« Je suis très triste de vous dire que je viens d’être limogée au téléphone par le président du conseil d’administration de Yahoo! ». C’est par ce mail lapidaire que les salariés du moteur de recherche ont appris l’éviction de leur PDG, après deux années et demie d’une présidence tumultueuse. Ultime cruauté des marchés, le titre Yahoo! a immédiatement bondi de plus de 6% hier dans les transactions d’après-Bourse.

Pendant son mandat, Carol Bartz n’aura pas réussi à freiner le déclin du site, inéluctablement distancé par Google d’abord, et les réseaux sociaux type Facebook ensuite. Le nombre de minutes passées sur le moteur de recherche par les internautes américains a ainsi dégringolé de 33% pendant sa présidence, tandis que le cours de l’action s’est péniblement stabilisé.

Pourtant, rien au cours des derniers mois ne laissait présager une telle issue. Notre baronne, classée 37ème femme la plus puissante du monde par Forbes il y a 15 jours, avait en effet été confortablement réélue à son poste lors de l’assemblée générale de juin dernier, obtenant 80% de suffrages favorables.

De fait, son programme de réduction de coûts, assorti de nombreuses suppressions de postes, avait un temps calmé les marchés, d’autant que les bénéfices continuaient de progresser. Mais c’était l’arbre qui cachait la forêt. Avec des revenus en baisse et une part de marché attendue au niveau le plus bas de son histoire en 2011 (13,1%), son sort était scellé dans les coulisses du conseil d’administration.

Carol Bartz est le deuxième patron évincé brutalement par Yahoo!, qui avait limogé son prédécesseur Jerry Yang, cofondateur du groupe, début 2009, soit quelques mois après son refus d’accepter une offre lucrative de la part de Microsoft. Autre temps, mêmes remèdes !

Le patron du conseil, Roy Bostock, a nommé le directeur financier Timothy Morse à la place de Bartz, le temps de lui trouver un véritable remplaçant, qui aura pour (délicate) mission de « remettre Yahoo! sur le chemin d’une robuste croissance et à la pointe de l’innovation ». Des sociétés de chasseurs de tête ont été mandatées pour identifier et séduire le candidat idoine.