PARIS (Reuters) - Thales grimpe mardi à la Bourse de Paris pour toucher un plus haut historique après avoir dévoilé un résultat opérationnel pour 2023 supérieur à deux milliards d'euros, une première depuis 2019 et la crise sanitaire du COVID.

Le résultat avant intérêts et impôts (Ebit) du groupe français d'équipements de défense a progressé l'an dernier de 10,9% en données organiques pour atteindre 2,132 milliards d'euros - un record.

A la Bourse de Paris, l'action Thales grimpe de 7,08% à 148,15 euros à 10h10, de loin la plus forte hausse du CAC 40, en repli de 0,23% au même moment.

La valeur, qui a touché un plus haut historique à 149,05 euros, signe sa plus forte progression journalière en un an.

Le chiffre d'affaires annuel de Thales a progressé de 7,9% à 18,4 milliards d'euros, sous l'effet du rebond du marché de l'aéronautique civil qui a compensé l'impact des pressions concurrentielles dans l'activité aérospatiale.

La marge opérationnelle a gagné 0,6 point de pourcentage pour grimper à 11,6% et les prises de commandes ont été légèrement supérieures à 2022, à 23,132 milliards d'euros.

"Les résultats de Thales pour 2023 sont au-dessus du consensus pour la plupart des indications, en particulier dans les prises de commandes dans la défense et sur le flux de trésorerie disponible", soulignent dans une note les analystes de Berenberg.

PLAN "D'ADAPTATION" DANS L'AÉROSPATIALE

Pour 2024, l'équipementier pour l'aérospatiale, la défense et la sécurité anticipe une croissance organique de son chiffre d'affaires comprise entre 4% et 6% pour s'établir entre 19,7 milliards et 20,1 milliards d'euros.

Il dit s'attendre à une marge opérationnelle comprise entre 11,7% et 12%, et à ce que les nouvelles commandes dépassent à nouveau son chiffre d'affaires.

Thales a parallèlement annoncé un "projet d'adaptation" de Thales Alenia Space, avec environ 1.300 postes concernés - dont 1.000 en France - qui seront redéployés à travers le groupe, citant une "demande structurellement plus faible" dans l'activité des télécommunications commerciales.

Le PDG du groupe, Patrice Caine, a déclaré qu'il n'y aurait aucun départ forcé, Thales voulant conserver ses talents. La décision, a-t-il dit, a été prise alors que le marché pour les grands satellites en orbite géostationnaire représente désormais environ 10 unités par an, contre une vingtaine par an jadis.

"Il n'y a pas de mystère", a dit Patrice Caine à des journalistes. "Le marché a été plus ou moins divisé par deux (...) Nous devons nous réadapter", a-t-il ajouté, précisant qu'environ un tiers de l'activité de Thales Alenia Space était affecté - l'équivalent de 700 millions d'euros en chiffre d'affaires, ou de 4% du total du groupe, a-t-il dit.

PAS DE CHANGEMENT SUR ATOS

Cette annonce intervient après qu'Airbus a fait état le mois dernier d'une nouvelle charge de 200 millions d'euros dans son activité aérospatiale, dans un contexte de concurrence accrue avec un éventail de petits satellites.

A la question de savoir si Thales pourrait finalement s'intéresser à l'activité BDS (Big Security & Data) d'Atos, du fait de la nouvelle incertitude sur l'avenir de l'entreprise, Patrice Caine a répondu: "Notre position est inchangée depuis des mois et des mois".

Notant que Thales avait récemment effectué plusieurs acquisitions, dont celle de la firme américaine de cybersécurité Imperva, il a déclaré que Thales "se concentre sur ces sujets-là, donc pas de changement".

Atos a déclaré en janvier qu'Airbus avait transmis une offre non engageante pour le rachat de l'activité BDS avec une valeur d'entreprise entre 1,5 milliard et 1,8 milliard d'euros.

(Reportage de Tim Hepher; version française Jean Terzian et Blandine Hénault, édité par Zhifan Liu)

par Tim Hepher