Zurich (awp) - ABB a annoncé mercredi avoir découvert des malversations financières dans sa filiale sud-coréenne d'un impact de 100 mio USD. Le groupe d'ingénierie a également dévoilé la candidature de Lars Förberg, associé-gérant de l'actionnaire critique Cevian Capital, au conseil d'administration. Cette nouvelle a été accueillie avec enthousiasme par les analystes et a partiellement occulté l'affaire des détournements.

La candidature de Lars Förberg au conseil d'administration intervient après le départ de deux membres, à savoir Michel de Rosen et Robyn Denholm. Elle devra être validée en avril par l'assemblée générale. Le nombre d'administrateurs serait ainsi réduit à dix, contre onze précédemment.

Cevian est le deuxième plus grand actionnaire d'ABB avec 6,2% des parts. M. Förberg en est le cofondateur et directeur général. La société de participation avait défrayé la chronique en réclamant l'externalisation de la division Réseaux énergétiques, ce à quoi Ulrich Spiesshofer, directeur général d'ABB, s'était opposé à l'issue d'une évaluation stratégique en octobre.

Indépendamment de cette annonce, ABB a également dévoilé mercredi une affaire de malversations financières dans la filiale sud-coréenne, dont l'impact sur les résultats 2016 devrait atteindre environ 100 mio USD avant impôts. Les chiffres publiés, encore non audités, devront par conséquent être révisés, a précisé le communiqué. ABB a enregistré un bénéfice net en hausse de 2% en 2016 à 1,96 mrd USD.

Lorsque le responsable de la trésorerie de la filiale sud-coréenne a disparu le 7 février, la direction a découvert des irrégularités financières. Cette personne est soupçonnée d'avoir falsifié des documents et conclu des accords avec des parties tierces pour voler la société. Une enquête a été ouverte avec la police locale et Interpol. Par conséquent, ABB publiera son rapport annuel le 16 mars au plus tard.

Le groupe tentera de réduire l'impact des malversations en récupérant les fonds subtilisés, en déposant plainte et en faisant appel à ses assureurs, énumère le communiqué. Après vérification, ABB a confirmé que seule la filiale sud-coréenne était concernée.

IMPACT DES MALVERSATIONS À NUANCER

Pour la Banque cantonale de Zurich (ZKB), les malversations financières font planer le doute sur la bonne gouvernance au niveau du groupe. Les assurances devraient néanmoins prendre en charge une partie des fonds subtilisés. Vontobel juge de son côté que cet évènement malheureux n'aura pas un impact majeur sur le long terme. La stricte discipline en matière de coûts et l'engagement de la direction permettront d'augmenter encore la valeur d'entreprise.

Les analystes de la ZKB soulignent que la proposition de nommer M. Förberg au conseil d'administration devrait renforcer l'influence de Cevian, qui se montre très critique sur la "structure complexe" du groupe.

Pour la Neue Helvetische Bank, l'histoire des malversations ne doit pas occulter la perspective de voir M. Förberg entrer au conseil d'administration, qui est une annonce "beaucoup plus importante" et "positive". Pour les analystes, elle est le signe que la situation s'est apaisée entre ABB et son deuxième plus grand actionnaire.

M. Spiesshofer a simplifié l'organisation du groupe au cours des dernières années et la stratégie est à nouveau claire comme de l'eau de roche depuis le mois d'octobre, assurent les analystes. Le plan de transformation ne portera néanmoins ses fruits qu'à partir de 2018.

A la Bourse suisse, l'action ABB a été légèrement pénalisée par ces annonces. Après une ouverture en hausse, le titre a rapidement cédé ses gains et passé le reste de la séance dans le rouge pour finir en repli de 0,48% à 23,03 CHF. Le SMI a par contre fini en petite progression de 0,22%.

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