(Reuters) - De grandes entreprises internationales, de Nissan à Unilever en passant par Caterpillar, ont mis en garde contre le ralentissement de la croissance des bénéfices en Chine, qui voit sa reprise post-COVID s'essouffler.

Le redressement économique du pays a été limité à une poignée de secteurs comme la restauration et le luxe, ce qui a profité au géant français LVMH ou à la chaîne de café Starbucks, par exemple.

Mais même ces puissants acteurs se sont abstenus de relever leurs perspectives pour la Chine, tandis que des entreprises de biens de consommation telles que Procter & Gamble, L'Oréal et Coca-Cola ont adopté une position prudente.

"Ce que nous voyons, c'est un consommateur très prudent en Chine, un marché immobilier en déclin et une demande d'exportation réduite", a déclaré la semaine dernière Graeme Pitkethly, directeur financier d'Unilever, lors d'une conférence téléphonique sur les résultats d'avril-juin.

"En outre, le taux de chômage est élevé en Chine, en particulier chez les jeunes (...) Pour autant que nous puissions en juger, nous sommes au point le plus bas de l'histoire en matière de confiance des consommateurs chinois", a-t-il ajouté.

Les constructeurs automobiles mondiaux doivent également faire face à une concurrence accrue des marques locales, qui, pour la première fois, ont pris le dessus au premier semestre avec une part de marché supérieure à 50%.

Jeudi, l'allemand Volkswagen a réduit son objectif de chiffre d'affaires annuel en raison d'une baisse des ventes en Chine, son principal marché.

Dans le secteur technologique, les fabricants de puces Samsung et SK Hynix ont souligné que la réouverture de la Chine n'avait pas réussi à relancer le marché des smartphones et qu'ils prolongeaient les réductions de production des puces mémoire NAND.

Même Apple, qui publiera jeudi ses résultats, devrait afficher des ventes d'iPhone stables sur son troisième marché le plus important.

Les principales entreprises minières et les fabricants d'engins de chantier ont également souffert de l'affaissement prolongé du secteur de l'immobilier.

"Nous avons indiqué lors de notre dernière conférence sur les résultats que nous nous attendions à ce que les ventes en Chine soient inférieures à nos 5%-10% habituels. Nous nous attendons maintenant à une nouvelle faiblesse, car le secteur des excavateurs de 10 tonnes et plus a décliné encore plus que nous ne l'avions prévu", a déclaré mardi Jim Umpleby, le patron de Caterpillar.

Néanmoins, Rio Tinto, premier producteur mondial de minerai de fer, fait preuve d'un optimisme prudent à l'égard de l'économie chinoise, Pékin s'étant engagé à mettre en place de nouvelles mesures pour relancer la croissance.

"Notre expérience avec la Chine est que si les choses vont moins bien, les Chinois ont une capacité assez impressionnante à gérer l'économie", a déclaré le directeur général de Rio Tinto, Jacob Stausholm, la semaine dernière.

LE LUXE S'EN SORT BIEN

Les restaurants et les entreprises de produits de luxe ont été parmi les rares bénéficiaires des dépenses des consommateurs à la suite de la levée des restrictions sanitaires.

Starbucks a fait état d'une hausse de 46% de ses ventes à périmètre comparable en Chine au troisième trimestre ; un rebond conforme à ses attentes et qui devrait durer, ont déclaré mardi des responsables de l'entreprise lors d'une conférence de presse.

Yum China, propriétaire en Chine continentale des chaînes de restauration rapide KFC et Pizza Hut, a fait état d'une progression de 25% de son chiffre d'affaires au deuxième trimestre mais a indiqué que le montant des dépenses par personne avaient diminué, les consommateurs devenant plus "rationnels".

LVMH, dont les 75 marques incluent Louis Vuitton, Dior et le joaillier Tiffany, a vu ses ventes sur la période avril-juin croître de 17%, légèrement au-dessus du consensus grâce à un rebond en Chine, mais s'est abstenu de donner des perspectives pour le reste de l'année.

"L'ambiance mondiale n'est pas dans le 'revenge buying' qu'on a connu en 2021 et 2022, donc on parle de normalisation plutôt que d'autre chose", a dit le directeur financier de groupe, Jean-Jacques Guiony. "On n'a pas de visibilité, on n'est pas pessimiste et en Chine on n'a pas de raison de l'être."

(Kailyn Rhone à New York, Mimosa Spencer à Paris, Sophie Yu à Pékin, Brenda Goh à Shanghaï, Richa Naidu à Londres, Melanie Burton à Melbourne, Daniel Leussink à Tokyo, Victoria Waldersee et Miranda Murray à Berlin, Rishav Chatterjee, Deborah Sophia, Ananya Mariam Rajesh et Yuvraj Malik à Bangalore; rédigé par Miyoung Kim, version française Laetitia Volga, édité par Kate Entringer)