La Bourse de Paris achève cette première séance de la semaine sur un recul marqué de 2,9%, à 7011 points, pénalisée par le lourd recul des valeurs bancaires, avec notamment -6,8% sur BNP Paribas, -6,2% sur Société Générale et -3% sur Crédit Agricole.

Le recul des valeurs bancaires témoigne de la défiance des investisseurs et de l'ajustement de leurs portefeuilles après la faillite de la Silicon Valley Bank (SVB).

Les difficultés de cette banque ont réveillé les craintes au sujet de la fragilité du système financier dans un contexte de remontée des taux d'intérêt (qui dévalorise les stocks de Bons du Trésor qui servent de garantie en tant que quasi-liquidités) et de ralentissement de l'activité.

Par ailleurs, un effet domino incontestable s'est propagé puisque Signature Bank serait également au bord de la liquidation, First Republic affiche -78%, Western Alliance -75%, Zions Bancorp -45%, Charles Schwab -401%, Comerica -33%...).

Le nom de Bank of America circule également, mais en tant que banque 'systémique' elle n'a rien à craindre, avec un soutien de la FED et du Trésor garantis.

Il semble difficile d'évaluer l'exposition du secteur bancaire au dossier, mais bon nombre d'analystes tentent d'apaiser les inquiétudes récemment apparues chez les investisseurs (SVB aurait-elle perdu gros avec les startup de l'univers 'crypto', la faillite de Silvergate, le banquier de l'univers 'crypto' ce 8 mars, sème le doute ?).

L'affaire est évidemment un 'cygne noir' qui a mobilisé les plus hautes autorités politiques et monétaires : la Maison Blanche, le Trésor, la FDIC, la FED, la SEC, etc.

Joe Biden a déjà pris la parole pour souligner la 'solidité' du secteur bancaire US et assurer qu'il ne s'agit pas d'un 'bail out' (sauvetage par de l'argent public) et qu'il s'agissait de la mise en oeuvre de mécanismes de garantie temporaire (de fait illimitée) des avoirs des clients des banques (lesquelles se voient offrir en cas de besoin une ligne de 25 Mds$ de crédit).

Autre motif de soulagement, la Fed a garanti ce week-end que tous les clients (particuliers et entreprises) de la banque californienne pourraient retrouver intégralement leurs fonds.

Cela peut éteindre l'incendie et éviter un 'bank run' côté établissements de crédit, mais cela entraine une autre conséquence spectaculaire : une détente de -100Pts en 3 séances des taux à '2 ans', passés de 5,08 à 3,99% vers 15H.

Le '10 ans' américain se détend de -20Pts à 3,5%, le '1 an' de 5,01% vers 4,35%, le '6 mois' de 5,13 vers 4,73%: autrement dit, les marchés parient sur l'arrêt immédiat du cycle de hausse de taux par la FED (0,00% en mars contre 0,50% anticipé jeudi dernier, plus rien ensuite): la lutte contre l'inflation serait tout simplement abandonnée séance tenante !

'S'il est vrai que l'annonce d'une défaillance bancaire relance immédiatement les souvenirs de la crise financière de 2008, nous pensons qu'il est trop tôt et encore injustifié d'établir de telles comparaisons pour le moment', écrivent les équipes du courtier américain Edward Jones.

'Nous pensons qu'il ne faut pas écarter un risque de crédit avec l'affaiblissement des conditions économiques, mais SVB reste une toute petite institution en comparaison du système bancaire américain (19.800 milliards de dollars)', ajoute le broker.

Si les problèmes des banques américaines devaient s'accentuer, la forte baisse subie la semaine dernière par les grands indices boursiers pourrait bien se prolonger.

La semaine s'annonce par ailleurs animée tant sur le front des politiques monétaires que sur celui des entreprises et de l'économie.
La prudence sur les marchés mondiaux devrait être renforcée par l'attente de la publication, demain, des derniers chiffres de l'inflation aux Etats-Unis, qui devraient permettre de déterminer si la hausse de prix reflue enfin.

Au niveau des politiques monétaires, la BCE - qui est loin d'avoir atteint son objectif d'inflation - devait de nouveau relever ses taux directeurs de 50 points de base ce jeudi et maintenir le cap en vue de prochaines hausses de taux... mais peut-elle agir de la sorte et ne pas s'aligner sur la FED (sinon l'Euro qui gagne déjà 0,8% à 1,0730$ pourrait s'envoler au-delà des 1,08 et même 1,10$).

Nos OAT effacent -21Pts à 2,80%, les Bunds allemands -23Pts à 2,26%... mais les BTP italiens seulement -15Pts à 4,17%.

Avec une inflation qui devrait rester assez soutenue et d'autres hausses de taux d'intérêt à prévoir, la configuration actuelle crée un environnement difficile pour les actifs à risque, comme le montre le récent parcours chaotique des indices boursiers.

'Il nous semble trop tôt pour placer de gros paris risqués sur le simple espoir que les banques centrales feront tout exactement comme il faut, au bon moment, sans que les marchés ne perdent la tête à un moment ou à un autre en cours de route', avertissait récemment Björn Jesch, le directeur des investissements chez DWS.

Dans l'actualité des sociétés, Sanofi a annoncé se porter acquéreur des actions en circulation de Provention Bio, à raison 25,00 dollars américains par action, ce qui représente une transaction en numéraire valorisée approximativement à 2,9 milliards de dollars américains.

Airbus Defence and Space s'associe à Kythera Space Solutions pour le logiciel de dimensionnement de mission OneSat. Les deux groupes vont développer un logiciel de dimensionnement de mission de charge utile pour le satellite défini par logiciel (SDS) OneSat d'Airbus.

Getlink, la maison-mère d'Eurotunnel, a annoncé lundi le lancement d'un abonnement 'premium', baptisé 'First', qui doit permettre aux clients de bénéficier d'un accès prioritaire aux voies de contrôle, d'embarquement et lors des passages aux douanes.


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