par Vladimir Soldatkin et Roberta Rampton

BUENOS AIRES, 1er décembre (Reuters) - Les dirigeants du groupe des cinq puissances émergentes - Brésil, Russie, Inde, Chine et Afrique du Sud - ont condamné le protectionnisme dans un communiqué publié vendredi lors du sommet du G20 en Argentine dominé par la guerre commerciale entre les Etats-Unis et la Chine.

Le sommet organisé à Buenos Aires vendredi et samedi marque les retrouvailles des chefs d'Etat et de gouvernement des vingt pays depuis la décision du président américain Donald Trump d'imposer des taxes sur 250 milliards de dollars de produits importés de Chine, afin de forcer Pékin à faire des concessions dans les relations commerciales sino-américaines. La Chine a riposté en taxant des produits américains.

Si l'Argentine, qui préside le sommet, s'efforce de promouvoir les vertus du consensus, les divergences sur de nombreux sujets, à commencer par le commerce, le climat et la politique migratoire, apparaissent trop nombreuses et trop vives pour être facilement surmontées.

L'un des points forts de ce sommet sera le dîner samedi entre Donald Trump et le président chinois Xi Jinping.

Avant de s'envoler pour Buenos Aires, Donald Trump a dit être ouvert à un accord commercial avec Pékin mais qu'il n'était pas certain d'en vouloir un, en raison des résultats positifs des tarifs douaniers imposés sur les produits chinois.

Xi Jinping et les autres dirigeants du groupe des puissances émergentes, dit le "Brics", ont appelé vendredi dans un communiqué commun à un commerce international ouvert et au respect de l'Organisation mondiale du commerce (OMC).

"L'esprit et les règlements de l'OMC vont à l'opposé de l'unilatéralisme et des mesures protectionnistes. Nous demandons à tous les membres de s'opposer à de telles mesures (...) et de respecter les engagements pris auprès de l'OMC", ont-ils écrit.

WASHINGTON ET PÉKIN FONT PART DE LEUR OPTIMISME

Pékin espère dissuader Washington d'imposer de nouveaux droits de douane sur les produits chinois. Les Etats-Unis prévoient de porter dès le 1er janvier prochain à 25% les tarifs douaniers sur quelque 200 milliards de dollars de produits importés chinois, contre 10% à l'heure actuelle.

Un représentant du ministère chinois des Affaires étrangères a dit que les chances de parvenir à un consensus augmentaient, tout en notant que des divergences subsistaient.

Le représentant américain au Commerce, Robert Lighthizer, a déclaré qu'il serait "surpris" si cette rencontre entre les deux présidents "n'était pas un succès".

Au moment où les dirigeants des pays membres du G20 commençaient à arriver à Buenos Aires jeudi, les travaux préparatoires piétinaient sur la rédaction de la déclaration que les dirigeants publieront samedi à l'issue du sommet.

D'après une représentante du gouvernement russe, la rédaction du texte n'a jamais été aussi longue. "C'est très compliqué", a-t-elle dit, précisant que des divergences demeuraient sur toutes les questions majeures.

Sur les marchés financiers, la question du communiqué final du G20 importe moins que celle des rencontres bilatérales que permettent ces réunions de dirigeants.

Exemple des tensions qui règnent au sein du G20, le président de la Commission européenne, Donald Tusk, s'est dit certain que l'Union européenne renouvellerait en décembre ses sanctions économiques contre la Russie, après l'incident survenu entre les marines russe et ukrainienne en mer d'Azov.

Donald Trump a lui annoncé jeudi qu'il annulait une rencontre prévue au sommet du G20 avec le président russe Vladimir Poutine, justifiant sa décision par le regain des tensions entre Moscou et Kiev.

La Russie s'est demandée si cette annulation n'était pas plutôt due à des questions de politique intérieure américaine, allusion aux derniers développements de l'"enquête russe" que mène le procureur spécial Robert Mueller.

RENCONTRE ENTRE EMMANUEL MACRON ET MOHAMED BEN SALMAN

La présence à Buenos Aires du prince héritier saoudien Mohamed ben Salman, près de deux mois après l'assassinat du journaliste et opposant Jamal Khashoggi, alimente également les discussions.

Mohamed ben Salman, dit "MbS", a affiché sa proximité avec Vladimir Poutine, avec lequel il a échangé quelques plaisanteries, lors de la séance plénière du sommet.

Le président français Emmanuel Macron a rencontré en marge du sommet le prince saoudien et, "faisant passer des messages de manière très ferme", lui a demandé d'associer des experts internationaux à l'enquête sur l'assassinat de Khashoggi, a fait savoir la présidence française.

Emmanuel Macron s'est aussi entretenu avec le Premier ministre japonais Shinzo Abe afin de désamorcer la crise naissante concernant l'équilibre des pouvoirs au sein de Renault-Nissan . Il a rappelé qu'il était attaché à la préservation de cette alliance automobile.

Avant l'ouverture du sommet, Donald Trump, le Premier ministre canadien Justin Trudeau et le président sortant du Mexique Enrique Peña Nieto ont signé l'Accord Etats-Unis–Mexique–Canada (AEUMC) qui succède à l'Accord de libre-échange nord-américain (Aléna) qui était en vigueur depuis près d'un quart de siècle. (avec Michael Martina, Matt Spetalnick, Maximilian Heath, Scott Squires, Cassandra Garrison et Kylie MacLellan; Nicolas Delame, Marc Angrand, Henri-Pierre André, Guy Kerivel et Jean Terzian pour le service français)

Valeurs citées dans l'article : Nissan Motor Co Ltd, Renault