Les incertitudes politiques aux Etats-Unis et les craintes concernant la propagation du coronavirus en Europe suscitent de vives inquiétudes sur les places financières en ce début de saison des résultats trimestriels. Bon nombre d’inconnues persistent, Brexit, élections américaines, vaccin, plan de relance US… engendrant une certaine volatilité sur les principaux indices. Après un passage à vide en septembre, les places financières reprennent néanmoins un peu de hauteur, confortées par des données macroéconomiques relativement solides, sur fond d’espoirs d’un horizon meilleur.

Si Wall Street s’en sort très bien, évoluant à quelques encablures de ses plus hauts historiques, l’Europe reste à la traîne, impactée par les valeurs cycliques, sensibles à la conjoncture, les financières et les pétrolières. Parmi les composantes du CAC40, depuis le début du mois, on notera la contre-performance d’Alstom (-10.6%), d’AXA (–9.8%), Crédit Agricole (-9.5%) ou même Total (-8%) tandis que les foncières et les technos se démarquent très nettement, à l’image d’Unibail (+30%) ou STM (+14%).

Les opérateurs continuent ainsi leurs arbitrages sectoriels, redoutant que l’expansion de la pandémie, laquelle engendre de nouvelles restrictions et reconfinements partiels en Europe, puisse nuire à la reprise économique en cours. Les dernières statistiques restent néanmoins de bonne facture malgré un léger ralentissement. En Chine, les récentes données ont rassuré même si le PIB est ressorti légèrement sous les attentes au troisième trimestre (4.9% contre 5.5% anticipé). La production industrielle a, en revanche, accéléré à +6.9% (+5.6% précédemment), les ventes au détail progressent de 3.3% après 0.5% le mois dernier et le taux de chômage retombe à 5.4%. Aux Etats-Unis, les chiffres étaient plus mitigés. Si les créations d’emplois ont déçu (661K contre 900K attendu et 1489K le mois dernier), le taux de chômage retombe à 7.9% (8.4% précédemment). Les ventes au détail rebondissent de 1.9% mais la production industrielle rechute parallèlement de 0.6%. Ce contraste se vérifie sur l’activité, avec un ralentissement de la progression de l’activité manufacturière tandis que celle des services accélère.

Accueillies sans réel enthousiasme, les premières publications trimestrielles ont globalement dépassé les attentes aux Etats-Unis. Selon Factset, pour les 10% des sociétés du S&P 500 qui ont dévoilé leurs comptes, 86% ont battu le consensus. Les analystes tablent désormais sur une baisse de l’ordre de 18.4% des bénéfices des sociétés au troisième trimestre (contre près de 21% fin septembre). Les publications vont nettement s’intensifier dans les semaines à venir et pourraient engendrer un retour de la volatilité sur les indices, d’autant plus à l’approche de la présidentielle américaine avec un plan de relance américain qui n’a toujours pas été adopté à cette heure.

La prudence reste donc de mise, compte tenu de la nette sous-performance des places européennes, tandis que les valorisations des sociétés restent très élevées aux Etats-Unis, à l’image du PER (Price earnings ratio) de 22 fois les bénéfices, bien au-delà de la moyenne historique de l’ordre de 15 pour le S&P500.

Graphiquement, en données hebdomadaires, la configuration n’a que peu évolué, le CAC40 se maintenant au sein d’une zone de consolidation horizontale entre 4730 et 5200 points. Sur cette échelle de temps, la configuration apparaît donc neutre. A plus court terme, la zone d’indécision s’est réduite, l’indice évoluant dans la zone des 4830/5075 points. La sortie de cette étroite zone de fluctuation pourrait être déterminante pour les semaines à venir. Le débordement des 5075 points devrait ouvrir la voie aux 5200 points puis 5310 points. Dans le cas contraire, sous les 4830 points, on pourra s’attendre à de nouveaux dégagements en direction des 4730 points voire 4670/4550 points par extension.