Les procureurs portugais ont demandé à un juge d'annuler un permis environnemental pour un projet d'extraction de lithium développé par la société Savannah Resources, basée à Londres, en invoquant diverses infractions légales, selon un document judiciaire consulté par Reuters.

Le document, déposé par le bureau du procureur en décembre et vu par Reuters jeudi, confirme une action en justice intentée par une municipalité du nord du Portugal qui cherchait à empêcher Savannah de développer ce qui pourrait devenir la plus grande mine de lithium d'Europe occidentale.

L'année dernière, l'agence environnementale portugaise APA a donné son accord environnemental, sous réserve de certaines mesures correctives, pour que Savannah Resources développe une mine à Boticas, dans la région de Barroso, dans le nord du Portugal, un site du patrimoine mondial de l'agriculture depuis 2018.

Le ministère public a demandé au tribunal administratif de Mirandela, dans le nord du Portugal, d'annuler l'autorisation environnementale de la mine de Boticas, car elle "présente le défaut de violer la loi", en invoquant des risques "connus" de l'APA selon lesquels la mine pourrait mettre en péril le site du patrimoine et les engagements internationaux du Portugal.

Elle a également déclaré que l'APA n'avait pas évalué correctement les besoins en matière de gestion des déchets miniers ou les risques de contamination de l'eau, et qu'elle n'avait pas pris en compte l'impact réel conjoint de la mine de Savannah et d'une autre mine développée par la société minière portugaise Lusorecursos pour extraire du lithium de qualité batterie à Montalegre, dans le nord du Portugal, en dépit de leur proximité et de leur grande échelle.

L'APA n'a pas répondu à une demande de commentaire de Reuters.

Savannah a déclaré qu'elle était "prête à répondre aux préoccupations" des procureurs et a cité l'avis de ses avocats "selon lequel l'action en justice est sans fondement" et n'a pas d'incidence sur les activités du projet.

La mine de Savannah faisait partie d'une enquête plus large menée l'année dernière par les procureurs portugais sur des allégations d'illégalité dans les contrats de lithium et d'hydrogène "vert".

Cette enquête a conduit à la démission, en novembre, du Premier ministre de l'époque, Antonio Costa, après que les procureurs eurent arrêté son chef de cabinet et désigné le directeur de l'APA, Nuno Lacasta, comme suspect formel d'irrégularités présumées. M. Costa et M. Lacasta ont nié toute malversation.

Savannah a déclaré en janvier qu'après une évaluation juridique complète comprenant une vérification par des experts indépendants des comptes, faits et documents pertinents, "Savannah peut réaffirmer en toute confiance sa solide position juridique".

Avec plus de 60 000 tonnes de réserves de lithium connues, le Portugal est considéré comme un élément central des efforts déployés par l'Europe pour sécuriser une plus grande partie de la chaîne de valeur des batteries et réduire la dépendance à l'égard des importations.

Catarina Alves Scarrott, une militante contre l'exploitation minière à Barroso, considère l'action des procureurs comme une victoire, mais a déclaré qu'il n'y avait pas encore de calendrier pour une décision de justice. (Reportage de Sergio Goncalves, Patricia Rua et Andrei Khalip ; Rédaction de Susan Fenton)