Zurich (awp) - Le chimiste de spécialités Clariant et son actionnaire de référence le pétrochimiste saoudien Saudi Basic Industries (Sabic) ont admis jeudi des divergences "d'ordre professionnel". Les analystes s'interrogent sur la nature de cette mésentente, après la démission surprise du directeur général de l'entreprise rhénane, Ernesto Occhiello, issu des rangs de Sabic.

Lors de sa prise de participation du quart du capital-actions de Clariant, Sabic avait insisté sur le fait qu'il n'envisageait pas de faire main basse sur la firme bâloise. A cet effet, les parties avaient signé un accord de gouvernance garantissant le maintien de l'indépendance de la société bâloise en tant qu'entreprise cotée à la Bourse suisse.

Hariolf Kottmann, directeur général par intérim et président du conseil d'administration, a réaffirmé le statut de Sabic dans un entretien accordé jeudi à AWP.

En septembre, les deux entreprises s'entendaient sur le regroupement de certaines de leurs activités au sein d'une unité conjointe "High Performance Materials" (ou matériaux de haute performance). La suspension de ce projet a été annoncée jeudi, les deux sociétés n'ayant pas trouvé de compromis, selon M. Kottmann.

Le dirigeant par interim de Clariant a précisé que "les discussions avec les saoudiens n'ont pas été interrompues et il n'est pas exclu que la création de l'unité "High Performance Materials" revienne à l'ordre du jour".

Ancien responsable chez Sabic, Ernesto Occhiello prenait la direction générale de Clariant en Octobre 2018. Sa démission mercredi avec effet immédiat "pour des raisons personnelles" intervient neuf mois à peine après qu'il ait succédé à ce poste à Hariolf Kottmann. Le communiqué publié jeudi à l'occasion de la publication des résultats semestriels de Clariant n'en fait aucune mention.

"Ma relation avec Ernesto était très bonne. Il n'y avait pas de dispute", a indiqué M. Kottmann à AWP. Ce dernier ajoute par ailleurs que le prochain directeur ne sera pas nécessairement issu de Sabic.

D'entente avec le pétrochimiste saoudien, le processus de cession des activités les moins rentables de Clariant se poursuit. L'entreprise entend toutefois aussi se défaire, d'ici 2020, de l'entier de son activité "Masterbatches", dont l'intégration au sein de l'unité conjointe "High Performance Materials" avec Sabic était prévue.

Selon l'analyste de Baader Helvea, Sabic est intéressé par une prise de contrôle totale de Clariant, ayant eu le loisir d'examiner les comptes du chimiste suisse ces dix derniers mois. "Ce n'est qu'une question de temps".

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