Après Samse en France — discuté hier dans cette colonne — voir le cas de Bombardier Recreation Products au Canada. BRP est un leader mondial des véhicules récréatifs type motoneige, quads, bateaux de loisirs, jet skis, etc. Il compte en outre dans son portefeuille les célèbres marques Can-Am, Ski-Doo et Manitou.

BRP a triplé son chiffre d'affaires sur la dernière décennie 2013-2023, et généré $3.4 milliards en profits au total. Ces derniers ont été retournés aux actionnaires dans leur intégralité, en majorité via des rachats d'actions réalisés à des valorisations attractives de x6-x7 l'EBITDA et de x10 les profits.

BRP génère sur les deux derniers exercices fiscaux 2022 et 2023 un bénéfice de $10 par action, contre moins de $1 par action au début de la décennie — exercices fiscaux 2012 et 2013. L'expansion est donc spectaculaire, cependant le prix du titre oscille autour de $100 — un multiple de x10 fois les profits a priori indigne d'une entreprise en forte croissance. 

Deux raisons à cela. En premier, dans le contexte d'une brutale remontée des taux, la crainte d'une contraction très nette de la demande après une décennie de taux bas qui a vu les ménages canadiens s'endetter à fond pour financer leurs achats de consommation discrétionnaire.

En second, et de manière plus conjoncturelle, l'éventualité que les deux dernières années — post-pandémie, donc propres aux euphories de plein air après deux ans de confinement — aient été hors-du-commun, et que des lendemains moins chantants s'annoncent inévitablement.

Ce n'est pourtant pas ce que montrent les résultas semestriels de BRP, publiés hier. Les ventes progressent de 22.6% sur le premier semestre de l'exercice fiscal 2024 par rapport à l'an passé à la même époque ; le profit par action suit une trajectoire parfaitement similaire. 

BRP reste un leader mondial du secteur, réputé, bien géré et très solidement positionné au Canada et en Amérique du Nord. La situation mérite donc d'être suivie de près.