Zoom sur l’OPA

La société d’investissement américaine KKR a annoncé avoir formulé une offre (disponible ici) auprès de OHB portant sur les 30% du capital n’appartenant pas à la famille Fuchs (fondateurs).

L’offre de prise de participation minoritaire prévoit un prix de 44 euros par action. Cette offre valorise donc la société à 768 millions d'euros de capitalisation boursière (environ 1 milliard d'euros en valeur d’entreprise).

Les actions d’OHB ont clôturé à 32,2 euros vendredi soir et sont montées à 43 euros à l'ouverture du marché ce lundi matin. Soit une prime de 36% par rapport aux derniers cours de clôture.

Cette prise de participation minoritaire, soutenue par conseil d'administration de la cible, aura pour conséquence, en cas de succès, un delisting de l’entreprise allemande.

Au total, KKR investit jusqu'à 338 millions d'euros dans OHB par le biais de l'offre publique d'achat, d'une augmentation de capital de 10% et d'une injection de capital par le biais d'instruments convertibles pour la filiale spatiale d'OHB, Rocket Factory.

La famille Fuchs, qui détient un peu moins de 70 % d'OHB, conservera ses parts et restera actionnaire majoritaire, Marco Fuchs restant directeur général pour cinq années supplémentaires.

"Le renforcement d'OHB en tant qu'entreprise européenne indépendante et partenaire des gouvernements et des institutions renforce la sécurité et la souveraineté européennes dans l'espace", a déclaré M. Fuchs dans un communiqué, ajoutant que l'accord avec KKR en tant qu'investisseur minoritaire soutiendrait la croissance à long terme de l'entreprise.

Une prise de participation, synonyme d'entrée de capitaux pour la société, qui ne pouvait être que bien accueillie par le conseil d'administration. La raison : un marché du financement morose pour une entreprise dans un secteur hyper capitalistique et en pleine consolidation depuis l’arrivée des projets des milliardaires Elon Musk (Space X) et Jeff Bezos (Blue Origin).

Zoom sur OHB

Les origines d'OHB remontent à un petit atelier de cinq employés qui réparaient des systèmes hydrauliques pour les forces armées allemandes. En 1981, la femme d'affaires Christa Fuchs a repris l'entreprise, avant d'y associer d'autres membres de sa famille et de l'orienter vers l'industrie spatiale. 

Aujourd’hui, l'entreprise, dont le siège est à Brême, a pour objectif de devenir le premier fournisseur de services spatiaux pour les gouvernements et les clients commerciaux en Europe. Elle compte parmi ses clients déjà le gouvernement allemand et nombreux gouvernements européens.

OHB a notamment construit des satellites et des produits pour le système de navigation européen Galileo, les prévisions météorologiques et la Station spatiale internationale. OHB fournit également des technologies pour la recherche de la vie sur Mars, le suivi des comètes et le soutien aux lancements de fusées. 

Compte tenu des sensibilités liées aux systèmes spatiaux, à l'aérospatiale et aux activités numériques, qui ont gagné en importance dans le contexte de la guerre entre la Russie et l'Ukraine, toute transaction pourrait faire l'objet d'un examen politique approfondi. 

OHB a également déclaré dans son dernier rapport annuel qu'elle évaluait des stratégies potentielles d'accès au marché pour le Moyen-Orient et l'Amérique du Nord et qu'elle avait eu des discussions avec des partenaires potentiels dans ces régions.

L'année dernière, OHB a réalisé un chiffre d'affaires de plus d'un milliard d'euros avec 3 000 employés. OHB a enregistré un bénéfice avant impôt de 19,6 millions d'euros au premier semestre et a déclaré que son carnet de commandes restait à un niveau élevé de 1,8 milliard d'euros.

Les investisseurs étrangers ont afflué vers les entreprises industrielles allemandes familiales. En avril, le fabricant centenaire Viessmann a accepté de vendre la majeure partie de ses activités au fabricant américain de climatiseurs Carrier Global Corp. pour environ 12 milliards d'euros. Un mois plus tard, Messer SE a décroché un investissement du fonds souverain singapourien GIC Pte qui valorise le fabricant de gaz industriels à plus de 12 milliards d'euros, dette comprise.

Zoom sur le marché

En novembre 2021, la société californienne Viasat Inc. a fait une annonce de taille en exprimant son désir d'acquérir l'entreprise britannique Inmarsat Group Holdings Ltd. En juillet de l'année précédente, les acteurs français Eutelsat Communications SA et la société britannique OneWeb Ltd. ont scellé un accord de partenariat destiné à offrir des services en orbite terrestre basse. Mais les affaires dans le domaine des satellites ne se sont pas arrêtées là. Bien que les négociations ont finalement abouti à un échec, Intelsat SA et SES SA étaient également en pourparlers de fusion en début d'année, ambitionnant de créer un géant de l'industrie spatiale.

KKR n'est pas non plus étranger au secteur des satellites, ayant déjà marqué l'histoire avec l'acquisition spectaculaire de PanAmSat pour 3,5 milliards de dollars, il y a près de vingt ans. KKR a également organisé avec succès l’IPO du fabricant de moteurs d'avion MTU Aero Engines AG en 2005.