PARIS, 19 novembre (Reuters) - L'achat de dettes souveraines par la Banque centrale européenne aurait un impact macroéconomique positif mais Francfort ne prendra une telle décision que si les Européens prennent leurs responsabilités, a déclaré mercredi le ministre français de l'Economie, Emmanuel Macron.

"Aujourd'hui, il n'y a pas de consensus au sein du conseil des gouverneurs", a-t-il dit lors d'une audition au Sénat. "Ma conviction profonde, c'est que Mario Draghi réfléchit à ça, qu'il y a aujourd'hui une prise de conscience croissante qu'il y a un besoin de demande au sein de la zone euro et donc un besoin d'un choc macroéconomique qui soit d'une autre nature que ce qu'on envisage."

Le président de la BCE, Mario Draghi, a promis de faire "tout ce qu'il faut" pour stabiliser la zone euro.

Les mesures non conventionnelles que la BCE se tient prête à mettre en oeuvre si nécessaire pourraient inclure le rachat d'obligations d'Etat, autrement dit de l'assouplissement quantitatif ("quantitative easing" ou "QE") comme il se pratique aux Etats-Unis ou au Japon, a-t-il déclaré lundi.

Aux Etats de mériter un tel programme, estime Emmanuel Macron.

"Ma conviction, c'est qu'on arrivera à déclencher cela non pas en le demandant avec force, en mettant sous pression la BCE, mais en créant les conditions politiques pour que la BCE puisse décider de la sorte", a-t-il dit.

"C'est-à-dire : la France en faisant ses réformes et en montrant qu'elle construit elle-même son avenir économique et politique, et l'Europe en prenant ses responsabilités et donc en trouvant un compromis politique sur un vrai plan d'investissements."

"Si les Etats continuent à montrer qu'ils manquent de leadership, qu'ils ne veulent pas se décider et qu'ils ne se mettent pas d'accord, la BCE considérera très vraisemblablement que les conditions politiques de son intervention ne sont pas réunies", a poursuivi Emmanuel Macron. (Jean-Baptiste Vey, édité par Patrick Vignal)