Le 8 août, en une seule séance, les fonds de nos deux barons, largement exposés sur les titres des grandes banques de Wall Street, ont vu leur cours dégringoler : de 8,8% pour Fairholme Fund et de 11% pour Legg Mason Capital Management Opportunity Trust. Leur performance depuis le début de l’année n’a rien de réconfortant, avec des pertes de respectivement 28% et 36%, alors que l’indice de référence, le S&P 500, n’a lâché « que » 10%.

Depuis début juillet, l’indice composite des banques américaines, le KBW, chute de 24%, ce qui porte sa perte annuelle à 28,2%. Aucune des grandes banques yankee n’est épargnée : Bank of America dévisse de 47% depuis le 1er janvier, Citigroup de 38,5%, Morgan Stanley de 37,9% et Goldman Sachs de 32,2%. Elles pâtissent manifestement de l’indigence de la reprise, marquée par un marché immobilier très morose et la faiblesse des taux d’intérêt, qui ronge leur rentabilité.

Bruce Berkowitz, grand défenseur des valeurs financières, a du souci à se faire. Son fonds Fairholme Capital (14,7 milliards de dollars d’actifs) est en effet exposé à hauteur de 74% sur elles, notamment Bank of America, Citigroup et AIG. La situation de BoA est ainsi particulièrement tendue, après la publication d’une perte de 8,8 milliards de dollars au deuxième trimestre. Celle de Citigroup, qui vient d’aligner six trimestres consécutifs de rentabilité, est en revanche plus enviable.

Bill Miller, connu pour avoir surperformé le S&P 500 pendant 15 ans (de 1990 à 2005), est moins exposé sur les financières que son collègue, à hauteur de 32%. Mais il juge désastreuse la perte par les Etats-Unis de son triple A, une décision de Standard & Poor’s qu’il juge infondée et prise dans l’opacité la plus totale. Il appelle ainsi de ses vœux la fin de l’oligopole des agences de notation, sans quoi une nouvelle crise financière a toutes les chances de réapparaître.

Vikram Pandit, patron de Citigroup, considère pourtant qu’il y a « peu de similitudes entre la situation de 2008 et celle d’aujourd’hui, qu’il s’agisse des origines de la crise ou de ses implications ». On aimerait le croire, mais le plongeon des valeurs financières, des deux côtés de l’Atlantique, fait craindre le pire, et notamment que les banques n’aient pas réglé tous les problèmes mis à jour à y a trois ans. « Le modèle consistant à acheter des financières quand elles baissent ne marche plus », constate d’ailleurs un analyste cité par Bloomberg.