par Toni Clarke et Bill Berkrot

Genzyme, spécialisée dans le traitement des maladies rares, maintient que son médicament expérimental Campath contre la sclérose en plaques pourrait atteindre un chiffre d'affaires de 3,5 milliards de dollars et a tenté d'en convaincre des investisseurs lundi lors d'une réunion à New York.

Peu d'analystes estiment que le Campath, pour l'instant vendu comme traitement contre le cancer et connu sous le nom générique d'alemtuzumab, affichera le genre de chiffre d'affaires projeté par Genzyme.

"C'est une thérapie unique", a déclaré le directeur général de Genzyme, Henri Termeer. "C'est une thérapie qui modifie le soin pour ces patients et donne la promesse de transformer complètement ce domaine."

Selon lui, ce médicament a le potentiel pour devenir le plus efficace, le moins coûteux et le plus aisé à utiliser de tous les traitements contre la sclérose en plaques.

"Le marché est très important, c'est un marché de 14 milliards de dollars (...)", a déclaré Henri Termeer.

Sanofi pour sa part anticipe un chiffre d'affaires maximum de 700 millions de dollars pour le Campath.

C'est sur cette différence d'estimation que s'appuie Genzyme pour affirmer qu'elle vaut plus que les 69 dollars par action offerts par Sanofi.

LES DISCUSSIONS DEVRAIENT SE POURSUIVRE

Pour sortir de l'impasse, les conseillers de Genzyme et de Sanofi ont parlé d'avoir recours au CVG (certificat de valeur garantie) qui permettrait aux actionnaires de Genzyme d'obtenir un supplément de prix si le médicament atteignait certains objectifs.

"Je pense que c'est comme ça que cela va se passer", commente William Tanner, analyste chez Lazard Capital Markets. "J'imagine qu'il y aura un chiffre dans les 70 dollars et quelques avec un complément basé sur ce que fera ce médicament."

Les deux laboratoires devraient continuer à discuter sur le problème du CVG avant l'expiration de l'offre de Sanofi le 21 janvier.

Les actionnaires de Genzyme sont très favorables à l'idée de CVG dans le cadre d'un accord avec Sanofi, a déclaré Henri Termeer. Il a estimé que le juste prix d'un CVG serait celui qui permettrait à l'opération de se faire.

Quant à d'éventuelles discussions avec d'autres acheteurs potentiels, elles sont confidentielles, a-t-il indiqué.

"Dans environ six mois, nous verrons le premier essai clinique de phase III", a déclaré Henri Termeer.

Quoi qu'il en soit, Sanofi indique que ses propres études de marché et celles d'une société indépendante ayant consulté de très nombreux médecins dans le monde, permettent d'anticiper un chiffre d'affaires de 3 à 3,5 milliards de dollars pour le médicament.

Selon Genzyme, les médecins consultés estiment que le Campath sera plus sûr que le Tysabri de Biogen Idec.

Le cabinet d'études indépendant BioMedTracker prévoit un chiffre d'affaires de 1,6 milliard de dollars pour le Campath en 2019.

Selon une analyse publiée en septembre par un cabinet d'études indépendant, le Campath pourrait atteindre une part de 5% du marché de la sclérose en plaques pour sa première année de commercialisation, 10% la seconde et la troisième et 18% à 20% la cinquième année et au-delà.

Selon Genzyme, l'alemtuzumab sera commercialisé sous la marque Lemtrada pour la sclérose en plaques.

Lundi sur le Nasdaq, l'action Genzyme a fini en repli de 0,2% à 69,65 dollars sur le Nasdaq.

Investisseurs et analystes estiment que le rachat de Genzyme par Sanofi pourrait se faire sur la base d'un prix compris entre 75 et 80 dollars par action.

Toni Clarke, Danielle Rouquié pour le service français, édité par Gregory Schwartz