New York (awp/afp) - Déjà fragilisés par la hausse du coût des matières premières et les difficultés logistiques, les groupes américains de biens de grande consommation s'attendent à traverser une passe difficile dans les prochains mois.

Malgré un bilan financier globalement positif pour le secteur au deuxième trimestre, les sources d'inquiétudes sont nombreuses.

Procter & Gamble (P&G), qui commercialise les rasoirs Gillette, les couches Pampers et les brosses à dents Oral-B, a ainsi averti vendredi, lors de la publication de ses résultats trimestriels, que des "vents contraires considérables" risquaient de perturber sa croissance.

En conséquence, le bénéfice par action sur lequel le groupe table pour l'exercice fiscal 2023 (5,93 dollars) s'est affiché assez nettement en-dessous des prévisions du marché (6,12 dollars). Il voyait son action sanctionnée à la Bourse de New York (-5,10% à la mi-séance).

Même son de cloche chez le spécialiste des produits d'hygiène Colgate-Palmolive (dentifrices, crèmes pour le corps, gels douche...), qui a lui aussi fait part de son bilan de santé trimestriel vendredi.

Lors d'un appel téléphonique avec des analystes de Wall Street, le responsable de l'investissement du groupe, John Faucher, a décrit un "environnement imprévisible", s'avouant incapable de prédire l'évolution de l'inflation aux États-Unis.

Selon l'indice PCE, publié vendredi par le département du Commerce et privilégié par la Réserve fédérale pour mesurer l'inflation, les prix ont grimpé dans le pays de 6,8% en juin par rapport à l'année dernière. Selon l'indice CPI du département du Travail, ils sont même montés de 9,1% en rythme annuel le mois dernier.

Hausse des prix

Ces incertitudes, actuelles et à venir, sont répercutées par les entreprises dans leur offre de produits.

P&G a ainsi augmenté ses prix de 8% en moyenne entre avril et juin, Colgate de 8,5%. D'autres géants de la grande consommation, comme McDonald's, Coca-Cola ou encore Kimberly-Clark (Kleenex, Cottonnelle, Huggies), ont aussi fait monter leur prix au cours du trimestre écoulé.

Sur cette même période, le volume de ventes de P&G a reculé de 1%, une baisse que le groupe attribue au ralentissement de l'activité en Chine, ainsi qu'à la réduction de ses activités en Russie depuis le début de l'invasion de l'Ukraine.

"Nous avons observé une forte contraction en Chine au cours du trimestre d'avril à juin", a reconnu le PDG de P&G, Jon Moeller, lors d'un appel téléphonique avec des journalistes.

"Cela a été très largement causé par la mobilité réduite des consommateurs. Les confinements ont eu un effet considérable sur notre activité", a-t-il précisé.

Mais avec la hausse des prix, le chiffre d'affaires du groupe a progressé de 3%. Et son bénéfice net de 5%.

Lundi, la chaîne de supermarchés Walmart avait de son côté révisé à la baisse ses prévisions de bénéfices trimestriels et annuels, anticipant un changement des habitudes d'achats de ses clients, contraints de dépenser plus pour l'alimentation et l'essence à cause de l'inflation.

Cette tendance incite le groupe à offrir des réductions sur d'autres biens aux marges généralement plus élevées, comme les vêtements, afin d'écouler ses stocks, ce qui risque de peser sur son profit.

Pour l'heure, les dirigeants des géants de la grande consommation se montrent confiants dans le niveau soutenu de la demande pour leurs produits en dépit des prix plus chers et des craintes de récession.

"Nous avons un marché du travail très solide. La situation financière des consommateurs est bonne dans l'ensemble", a affirmé M. Moeller sur CNBC. "En se basant sur ce que nous observons, les choses sont positives, au moins pour une partie de l'économie américaine."

afp/rp