Le distributeur engagé dans un vaste plan de transformation à cinq ans visant à retrouver sa compétitivité en France et à concurrencer les spécialistes du e-commerce, Amazon en tête, a vu son résultat opérationnel courant (ROC) progresser de 3,5% à taux de changes constants à 618 millions d'euros, sur des ventes en hausse de 3,5% en données comparables, à 38,8 milliards.

Sa marge opérationnelle a augmenté de 6 points de base à 1,8% du chiffre d'affaires.

En France, grâce à d'importantes réductions de coûts, le résultat opérationnel courant a augmenté de 5,3% à 116 millions au premier semestre, pour une marge de 0,7% sur des ventes en hausse de 0,8% en données comparables (+0,7% sur le seul deuxième trimestre).

Son concurrent Casino a lui aussi vu ses ventes progresser en France de 0,7% entre avril et juin.

Les chiffres de Carrefour témoignent d'une performance "encourageante", a déclaré aux analystes son PDG Alexandre Bompard, mettant en avant la "solidité d'exécution du plan de transformation du groupe".

Surveillés à la loupe, les hypermarchés français ont toutefois vu leurs ventes reculer de 1,1% au deuxième trimestre alors qu'elles étaient restées stables au premier.

Ce recul s'explique, selon le groupe, par les baisses de prix opérées dans ces magasins, baisses qui commencent par peser sur les ventes avant d'entraîner, dans un deuxième temps, une croissance du trafic - et des volumes - dans les magasins.

Ils ont aussi pâti de la réduction des surfaces dédiées aux produits non alimentaires déficitaires, dont la baisse a encore atteint 7% au 2e trimestre, concurrencé par les spécialistes du e-commerce.

A l'inverse, les autres formats ont signé de robustes progressions, les supermarchés prenant 2,5% sur le trimestre et les magasins de proximité 2,7%.

Mais pour Carrefour, un retour à une dynamique durablement positive dans ces très grands formats reste crucial. Ils comptent pour près du quart du chiffre d'affaires du distributeur et plombent les résultats depuis des années.

"Nous ne sommes pas là où nous souhaitons être en France", a reconnu Alexandre Bompard, ajoutant que les investissements allaient se poursuivre au deuxième semestre dans l'attractivité des enseignes.

Après les économies liées aux suppressions d'effectifs en France, en Argentine et en Belgique, à la cession des ex-magasins Dia déficitaires ou à la rationalisation de ses achats non marchands, Carrefour mise maintenant sur les effets de son alliance dans les achats avec Système U et Tesco.

Les économies ont atteint 470 millions d'euros au premier semestre pour totaliser à ce jour 1,4 milliard d'euros et Carrefour estime être en bonne voie pour atteindre les 2,8 milliards prévus d'ici à 2020.

Sorti de la déflation alimentaire, le Brésil a engrangé un résultat opérationnel en hausse de 19,2% grâce au succès des formats de semi-gros Atacadao, tandis les résultats ont chuté de 21,6% en Europe, plombés surtout par un marché italien difficile.

Après des années de pertes, le distributeur a jeté l'éponge en Chine faute d'avoir pu s'adapter à la très rapide bascule de la distribution alimentaire chinoise dans le e-commerce.

Tous les objectifs 2020 et 2022 en matière d'économies, de e-commerce, de bio et de cessions d'actifs non stratégiques ont été confirmés.

En Bourse, le titre Carrefour a fini à 18,02 euros jeudi, signant une progression de 20,86% depuis le début de l'année.

(Pascale Denis, édité par Jean-Michel Bélot)

par Pascale Denis