L’indice majeur de Sao Paulo affiche, à contre tendance des principales places boursières mondiales, une performance négative, de plus de 10% depuis le début de l’année. Cette dégradation de la valorisation des 71 plus grandes capitalisations du pays tranche avec les performances « sans fin » des indices mondiaux.

Comment expliquer ce fort décalage ?

L’ensemble de la planète économique est soutenu par une baisse généralisée des taux directeurs. En revanche, au Brésil, le regain d’inflation a déjà obligé les autorités à resserrer la politique monétaire pour la première fois depuis près de deux ans ; le taux directeur se situe dorénavant à 7.5%. En effet, les indices des prix ont largement dépassé les niveaux ciblés avec une progression annuelle de 6.6%, lors de la dernière publication mensuelle. Cette flambée générale des prix provient essentiellement du secteur des aliments et boissons qui a augmenté de 9.8% au cours de l’année 2012, compensée partiellement par une récente hausse du salaire minimum de 8.5%.

Cette hausse des taux marque un coup d’arrêt à la politique monétaire accommodante nationale et ses 11 baisses consécutives. Le taux directeur Selic (Sistema Especial de Liquidação e Custodia) pourrait être à nouveau relevé dans les mois à venir car la banque centrale locale doit agir avec habileté dans un environnement économique global fragile. Certains analystes n'hésitent pas à parler d’un redressement monétaire de 100 à 150 points de base pour espérer retrouver des taux normatifs d’inflation de 4.5 % annuels.
La présidente Dilma Rousseff avait pourtant anticipé ce dérapage, en mettant en place des nouvelles mesures : baisse des tarifs de l’électricité, encadrement de certains prix des services publics, et du transport.
Ce durcissement monétaire arrive dans un climat de faible progression du PIB 2012 (+0,9%). Lanterne rouge des BRICs, le Brésil doit réagir et le gouvernement en place devra s’employer avec diligence pour générer un minimum de croissance afin de maintenir ses chances d’être réélu lors prochaines élections en octobre 2014, d'autant que le FMI a revu en baisse de 3.5% à 3 % les perspectives de croissance pour 2013.

Les investisseurs ont délaissé la bourse de Sao Paulo depuis plusieurs trimestres, majoritairement déçus par le fait que les entreprises du pays n‘ont pas pu profiter de la stabilité du réal. De plus, les gains de productivité sont lents par rapport aux autres pays émergents et la faiblesse des investissements a rendu l’industrie peu compétitive. Cette paralysie additive au dérapage des prix freine la consommation.

Néanmoins, le pays possède des atouts lui procurant les moyens de rebondir :

Le Brésil représente la moitié du territoire de l’Amérique du sud, soit 15 fois la France avec une population proche de 200 millions d’habitants. Il reste leader de son continent pour se placer, aujourd’hui, à la sixième place mondiale en termes de PIB, juste derrière la France, qu’elle pourrait dépasser pour les experts en 2015. Le pays doit profiter de sa position de troisième producteur agricole mondial et de sa situation privilégiée d’autosuffisance en énergie, pour dynamiser son économie.

De plus, les prochains événements mondiaux organisés par le pays : Coupe du monde de football (2014) et Jeux Olympiques en 2016, vont permettre la mise en place d’un plan de 66 milliards de dollars pour la modernisation de l’infrastructure routière, ferroviaire et aéroportuaire.

Son ancien Président Lula n’avait, d’ailleurs, pas hésité à déclarer que le pays possédait un « vrai passeport pour le futur ».

Aspect graphique de l’indice

Les cours de l’indice brésilien restent sous pression malgré l’euphorie porteuse des places mondiales. Néanmoins des arbitrages pourraient se mettre en place à l’aube des grands événements nationaux. L’intérêt des investisseurs pourrait se manifester au contact de la zone basse hebdomadaire des 53950 points avec un potentiel de reprise sur les 57500 points niveau des moyennes mobiles 50 et 100 semaines. Néanmoins, un stop de protection sera déclenché sous les 52500 points, signe d’une nouvelle dégradation.