Moncler, qui est devenu une coqueluche de l'industrie du luxe au cours des dernières années après avoir fait peau neuve sous la direction de Remo Ruffini, a longtemps été considéré par le marché comme une cible potentielle de rachat par de grands acteurs étrangers.
Et comme les marques haut de gamme ont subi une pression intense avec la crise déclenchée par la pandémie de coronavirus qui a décimé la demande et exposé la dépendance du secteur aux touristes chinois, elles sont obligées de trouver de nouvelles façons de gagner des clients.
"C'est le bon moment, car dans une période aussi difficile, cela souligne la résilience de l'Italie", a déclaré Remo Ruffini, directeur général de Moncler, lors d'une conférence téléphonique avec des analystes lundi.
Une personne proche de l'opération a déclaré qu'elle pourrait marquer la première étape vers la création d'un pôle de luxe italien dans un secteur dominé par les conglomérats de luxe français LVMH et Kering, qui ont racheté une série de marques italiennes familiales ces dernières années.
Luca Solca, analyste chez Bernstein, a vu dans l'acquisition en actions et en espèces de Stone Island, la toute première acquisition de Moncler, un "chapitre 2" pour le fabricant de vestes bouffantes, annonçant la création possible d'un groupe multimarques.
La marque Moncler a été créée en 1952 dans un village des montagnes près de Grenoble, en se concentrant sur les vêtements de sport de montagne. Ruffini a racheté le label en difficulté en 2003 et a transformé ses vestes en peluche en symboles de luxe.
Moncler, que Ruffini a introduit en bourse en 2013, a une valeur marchande de 11 milliards d'euros et a réalisé l'année dernière un chiffre d'affaires de 1,6 milliard d'euros, avant un gros ralentissement causé par la pandémie.
Le style streetwear et sportif haut de gamme de Stone Island est populaire auprès des acheteurs de la génération Z qui sont considérés comme le moteur de la croissance future du secteur du luxe. Elle est connue en Italie et en Europe, mais manque de présence sur le marché clé qu'est la Chine et aux États-Unis.
Les consommateurs chinois devraient représenter près de la moitié des achats mondiaux de produits de luxe d'ici 2025.
Le label, dont le point d'entrée est plus bas que celui de Moncler, a connu une croissance à deux chiffres de son chiffre d'affaires ces dernières années et prévoit une hausse de 1% de ses ventes à près de 240 millions d'euros en 2020 - ce qui n'est pas un mince exploit dans une année où les ventes mondiales de produits de luxe devraient baisser de 23% en moyenne.
"Cela me rappelle beaucoup ce qu'était Moncler il y a 10 ans, je crois qu'il a un grand potentiel de croissance", a déclaré Ruffini, qui vise à doubler les ventes de Stone Island en 5 ans.
Les actions de Moncler étaient en hausse de 4% à Milan à 1220 GMT après l'annonce de l'accord, qui verra Moncler acheter un peu plus de 50% de la marque de vêtements d'extérieur Stone Island au propriétaire et PDG Carlo Rivetti et 19,9% supplémentaires à d'autres membres de la famille.
Moncler paiera la moitié en espèces et l'autre moitié en actions pour Stone Island, donnant à la famille Rivetti 10,7 millions de nouvelles actions Moncler au prix fixé de 37,51 euros par action.
L'objectif est ensuite de racheter les 30 % restants détenus par l'investisseur public singapourien Temasek, qui possède une petite participation dans Moncler.
L'opération devrait être conclue d'ici le premier semestre de 2021.
Moncler a été conseillé par Citi et Stone Island par Rothschild. (1 $ = 0,8249 euros)
