Madrid (awp/afp) - Les ex-patrons de l'ancien géant espagnol des énergies renouvelables Abengoa seront jugés pour s'être accordé des indemnités de départ de plusieurs millions d'euros alors que le groupe était au bord de la faillite, a annoncé jeudi la justice espagnole.

Abengoa, fleuron industriel des années 2000 piégé par son endettement, a évité de justesse en 2016 un placement en liquidation judiciaire. Cette faillite aurait été l'une des plus importantes de l'histoire de l'Espagne.

L'ancien président Felipe Benjumea, fis du fondateur de l'entreprise, et l'ancien directeur général Manuel Sanchez Ortega sont renvoyés devant un tribunal, qui les jugera pour abus de confiance et détournement de fonds, selon l'ordonnance de renvoi consultée par l'AFP.

Le préjudice pour Abengoa s'élève à près de 11,5 millions d'euros dans le cas de M. Benjumea et à près de 4,5 millions d'euros dans celui de M. Sanchez Ortega, estime la chambre de l'instruction de l'Audience nationale, spécialisée dans les affaires de corruption.

Les deux dirigeants avaient quitté le groupe juste avant qu'il ne se déclare en pré-dépôt de bilan en novembre 2015, empochant plusieurs millions d'euros d'indemnités au passage.

Trois autres anciens membres du conseil d'admnistration d'Abengoa, qui avaient participé à la réunion au cours de laquelle avaient été fixées les indemnités, seront également jugés.

Les accusés risquent de trois à cinq ans de prison.

Groupe familial fondé en 1941 en Andalousie (sud), Abengoa était en pointe à la fin des années 2000 dans l'énergie solaire et éolienne, les biocombustibles et le dessalement de l'eau. Il avait même été choisi par l'ancien président américain Barack Obama pour construire la plus grande centrale solaire du monde en Arizona.

Fin 2015, il était présent dans une vingtaine de pays, avant d'être rattrapé par son énorme dette, engendrée par une croissance trop rapide.

Abengoa a finalement réussi en août à négocier un plan de restructuration de sa dette avec une quinzaine de banques et fonds d'investissements. Mais l'entreprise a dû se séparer ou geler de nombreuses activités.

Elle a aussi perdu près de la moitié de ses employés en un an, passant de 31.800 travailleurs en septembre 2015 à 17.400 un an plus tard, dont un tiers en Espagne.

afp/buc