Que ce soit dit : l’agroalimentaire est un secteur difficile. Baisse des volumes, volatilité des prix, marges faibles, scandales sanitaires, concurrence féroce, des normes en constante évolution … Les acteurs du marché doivent avoir les nerfs solides et la tête sur les épaules pour ne pas fléchir dans un contexte aussi délicat. 

La majeure partie de l'activité de LDC est centrée sur le secteur de la volaille qui contribue à hauteur de 85,8 % du chiffre d’affaires, dont 57 % en France. Le groupe s’appuie sur plusieurs marques connues du grand public que l’on retrouve surtout en grande distribution : Loué, Le Gaulois, Maître Coq, Marie, Traditions d’Asie, etc. La branche regroupe aussi des activités d'agro-négoce de collecte de céréales, de production de volailles vivantes et la commercialisation d'œufs de consommation. 

Le pôle traiteur (14,2% des revenus) est dominé par la marque Marie qui commercialise surtout des plats cuisinés et des pizzas surgelés. Le groupe y est numéro deux en France et a surtout développé cette activité par croissance externe. 

Les produits sont bien considérés

LDC a plusieurs atouts. Déjà, le groupe bénéficie de fortes synergies opérationnelles entre ses deux métiers et ses marques. Ensuite, il a réussi une véritable montée en gamme. C'est particulièrement le cas pour la marque Marie, même si une partie de son éventail est classée parmi les produits ultra-transformés. Ces derniers sont souvent bien mis en avant dans les rayons, étant considérés parmi les meilleurs rapports qualité / prix. De plus, la grande majorité des Nutri-scores (ces notes qui permettent au consommateur de se faciliter la compréhension des informations nutritionnelles) sont bonnes. 

Les Nutri-scores de Marie (source : Marie) 

Enfin, le groupe a démontré sa résilience dans un contexte économique complexe où l'inflation a réduit le pouvoir d'achat des ménages. Malgré la baisse des volumes et l'augmentation significative des coûts des matières premières, notamment celles nécessaires à l'alimentation animale (+35 % en moyenne), les ajustements de prix effectués par le groupe ont permis de maintenir des marges solides au cours des deux derniers exercices.

Attention à la grippe ! 

Le groupe est exposé à divers risques, à commencer par la fréquence croissante des foyers de grippe aviaire qui affectent régulièrement les élevages. L'année dernière, cette problématique s'est particulièrement manifestée avec les canards dans le sud-ouest de la France. Ces épisodes récurrents engendrent d'importantes pertes pour le groupe, d'autant plus que la mise en place de stratégies de vaccination se révèle souvent complexe, nécessitant des discussions prolongées avec les autorités compétentes pour leur mise en œuvre.

Impacts des différents risques l’an dernier (source : LDC) 

De plus, chaque année, le groupe se retrouve engagé dans des négociations, souvent ardues, avec les acteurs de la grande distribution, en particulier en ce qui concerne les négociations tarifaires commerciales.

Enfin, à long terme, on constate que la consommation de volaille connaît une croissance très limitée, ce qui oblige le groupe à trouver des relais de croissance ailleurs. Le pôle traiteur permet ainsi de compenser ce faible dynamisme en proposant des produits à plus forte valeur ajoutée comme les plats cuisinés. 

Evolution de la demande de volaille en en France (source : LDC) 

Cependant, dans un contexte d'inflation persistante, la volaille, et plus particulièrement le poulet, se démarque en tant que viande la plus compétitive. Le prix au kilo est deux fois moins élevé que celui de l'agneau, du poisson et du veau.

Les comptes sont robustes

LDC a doublé ses ventes en l’espace de 10 ans seulement. Les marges sont faibles, mais régulières. Historiquement, le groupe s’est montré agile dans sa gestion, notamment en 2020 lorsque la baisse de la consommation hors domicile a été compensée par d'autres activités. Cette réactivité découle probablement de l'héritage familial ancré dans le groupe, reflétant une profonde connaissance du marché. Les quatre familles aux commandes détiennent 69,3 % du capital. La gestion est conservatrice. LDC ne cherche pas à étendre son territoire au-delà de son possible : il reste cantonné à ce qui marche, et à ce qu’il sait faire, avec en tête, la France, et un pied dans certains pays d’Europe de l’Est, notamment en Pologne et en Hongrie. 

LDC sert un dividende en progression régulière. Il est parfaitement couvert par les flux de trésorerie disponibles. La société dispose d’une trésorerie confortable qui devrait nettement dépasser les 400 M€ cette année. Ainsi, plusieurs projets d’investissements sont en cours, notamment pour ce qui est de l'agrandissement des capacités industrielles. La valorisation est maigre, à 8,3 fois les profits pour cette année, contre une moyenne de 12 fois sur les dix dernières années. Il faut dire que LDC fait partie de ces Small-caps que les investisseurs regardent d’un œil hésitant, leur préférant des sociétés plus grandes aux perspectives plus alléchantes. 

Malgré le contexte économique actuel, LDC est un groupe familial solide, bien géré, qui a démontré sa force dans le passé à faire face aux crises et à en sortir plus fort. Les résultats du premier trimestre publiés début juillet se sont révélés être meilleurs que prévus. Le premier semestre devrait être très bien orienté et dans la continuité de ce que propose LDC. La publication sera aussi la première de Philippe Gélin en tant que président du Directoire. Il a remplacé Denis Lambert, aux commandes depuis 20 ans. Enfin, il est clair que l'activité n’emballe pas les investisseurs (volumes en bernes, marchés complexes, évolution des modes de consommation) mais le titre peut aisément entrer dans la catégorie des titres “bon père de famille”.