Ajoute citations Biden, Macron, communiqué commun

ROME (awp/afp) - L'un a multiplié les serments d'"affection", l'autre a jugé qu'en diplomatie comme en amour, "les déclarations c'est bien, les preuves c'est mieux": Joe Biden et Emmanuel Macron se sont rencontrés à Rome vendredi pour tenter de tourner la page de leur brouille autour des sous-marins australiens.

Poignées de main répétées, sourires, assurance de sa "grande affection" pour la France, le "plus vieil allié" des Etats-Unis, ayant aidé à leur indépendance...

Le président américain n'a vraiment pas ménagé sa peine auprès de son homologue français, qui l'a reçu à la Villa Bonaparte, ambassade de France auprès du Vatican.

Il a même convoqué ses racines familiales. "Certains de nos parents français sont venus, m'a-t-on dit, avec Lafayette", a raconté le président, Joseph "Robinette" Biden pour l'état-civil.

La réunion, en tête à tête puis avec les délégations, a duré près d'une heure et demie.

A l'issue, le président français a bien fait comprendre à des journalistes qu'il s'intéressait désormais aux initiatives concrètes avec les Américains, à l'heure où les Etats-Unis ont clairement fait de la rivalité avec la Chine la ligne de force de leur diplomatie.

"La confiance c'est comme l'amour, les déclarations c'est bien, les preuves c'est mieux", a dit Emmanuel Macron.

"Ce que nous avons fait était maladroit et n'a pas été fait avec beaucoup d'élégance", a déclaré Joe Biden à la presse, juste avant la rencontre, à propos de la crise diplomatique entre les deux pays.

Il a assuré à Emmanuel Macron, dans une déclaration un peu étonnante: "J'avais l'impression que la France avait été informée très en amont que le contrat (de sous-marins qu'elle avait avec l'Australie) ne se ferait pas. Devant Dieu, je vous assure que je ne savais pas que vous ne l'aviez pas été."

Cet acte de contrition est le plus clair à ce jour sur l'annonce d'un partenariat de défense américain avec l'Australie et le Royaume-Uni, qui a pris de court la France.

"Nous avons clarifié ce que nous avions à clarifier", a pour sa part déclaré Emmanuel Macron à propos de cette alliance, qui voit les Etats-Unis souffler à la France un énorme contrat de sous-marins avec l'Australie.

"Regarder l'avenir"

Désormais "c'est l'avenir qu'il faut regarder", a-t-il déclaré, plus mesuré dans ses gestes et son ton que le président américain.

L'avenir, ce sont pour le président français des terrains d'action concrets énumérés après la rencontre dans un communiqué commun.

France et Etats-Unis s'engageront ainsi dans un "partenariat bilatéral sur l'énergie propre" d'ici la fin de cette année.

Toujours selon le communiqué, "la France et les États-Unis souhaitent renforcer leur coopération sur les questions spatiales".

Sur un thème particulièrement cher aux Français, qui cherchent depuis des années une bénédiction de Washington à leurs efforts de constitution d'une défense européenne, "les États-Unis reconnaissent l'importance d'une défense européenne plus forte et plus opérationnelle", et "complémentaire avec l'Otan".

Les deux chefs d'Etat veulent aussi lancer "un dialogue stratégique en matière de commerce militaire", notamment sur les autorisations d'exportations.

Washington dit aussi avoir " engagé des ressources supplémentaires au Sahel pour soutenir les efforts de lutte contre le terrorisme menés par la France et les autres États européens", une autre demande française.

Consolider les alliances

Avant le président français, Joe Biden, soucieux de consolider les alliances européennes des Etats-Unis malmenées pendant la présidence Trump, a vu à Rome Mario Draghi, chef du gouvernement italien, considéré par certains commentateurs comme un nouvel homme fort sur la scène politique européenne.

Ces rencontres font office de lever de rideau avant le sommet du G20 sous présidence italienne, qui se tient samedi et dimanche, suivi de la grande réunion COP26 sur le climat, à Glasgow.

En l'absence des présidents chinois et Russe, Joe Biden entend bien donner le ton.

Même fragilisé par ses difficultés à faire voter chez lui de gigantesques dépenses publiques, et par le retrait chaotique d'Afghanistan, il assure à qui veut l'entendre que "l'Amérique est de retour" pour mener la grande offensive des démocraties face aux régimes autoritaires.

Il aura encore l'occasion samedi de serrer les rangs avec ses alliés d'outre-Atlantique, lors d'une réunion avec la chancelière Angela Merkel, le Premier ministre britannique Boris Johnson, et à nouveau Emmanuel Macron.

Les quatre pays, à l'initiative de l'Allemagne, veulent harmoniser leurs positions avant une éventuelle reprise des discussions sur le nucléaire iranien.

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