyo après des résultats mal accueillis.
  • ThyssenKrupp vise le haut de la fourchette de ses prévisions de bénéfices d'exploitation.
  • Walt Disney gagne 2,2% hors séance après des résultats pourtant mitigés, tout en annonçant des hausses de tarifs.

Annonces importantes (et moins importantes)

  • Tapestry, le propriétaire de Coach, est sur le point de conclure un accord pour acheter Capri Holdings, le propriétaire de Michael Kors, a rapporté le Wall Street Journal.
  • Les banques italiennes se sont redressées mardi, après la décision du gouvernement Meloni de mettre un plafond à la taxe sur leurs "surprofits".
  • La Cour suprême américaine accorde un répit aux règles de paiement de l'App Store d'Apple, alors qu'Epic demandait l'application immédiate du jugement remporté en appel.
  • Ahold Delhaize envisage toujours d'introduire sa filiale Bol.com en bourse.
  • Meta ajoute de nouvelles fonctionnalités à Threads après que plus de la moitié des utilisateurs ont quitté l'application.
  • Saipem remporte un contrat de services gaziers d'un milliard de dollars dans l'offshore libyen.
  • Eli Lilly boucle l'acquisition de DICE Therapeutics (48 USD par action).
  • Regeneron Pharmaceuticals va racheter acquérir Decibel Therapeutics à 4 USD par action.
  • Le médicament de Roche contre le cancer du poumon obtient l'approbation de la FDA américaine.
  • Rheinmetall confirme l'achat de 30 chars de combat pour soutenir l'Ukraine.
  • RWE quadruple ses investissements à 9 Mds€ au S1, dont 6,3 Mds€ consacrés au rachat des activités renouvelables de l'américain Consolidated Edison.
  • Le fabricant chinois d'appareils électroménagers Midea étudie la possibilité d'une cotation à Hong Kong.
  • Verizon augmente à nouveau ses prix.
  • Les actionnaires dissidents de GAM retirent leurs propositions de l'AG.
  • Chevron et Woodside en pourparlers pour éviter les grèves dans les installations de GNL en Australie.
  • La note crédit d'American Airlines relevée à B1 de B2, avec une perspective stable par Moody's.
  • Ontex va vendre ses activités en Algérie à Hygianis.
  • CVC Capital Partners envisage d'introduire en bourse le détaillant allemand de parfums et de cosmétiques Douglas, sur la base d'une valorisation de 7 Mds€, selon plusieurs sources.
  • Les principales publications du jour : Alibaba, Tokyo Electron, The Trade Desk, Rheinmetall, Unipolsai, ThyssenKrupp, HelloFresh, Unipol, ISS, CompuGroupTout l'agenda ici.

Lectures