Paris (awp/afp) - Le spécialiste français de la restauration collective Elior espère retrouver son chiffre d'affaires d'avant-crise à "l'horizon 2024", mais la hausse de l'inflation pèsera sur ses marges dans les mois à venir, dans un secteur vulnérable à d'éventuelles nouvelles restrictions sanitaires.

Le groupe est resté dans le rouge sur son exercice 2020-2021 clos fin septembre, même s'il a réduit sa perte nette à 100 millions d'euros, contre 483 millions un an plus tôt, a-t-il annoncé mercredi.

De son côté le chiffre d'affaires affiche encore un recul de 7% à 3,69 milliards d'euros, lors d'un exercice décalé "totalement impacté" par la crise sanitaire alors que le précédent ne l'avait été que sur sept mois, a-t-il rappelé.

Au dernier trimestre, le groupe a réalisé 85% de son activité d'avant la pandémie de Covid-19, ce qui marque un "net rebond", dit-il, car Elior n'avait récupéré que 73 à 74% de son chiffre d'affaires 2018/19 sur les trois premiers trimestres.

A la Bourse de Paris, dans les premiers échanges le titre Elior gagnait 3,46% à 6,28 euros tandis que le CAC 40 progressait de 0,53% à 09H25.

Pour 2021/2022, Elior table sur une croissance organique d'"au moins 18%" et une marge d'Ebita ajusté "comprise entre 2 et 2,5%", dans "l'hypothèse où la situation sanitaire ne requerrait pas des protocoles sanitaires plus restrictifs", a précisé son directeur général Philippe Guillemot, lors d'une conférence téléphonique.

"Par chance, les trois pays qui ont le taux de vaccination le plus élevé en Europe, la France, l'Espagne et l'Italie, sont ceux dans lesquels nous sommes présents. Pour l'instant, nous n'avons pas connaissance de mesures plus restrictives que celles déjà en vigueur (...) en particulier en entreprise", a-t-il indiqué.

"Si ceci devait être le cas, bien évidemment, nos objectifs sur l'année seraient remis en cause", a admis le patron d'Elior qui est aussi implanté au Royaume-uni, aux Etats-Unis et en Inde, et compte 99.000 collaborateurs.

Négociation sur 92% des contrats

Autre sujet de préoccupation au premier semestre de l'exercice 2021-2022 : le retour d'une inflation plus importante que prévu, qui met les marges sous pression. Elior va négocier avec ses clients afin de la répercuter sur le prix de ses prestations, pour 92% de ses contrats, a précisé M. Guillemot - cette négociation devrait commencer à porter ses fruits au second semestre.

La hausse de l'inflation, pour l'heure plus forte "aux Etats-Unis qu'en Europe", a dit le patron d'Elior, porte sur les coûts alimentaires et les salaires.

Le groupe espère désormais retrouver à "l'horizon 2024" son niveau de chiffre d'affaires d'avant-crise, soit 4,92 milliards d'euros en 2018-2019, avec toutefois "une marge d'Ebita ajusté nettement plus élevée" que les 3,6% dégagés en 2018-2019, soit "autour de 100 points de base de plus", a précisé M. Guillemot.

Elior est désormais "organisé pour retrouver le chemin d'une croissance rentable et durable" grâce à une "structure de coûts optimisée" et de "nouvelles offres toujours mieux adaptées aux attentes du marché", a-t-il estimé.

Par marchés, la restauration d'entreprises, durablement déprimée par la généralisation du télétravail, a reculé de 17,2% comparé à 2019-2020, à 1,34 milliard d'euros, tandis que la restauration scolaire ("enseignement") a quasiment retrouvé son chiffre d'affaires d'avant-Covid 19 au dernier trimestre (99%) et progresse de 5,7% sur un an, à 1,2 milliard d'euros.

Enfin, le marché "santé et social" (restauration et services aux établissements médico-sociaux) recule de 5,3% à 1,13 milliard d'euros.

A l'international, qui représente 54% de l'activité contre 55% un an plus tôt, le chiffre d'affaires a reculé de 9,5% à 1,97 milliard d'euros, contre une baisse de 3,8% à 1,7 milliard d'euros en France.

Le Royaume-Uni a souffert d'un "confinement particulièrement strict" à partir de janvier, "levé de manière significative" seulement en juillet, tandis que les États-Unis ont été pénalisés par "la généralisation du modèle d'enseignement hybride, distanciel/présentiel", détaille Elior.

afp/jh