Pour compenser l’injection publique de 20 milliards de livres dans la prestigieuse Lloyds début 2010, la Commission européenne a imposé à l’établissement de céder 600 agences bancaires. Le gouvernement britannique, intéressé par un surcroît de concurrence dans ce secteur, soutient la démarche et attend les offres de pied ferme.

Celle de Richard Branson n’a pas tardé. Depuis que sa plateforme financière, Virgin Money, est devenue formellement une banque (via le rachat de Church House Trust, petite banque de l’ouest de l’Angleterre, pour 12 millions de livres en janvier 2010), il peut en effet prétendre à plus, voire beaucoup plus. De fait, les agences à vendre de la Lloyds représentent 5% des comptes courants outre-Manche, ce qui n’est pas rien.

Branson a annoncé qu’une offre officielle avait été déposée devant les autorités, et qu’une enveloppe de 3 milliards de livres serait constituée avant la fin juillet, échéance de la vente des agences de la Lloyds. Ce montant est dans le haut de la fourchette de prix attendue. Ce qui fait dire à notre toujours optimiste baron que « la transaction pourrait se dérouler sans difficultés ».

S’il dit ne pas avoir peur de la concurrence, cette dernière existe pourtant. Sur les rangs, outre Virgin Money, on trouve ainsi la start-up NBNK, fondée par des pontes de la City, dont lord Peter Levene, la National Australia Bank, ainsi que d’hypothétiques groupes étrangers. Les autres grandes banques britanniques ne peuvent candidater, au nom de la sacrosainte concurrence.

Pour se démarquer de ces prétendants, Richard Branson a usé de son éternelle faconde, proposant simplement d’apporter « un peu de glamour » dans le très formel univers de la finance. A l’heure où le maître mot pour caractériser les relations entre les banques et les usagers est la défiance, la présence de Virgin pourrait effectivement renouer un fil profondément distendu depuis la crise financière. Wait and see.