PARIS (Reuters) - Emmanuel Macron a demandé mardi à la cinquantaine de sites les plus polluants du pays de baisser de moitié leur volume d'émissions de gaz à effet de serre (GES) d'ici dix ans, leur promettant de nouvelles aides s'ils redoublent d'efforts en la matière.

Dans un discours à l'Elysée, le président français a demandé que les contrats de sites et de filières soient revus d'ici six mois, invitant à accélérer la décarbonation en favorisant le déploiement de l'hydrogène, la capture du CO2 et la biomasse.

"Si des projets et des sites sont identifiés d'ici à 18 mois, si vous doublez vos efforts (..) nous doublerons les moyens consacrés à cet enjeu et passerons l'enveloppe de cinq à dix milliards d'euros d'accompagnement public", a dit Emmanuel Macron.

Au lendemain de sa participation au sommet de la COP27 en Egypte, le chef de l'Etat a reçu à l'Elysée une cinquantaine de responsables des sites représentant à eux tous environ 10% des émissions de gaz à effet de serre du pays.

L'industrie, qui représente 10% des emplois en France, compte pour 20% du total national des émissions de gaz à effet de serre.

Parmi les 50 sites conviés à l'Elysée, qui représentent près de 30.000 emplois, figurent des cimenteries, des usines chimiques, sidérurgiques et des verreries appartenant à des groupes comme Lafarge, Saint-Gobain, ExxonMobil, ArcelorMittal et TotalEnergies, notamment.

Le président leur a demandé de mettre tout en oeuvre pour respecter l'objectif européen de réduire les GES d'au moins 55% d'ici 2030 en vue d'une neutralité carbone à l'horizon 2050.

Les Etats-Unis ont fixé le même objectif de décarbonation en prévoyant des subventions massives pour y parvenir via l'"Inflation Reduction Act" (Ira), tandis que la Chine a évoqué la date de 2060.

"Nous avons besoin d'en tirer les conséquences en Europe", a dit Emmanuel Macron au sujet des aides américaines.

"Je pense que ce n'est pas conforme aux règles de l'Organisation mondiale du commerce. Je pense que ce n'est pas amical", a ajouté le chef de l'Etat, qui a dit son intention d'en parler à Washington lors de sa visite d'Etat prévue du 30 novembre au 2 décembre.

"Il y a besoin d'un réveil européen sur ce point", a-t-il ajouté. "L'Europe ne peut pas être le seul endroit où il n'y a pas de Buy European act."

(Elizabeth Pineau avec Nicolas Delame, édité par Sophie Louet)