C'est le troisième jugement consécutif que perd Bayer aux Etats-Unis - à chaque fois devant des tribunaux californiens - dans le dossier du Roundup.

Bayer a racheté Monsanto, fabricant du Roundup, l'an dernier pour 63 milliards de dollars. Il doit faire face à plus de 13.400 actions en justice aux Etats-Unis.

Le jury de la Cour supérieure d'Oakland a estimé que Bayer était responsable du lymphome développé par chacun des deux plaignants, Alva et Alberta Pilliod, a déclaré une porte-parole du couple.

Les jurés ont ordonné le versement de 18 millions de dollars de dommages compensatoires et 1 milliard de dollars de dommages punitifs à Alva Pilliod, et de 37 millions de dollars de dommages compensatoires et 1 milliard de dollars de dommages punitifs à son épouse Alberta.

Ils ont estimé que le Roundup était un produit défectueux, que Monsanto avait omis d'avertir des risques cancérigènes que présentait son herbicide et que la firme avait fait preuve de négligence.

Bayer dément que le Roundup, ou glyphosate, soit cancérigène, mettant en avant des décennies d'études et d'autorisations réglementaires prouvant selon lui l'innocuité du Roundup pour l'humain.

Dans un communiqué, la compagnie s'est dit déçue par le verdict et a annoncé qu'elle ferait appel de la décision, considérée par un porte-parole de Bayer comme "excessive et injustifiable".

"Le contraste entre le verdict prononcé aujourd'hui et (l'évaluation de l'agence américaine de protection de l'environnement) selon laquelle il n'y a 'aucun risque pour la santé publique avec les utilisations actuelles du glyphosate' ne pourrait être plus important", est-il écrit dans le communiqué.

Le juge Winifred Smith, qui a supervisé le procès des plaignants Pilliod, n'a pas autorisé Bayer à présenter la dernière évaluation publiée par l'agence américaine de protection de l'environnement (EPA), considérant qu'il ne s'agissait pas d'une nouvelle étude scientifique mais simplement d'un "commentaire".

Le mois dernier, l'EPA a déclaré que le glyphosate n'était pas cancérigène pour les humains, confirmant les conclusions d'un précédent rapport qu'elle a publié en septembre 2017 après des dizaines d'années d'études.

En 2015, l'Organisation mondiale de la santé (OMS) a classé pour sa part le glyphosate parmi les produits "probablement cancérigènes pour les humains".

(Tina Bellon; Jean-Stéphane Brosse et Jean Terzian pour le service français)