LA HAYE (awp/afp) - Le fabricant néerlandais de systèmes de lithographie pour l'industrie des microprocesseurs ASML a publié mercredi un bénéfice net annuel en légère baisse, malgré une forte demande, sur fond de tensions géopolitiques entre les Etats-Unis et la Chine.

En 2022, le groupe a enregistré une baisse sur un an de 4,4% de son bénéfice net, à 5,6 milliards d'euros, notamment en raison de hausses des frais de personnel et des dépenses pour la recherche et le développement.

ASML a tout de même bénéficié d'un bond en glissement annuel de 14% de son chiffre d'affaires, à 21,2 milliards d'euros, contre 18,6 milliards en 2021, a indiqué le groupe dans un communiqué.

Basé à Veldhoven, aux Pays-Bas, ASML est un acteur stratégique clé dans la chaîne d'approvisionnement des semi-conducteurs : l'entreprise est la seule à construire les machines EUV qui, de la taille d'un bus, permettent de fabriquer les puces les plus avancées.

Le président américain Joe Biden souhaiterait que les Pays-Bas et le Japon interdisent, comme les Etats-Unis, l'exportation de certains composants informatiques sophistiqués vers la Chine.

Le but est notamment d'éviter que les produits exportés permettent aux Chinois de les utiliser à des fins militaires, dans des systèmes de missiles par exemple.

Les machines EUV (Extreme Ultraviolet) d'ASML sont déjà interdites d'export vers la Chine mais Washington souhaite que d'autres machines du groupe néerlandais, plus anciennes et appelées DUV (Deep Ultraviolet), le soient également.

Ces appareils sont indispensables pour la production de puces en Chine. En 2021, ils ont généré un chiffre d'affaires de 2,7 milliards d'euros pour ASML, soit 15% du chiffre d'affaires total, selon la télévision publique néerlandaise NOS.

La Haye, qui n'a pas encore pris de décision, dit comprendre la position américaine mais ne veut pas que le secteur, déjà confronté à des pénuries, soit trop affecté par d'éventuelles mesures restrictives.

"Contrôles des exportations"

"Pour ASML, 2022 a été une nouvelle année solide", avec "une marge brute de 50,5% et un carnet de commandes record à la fin 2022 de 40,4 milliards d'euros", a déclaré le directeur général Peter Wennink, cité dans le communiqué.

"Nous continuons de voir l'incertitude sur le marché causée par l'inflation, la hausse des taux d'intérêt, le risque de récession et les développements géopolitiques liés aux contrôles des exportations", a poursuivi M. Wennink.

"Cependant, nos clients indiquent qu'ils s'attendent à ce que le marché rebondisse au second semestre de l'année", et "compte tenu du caractère stratégique des investissements en lithographie, la demande pour nos systèmes reste donc forte", a-t-il ajouté.

Pour 2023, ASML s'attend à une hausse de plus de 25% du chiffre d'affaires et "une légère amélioration de la marge brute" par rapport à 2022.

Au quatrième trimestre, le groupe a enregistré des commandes à hauteur de 6,3 milliards d'euros, dont 3,4 milliards concernent des commandes de systèmes EUV.

Coté à la Bourse d'Amsterdam, le titre ASML perdait 0,68% à 611,60 euros vers 09H30 (08H30 GMT), dans un indice AEX en baisse de 0,26%.

Basé près d'Eindhoven, dans le sud des Pays-Bas, ASML emploie plus de 39.000 personnes et possède des bureaux dans une soixantaine de villes réparties dans 16 pays.

afp/lk