Paris (awp/afp) - Le groupe français Elior, recentré sur la restauration collective et les services, a averti mercredi que ses revenus accuseraient un repli organique en 2018/2019, après un premier semestre encore difficile, un avertissement sur résultats qui a fait tanguer son titre en Bourse.

Alors qu'il tablait jusqu'ici sur une progression de sa croissance organique "supérieure à 1%" pour l'exercice décalé en cours, le groupe a prévenu mercredi les investisseurs qu'il tablait désormais sur un recul de 1%.

Après avoir dévissé de plus de 10% à la Bourse de Paris, l'action s'est reprise et ne cédait plus que 3% à 10,49 euros, dans un marché en net recul de 1,9%, à 15H00.

Cet abaissement de perspectives est lié au nouveau périmètre d'Elior, a expliqué le directeur général Philippe Guillemot lors d'une conférence téléphonique: la prévision de croissance organique donnée auparavant englobait les activités d'Areas, numéro trois mondial de la restauration de concession, que le fonds PAI Partners rachète pour 1,54 milliard d'euros.

Le groupe prévoit également une stabilisation de ses marges et une "forte amélioration de la génération de free cash-flow opérationnel". Il a publié mercredi un résultat net à l'équilibre au premier semestre de son exercice décalé, pour un chiffre d'affaires en hausse de 1,4% à 2,6 milliards d'euros, qui exclut donc la restauration de concession, en cours de vente.

Les analystes d'Oddo BHF ont jugé "décevants" ces résultats ainsi que les perspectives pour l'exercice 2018/2019, tout en saluant une "meilleure visibilité sur le moyen terme pour les activités sous-jacentes".

Chez Bryan Garnier & Co, Bruno de la Rochebrochard a relevé des perspectives pour l'exercice en cours "très ambitieuses", tout en estimant qu'Elior va devoir renouer avec "une dynamique commerciale importante".

Grâce à la vente d'Areas, qui doit être bouclée à l'été, Elior pourrait reverser à ses actionnaires 350 millions d'euros cumulés en 2020 et 2021, mais il pourrait aussi utiliser cet argent pour des acquisitions, a précisé M. Guillemot.

Cette cession ouvre la voie à un "nouvel Elior, plus solide, avec un bilan renforcé et recentré sur notre coeur de métier, la restauration collective et les services" qui représentait 75% de son activité globale avant la cession d'Areas, a-t-il affirmé. Le groupe table sur une "remontée de (ses) marges dès le second semestre 2019".

Sur les six premiers mois de 2018/2019, l'Ebita (bénéfice avant intérêts, impôts et amortissements) ajusté est de 122 millions d'euros, en recul de 9 millions d'euros comparé à un an plus tôt.

Sorties "volontaires" de contrats en Italie

Le groupe se félicite d'avoir enregistré une activité commerciale dynamique sur la première moitié de l'exercice, où il a engrangé des contrats "significatifs en restauration collective et services", avec Renault, Télécom ParisTech, l'APEI Chambéry et l'université de Bordeaux en France. A l'international, il a signé avec le groupe South Western Railway au Royaume-Uni, l'université du Wisconsin aux États-Unis, BASF en Espagne, ou encore Mercedes-Benz en Inde, détaille-t-il.

Toutefois aux États-Unis, la croissance ralentit au premier semestre, du fait de la perte inattendue d'un contrat avec l'Alabama Department of Social Services.

Et en Italie, le chiffre d'affaires a pâti de "la décision de ne pas renouveler des contrats significatifs dans le secteur public", indique Elior sans davantage de précisions. Un "choix parfaitement assumé" pour le groupe, qui ne veut pas conserver de contrats peu rentables et se montre désormais "plus sélectif" sur les marchés qu'il vise, selon M. Guillemot.

De même, au Royaume-Uni, le chiffre d'affaires a reculé en raison de "l'arrêt d'un contrat avec le ministère de la Défense", mais aussi "d'un environnement de marché plus difficile", admet Elior.

La part du chiffre d'affaires réalisé à l'étranger atteint 55% au 1er semestre, contre 54 % un an auparavant.

En France, le chiffre d'affaires s'est élevé à 1,16 milliard d'euros, affichant une croissance organique de 0,9%, contre un recul de 0,6% pour l'ensemble des activités, affectées par les "sorties volontaires de contrats" en Italie.

Présent dans 15 pays, Elior, qui compte 132.000 salariés, table sur "une accélération" de sa croissance organique, dès 2019/2020.

afp/rp