Le montant correspond à 159 francs suisses par action, qui sera honoré à raison de 55,65 francs en espèces et 103,35 francs en actions de J&J, explique dans un communiqué le spécialiste suisse des implants et des biomatériaux osseux.

Hansjoerg Wyss, fondateur de Synthes, président et actionnaire principal avec près de 33% des actions, a approuvé la transaction, ainsi que les conseils d'administration des deux groupes.

"La nature de la transaction surprend, une combinaison d'espèces et d'actions. Nous nous attendions plutôt à une offre en espèces uniquement, ce qui fait que la qualité est moindre que prévu", souligne Michael Jungling, analyste chez Morgan Stanley.

"L'évaluation ne semble pas particulièrement exigeante. C'est un actif rare et l'accord fait de J&J le numéro un mondial dans l'orthopédie", poursuit Jungling.

L'action Synthes a fini quasiment inchangée à 146,60 francs, bien loin du prix offert, tandis que l'indice européen de la santé a grappillé 0,19%.

"Toutefois, nous ne nous attendons pas à une contre-offre, car J&J demeure le seul acquéreur logique, même si certains pourraient se plaindre du prix conclu", estime Carla Baenziger

à la banque Vontobel.

La transaction, qui devrait être finalisée durant le premier semestre 2012, devrait avoir un léger effet dilutif sur le bénéfice par action ajusté de J&J en 2012. Aucun impact n'est attendu pour l'année en cours.

Le prix représente une prime de 8,5% par rapport au cours de clôture de la veille de Synthes mais le titre avait déjà fortement grimpé depuis la confirmation des discussions à la mi-avril.

LA FONDATION AO

"La prime... reflète les défis qui attendent le nouveau propriétaire, qui doit respecter totalement la culture de Synthes et les relations étroites avec la Fondation Ao. Ces éléments limiteront la possibilité pour le nouveau propriétaire d'influer sur l'activité et d'exploiter les synergies", souligne Florian Gaiser chez Kepler Capital Markets, qui juge la prime peu élevée.

La Fondation AO travaille exclusivement avec Synthes dans la recherche-développement. C'est un organisme à but non lucratif dirigée par une équipe internationale de chirurgiens spécialisés.

Johnson & Johnson estime que l'acquisition de Synthes devrait augmenter le chiffre d'affaires d'au moins 0,5% et permettre au groupe de se renforcer sur les pays émergents.

Au cours des prochaines années, le groupe table sur une croissance annuelle de 7% sur le marché de la traumatologie, la principale activité de Synthes.

Dans les activités d'implants rachidiens, le spécialiste américain des produits d'hygiène et de santé vise une croissance de 2% par an mais s'attend à faire encore mieux avec le temps, précisant qu'une croissance annuelle de 5% est envisageable à terme.

Le Wall Street Journal avait annoncé dans son édition du jour que les deux groupes étaient parvenus à un accord.

Synthes a enregistré en 2010 un chiffre d'affaires de 3,69 milliards de dollars et estime réaliste pour l'année en cours une croissance des ventes dans la partie basse d'une fourchette à un chiffre.

Le groupe américano-suisse, dont le siège est basé à West Chester en Pennsylvanie mais qui est coté à Zurich, faisait l'objet de spéculations depuis le début du mois.

Le secteur du matériel médical est l'objet d'un vaste mouvement de consolidation s'expliquant principalement par l'intérêt manifesté par les grands groupes pharmaceutiques qui cherchent la parade à l'expiration des brevets protégeant leurs molécules les plus rentables.

Au début février, Danaher Corp a ainsi lancé une offre de 5,8 milliards de dollars en espèces pour le rachat de Beckman Coulter Inc.

Pascal Schmuck et Nathalie Olof-Ors, édité par Wilfrid Exbrayat