Boncourt JU (awp/ats) - Unia et Syna organisent la défense des 220 employés dont le poste est menacé par le projet de British American Tobacco (BAT) de délocaliser la production du site de Boncourt (JU) vers d'autres usines en Europe. Une assemblée du personnel se profile à court terme.

"La réunion permettra d'expliquer leurs droits aux salariés et la manière de les accompagner", a indiqué vendredi à Keystone-ATS Rébecca Lena, secrétaire régionale d'Unia région transjurane. C'est au personnel de décider s'il mandate ou non Unia et Syna pour les représenter, sachant que les syndicats défendent de toute façon leurs membres.

L'assemblée du personnel se tiendra dès la semaine prochaine, dans la perspective de la procédure de consultation. "C'est extrêmement important", insiste Rébecca Lena. Le délai de quatre semaines est relativement court. Unia et Syna entendent prendre au mot le Gouvernement jurassien qui a dit jeudi attendre "un plan social exemplaire".

Sous le choc

Vendredi, les employés du cigarettier (anciennement Burrus) de Boncourt se trouvaient encore sous le choc émotionnel de l'annonce de la veille à la mi-journée. "Ils ont besoin de respirer, après le coup de massue encaissé", décrit la secrétaire régionale d'Unia, en précisant qu'aucun signe avant-coureur ne s'était fait jour quant à une telle issue.

Les multinationales du style BAT, basée à Londres, prennent des décisions contre lesquelles "on ne peut pas faire grand-chose", regrette Rébecca Lena. Des propos repris à leur compte par l'entier des acteurs d'une économie jurassienne pour qui la possible disparition de BAT Switzerland du paysage constitue un coup dur pour le canton.

"C'est un choc, une déception, un sentiment de désolation et de gâchis", a lâché le maire de Boncourt, Lionel Maitre. "Le canton va suivre ce dossier pour s'assurer que le plan social soit exemplaire pour l'ensemble des collaborateurs", a relevé pour sa part le ministre jurassien Jacques Gerber, en charge de l'économie.

Patrimoine industriel

L'annonce du cigarettier laisse entrevoir un désengagement du site jurassien. Ce dernier constitue un patrimoine de l'histoire industrielle cantonale. Fondée en 1814 par la famille Burrus, qui a longtemps joué un rôle de mécène dans la commune de Boncourt, l'usine est passée aux mains de Rothmans International en 1996.

Une entreprise qui a ensuite fusionné en 1999 avec la multinationale British American Tobacco (BAT), qui en a fait son siège principal en Suisse. Elle produit depuis 1887 les fameuses cigarettes "Parisienne", deuxième marque la plus vendue dans le pays, dans un contexte de baisse continue de la consommation au fil des décennies.

En janvier 2014, le département recherche et développement de BAT avait déjà fermé son usine-pilote à Boncourt, avec une quinzaine de suppressions d'emplois à la clé. Le groupe avait toutefois célébré en mai de la même année les 200 ans d'activités du site de production.

Clap de fin

D'origine alsacienne, la famille Burrus s'est installée au début du 19e siècle en Ajoie. En 1814, Martin Burrus fonde la fabrique de tabac (tabac à pipe et tabac à chiquer). C'est en 1886 que débute la fabrication de cigarettes. Les membres de cette dynastie familiale vont diriger tour à tour l'entreprise.

Ce ne sont ainsi pas moins de six générations qui se sont succédé à la tête de la société jusqu'à sa vente au groupe néerlandais Rothmans International en 1996. Le sort du site de Boncourt sera scellé d'ici au mois de décembre.

ats/vj