L'action Bayer a perdu plus d'un tiers de sa valeur, faisant chuter la capitalisation boursière du groupe d'environ 30 milliards d'euros, depuis qu'un jury aux Etats-Unis a décidé en août dernier que le chimiste allemand pouvait être tenu responsable du manque d'informations fournies par Monsanto au sujet des risques présumés de cancer liés à son herbicide Roundup. Un autre jugement similaire, défavorable à Bayer, a encore été rendu le mois dernier.

Plus de 11.000 plaignants réclament des indemnités à Bayer pour leur exposition au Roundup de Monsanto.

"C'est assez radical quand une acquisition provoque aussi rapidement une telle destruction de valeur et nuit autant à la réputation. Il n'est plus possible de parler d'acquisition réussie", a déclaré Ingo Speich, responsable des questions de développement durable et de gouvernance d'entreprise chez Deka Investment, à Reuters. Il fera partie des actionnaires qui prendront la parole lors de l'AG.

"Ce qui est étonnant, c'est que les choses ont de fait échappé au contrôle de la direction car nous sommes désormais parvenus à un point où les décisions sur les évolutions futures sont prises dans des tribunaux", a-t-il poursuivi, en jugeant que la direction de Bayer avait assurément sous-estimé les risques juridiques de cette opération.

Avec une participation d'environ 1%, Deka se présente comme le 10e actionnaire de Bayer.

Les cabinets de conseil ISS et Glass Lewis ont recommandé la semaine dernière aux actionnaires de Bayer de ne pas approuver l'action du directoire du groupe lors de l'AG du 26 avril.

Ce vote est essentiellement symbolique car il est sans conséquence directe pour les dirigeants mais il permet de mesurer le degré de satisfaction des actionnaires à leur égard.

Ingo Speich a refusé de dire comment voterait Deka.

A ses yeux, Bayer pourrait maintenant devenir une cible d'investisseurs activistes susceptibles de vouloir démanteler le groupe, même si les risques juridiques pourraient les dissuader dans l'immédiat.

Ces poursuites judiciaires aux Etats-Unis risquent aussi d'accaparer l'attention des dirigeants du groupe au moment où ils "devraient être pleinement absorbés par l'intégration de Monsanto", a dit Ingo Speich.

(Bertrand Boucey pour le service français)

par Patricia Weiss et Ludwig Burger