En septembre 2007, lorsque le prêteur britannique Northern Rock a sombré corps et biens, Wilbur Ross était déjà prêt à s’allier à Virgin Money et Richard Branson pour racheter l’établissement. Jusqu’à ce que le gouvernement britannique décide de le nationaliser, repoussant donc le projet à plus tard. En avril 2010, le milliardaire américain a pris une participation de 21% dans la banque de Sir Richard, pour 100 millions de livres, un investissement qu’il n’a jamais regretté, se réjouissant chaque jour de l’excellente notoriété de Virgin Money.

Alors quand Londres a enfin décidé de céder la Northern Rock, pour récupérer une partie des 1,4 milliard de livres de fonds publics injectés, Wilbur Ross ne s’est pas fait prier pour remettre le couvert avec son partenaire britannique. Pour 747 millions de livres, Virgin Money a finalement mis la main sur sa cible, avec un tiers de l’enveloppe apporté par Wilbur Ross. La somme pourrait toutefois monter jusqu’à 1 milliard de livres au total, ce qui n’empêchera pas l’Etat d’essuyer une perte dans cette transaction.

Notre baron américain, à la tête du véhicule d’investissement WL Ross & Co, a bâti sa réputation sur la reprise de sociétés en faillite. C’est pourquoi le secteur financier britannique, dans la foulée de la crise des subprimes, l’a tout de suite intéressé. Recapitalisée, amincie (3 000 licenciements en 3 ans) et scindée en deux parties, dont une « bad bank » restée à la charge de l’Etat, la Northern Rock et ses 1 millions de clients ne ressemble pourtant plus que de très loin au cancre de la fin 2007.

Small is beautiful !
Mais Wilbur Ross voit plus loin et inscrit son investissement dans une stratégie plus fine. Selon lui, Virgin Money, forte de ses désormais 3 millions de clients, a la taille idéale pour profiter des déconvenues à venir du côté du « big four » britannique, à savoir HSBC, Barclays, Lloyds, RBS. Ces dernières vont en effet se voir douloureusement impactées par les futures réformes du système financier, celle des normes comptables notamment, en leur imposant plus de fonds propres et moins de prise de risques sur les marchés.

Le profil de Virgin Money lui apparait donc idéal : un canal Internet éprouvé et apprécié par la clientèle et pas d’activités de marché douteuses. Wilbur Ross est ainsi persuadé que la banque de Branson est taillée pour profiter du déclin de « l’ingénierie financière ultrasophistiquée », qui a fini d’écœurer les populations. « Nous pensons que nous allons bientôt assister à un retour en arrière du métier de banquier », prévient-il. Aujourd’hui, Wilbur Ross détient 44% de Virgin Money, et il est ravi !