par Chris Gallagher
FUKUOKA, Japon, 9 juin (Reuters) - Le ministre français des
Finances, Bruno Le Maire, a réaffirmé dimanche qu'il était
"essentiel" à ses yeux que Renault et Nissan
renforcent leur alliance au moment où l'industrie automobile
subit l'une des plus importantes mutations de son histoire avec
le développement des véhicules électriques et connectés.
S'exprimant à l'issue d'une réunion des ministres des
Finances du G20 à Fukuoka, dans le sud du Japon, Bruno Le Maire
a estimé que les synergies dégagées par Renault et son
partenaire Nissan contribueraient à ce que les deux groupes
soient dans le peloton de tête de cette révolution technologique
du 21e siècle.
"L'objectif de l'Etat français (....) a toujours été depuis
le début de renforcer l'alliance entre Renault et Nissan.
(...)", a-t-il déclaré à la presse.
"Il est essentiel, non seulement de préserver, mais de
renforcer cette alliance. (...)", a-t-il ajouté en précisant que
les modalités de ce renforcement relevaient des dirigeants de
Renault et Nissan.
"Quand nous regardons ces 20 dernières années, nous voyons
que cette qualité de Renault a été renforcée par le partenariat
avec Nissan dans le cadre de l'alliance qui a été mise en place
il y a 20 ans", a-t-il souligné.
Dans un entretien accordé la veille à l'Agence France
Presse, le ministre de l'Economie avait déclaré que l'Etat
français était prêt à réduire sa participation de 15% dans le
groupe au losange afin de conforter l'alliance avec Nissan.
.
Ces déclarations interviennent quelques jours après
l'annonce du retrait par Fiat Chrysler (FCA) d'une
offre de fusion de 30 milliards d'euros avec Renault, le
constructeur italo-américain jugeant que les "conditions
politiques en France" n'étaient pas réunies.
L'Etat français, principal actionnaire de Renault, avait
accueilli favorablement cette offre mais avait demandé à FCA une
série de garanties portant notamment sur le maintien des usines
et de centres de décision en France ainsi que sur la
gouvernance.
Bruno Le Maire n'a pas précisé s'il discuterait du sujet de
la participation de l'Etat dans Renault avec ses homologues
japonais lors d'une visite à Tokyo lundi.
"C'est un horizon de long terme. Pour le moment, il est sage
de s'en tenir à l'horizon de court et de moyen terme", a-t-il
observé, en précisant que le renforcement de l'alliance était la
première étape de court terme avant une éventuelle consolidation
ou fusion industrielle, "priorité de moyen terme".
"Il y aura nécessité de consolidation industrielle", a dit
le ministre. "Ça ne peut être que la deuxième étape après ce
renforcement de l'alliance", a dit Bruno Le Maire.
"Il va de soi que s'il y a un projet de consolidation et
notamment de fusion, (...) il faut que les deux partenaires
soient d'accord. C'est un respect de notre part du partenaire
japonais, un respect de Nissan, de dire que si nous nous
engageons dans cette fusion, dans un projet de consolidation, il
est bon que les deux partenaires, Renault comme Nissan soient
pleinement associés et engagés (...)", a-t-il ajouté.
La visite de Le Maire au Japon intervient dans une période
de relations tendues entre Renault et Nissan, après
l'arrestation de l'ancien patron et architecte de l'alliance,
Carlos Ghosn, en novembre dernier.
L'Etat français a indiqué cette semaine qu'il déposerait une
plainte, après les conclusions d'un audit de Renault mettant en
cause la gestion d'une filiale néerlandaise de Renault-Nissan,
RNBV, et des dépenses engagées par cette société à hauteur de 11
millions d'euros.
Dans ce montant figurent le surcoût de déplacements en avion
et d'autres dépenses de l'ex-PDG de Renault-Nissan, Carlos
Ghosn, ainsi que des dons à des organismes à but non lucratif.
Dans un communiqué, les avocats français de Carlos Ghosn se
disent surpris par cette décision de l'Etat sans que le
principal intéressé puisse fournir sa version.
"Monsieur Ghosn a déjà exprimé sa détermination de fournir
tous les éclairages nécessaires, pour autant que l’on prenne la
peine de lui permettre de s’exprimer", écrivent-t-il dans un
communiqué diffusé dimanche.
Bruno Le Maire se rendra lundi à Tokyo pour rencontrer des
chefs d'entreprise et des responsables gouvernementaux, dont le
ministre des Finances, Taro Aso.
(Avec Danielle Rouquié à Paris; Jean-Michel Bélot pour le
service français)
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