C'est l'arrivée impromptue de François Pinault dans la chasse gardée de Bernard Arnault, le luxe, qui a déclenché les hostilités. François Pinault, alors propriétaire de La Redoute, du Printemps et de Conforama, prend, en 1999, 42% de Gucci, dont le PDG de LVMH détenait 34%. « Il parait que La Redoute entre dans le luxe », ironise alors Bernard Arnault.

Le patron de PPR en rajoute une couche en rachetant peu après Yves Saint Laurent, que convoitait également Arnault. A l'issue de plus de deux ans de procédures juridiques, Pinault finit par racheter à Arnault ses parts dans Gucci, générant au passage une jolie plus-value en faveur du patron de LVMH.

Outre le luxe, les deux industriels s'affrontent sur de nombreux secteurs, dans la presse, notamment. François-Henri Pinault, fils de François, mais aussi Patricia Barbizet, directrice du holding familial Artemis, et Serge Weinberg, ancien président du groupe PPR, figurent parmi les signataires d'une pétition dénonçant le rachat du quotidien Les Echos par ... Bernard Arnault.

Des rivalités dans tous les domaines
Sur le terrain de l'art, les deux hommes se livrent à une surenchère impressionnante. François Pinault est propriétaire de Christie's et possède l'une des collections d'art contemporain les plus complètes. Un projet de fondation regroupant sa collection a failli voir le jour à Boulogne-Billancourt (92), en lieu et place de l'ancienne usine Renault, sur l'Ile Seguin. Ses œuvres devraient finalement échouer à Venise.

Pour sa part, Bernard Arnault veut faire du mécénat « un axe stratégique de développement ». L'exposition « Picasso et les maîtres », actuellement visible à paris, bénéficie ainsi du mécénat de LVMH. Le groupe a notamment contribué à la restauration du musée Correr à Venise, de cinq salles de l'aile nord du château de Versailles, ou encore des jardins du Palais-Royal à Paris. En attendant l'ouverture prochaine de la Fondation Louis Vuitton pour la création, qui verra le jour au Jardin d'acclimatation.

Bernard Arnault expliquait il y a quelques jours au Figaro (10/01) que ce projet sera « un carrefour inédit de rencontre entre le grand public et les artistes, un lieu où la passion de l'art et de la création s'exprimera à chaque instant ».