LONDRES (Reuters) - Les régulateurs financiers allemands ont été "déficients" dans leur tâche de supervision du groupe de paiements électroniques Wirecard, a déclaré mardi l'autorité de surveillance des marchés européens ESMA, qui pointe aussi le risque d'une trop grande influence du ministère des Finances.

L'ancien président du directoire de Wirecard, Markus Braun, ainsi que d'autres dirigeants du groupe, sont soupçonnés d'avoir commis une fraude commerciale qui a laissé un trou de 1,9 milliard d'euros dans les comptes et une ardoise de 3,5 milliards d'euros auprès des créanciers.

Cette affaire, le plus grand scandale comptable de l'après-guerre en Allemagne, a provoqué le dépôt de bilan du spécialiste des paiements électroniques.

Les accusés ont démenti tout acte répréhensible.

L'ESMA a entamé en juillet dernier une enquête accélérée sur l'application des règles de transparence de l'UE en matière d'information aux marchés et aux investisseurs par la BaFin, l'autorité allemande de surveillance des marchés financiers, et le Financial Reporting Enforcement Panel (FREP), un organisme de supervision comptable travaillant avec le régulateur national.

Dans un rapport long de 190 pages, l'ESMA met en évidence un certain nombre de lacunes, d'inefficacités et d'entraves juridiques et procédurales liés à l'indépendance de la BaFin vis-à-vis des émetteurs et du ministère des Finances.

"Pour la BaFin (...) il y a un risque accru d'influence du ministère des Finances étant donné la fréquence et le détail des rapports adressés au ministère des Finances dans le cas de Wirecard, dans certains cas avant que des mesures ne soient prises", indique le rapport.

Les conclusions de cette enquête seront utilisées par la Commission européenne afin d'évaluer le besoin d'une éventuelle centralisation de la surveillance des marchés de l'UE pour empêcher que de tels scandales ne se répètent.

Le directeur de la Bafin, Raimund Röseler a indiqué mardi ne pas avoir encore pris connaissance du rapport de l'ESMA mais a jugé que l'accusation selon laquelle la Bafin n'avait pas coopéré internationalement n'était pas justifiée.

(Huw Jones, version française Diana Mandiá, édité par Blandine Hénault)