Après la fantasque séance boursière de mercredi, qui avait vu les indices s'envoler, celle de jeudi est apparue plus en phase avec les démons actuels des investisseurs. Les indices européens les plus défensifs ont reperdu environ 1%, tandis que les plus volatils ont cédé 3%. Aux Etats-Unis, la séance s'est achevée en baisse, mais sans écarts exceptionnels : le Dow Jones a rendu 0,34%, le S&P500 un peu plus de 0,4% et le Nasdaq 1,1%.

Beaucoup d'événements se sont télescopés hier. D'abord, l'absence d'avancées réelles lors d'un nouveau round de négociations entre émissaires ukrainiens et russes en Turquie. La guerre en Ukraine fait toujours rage et les troupes russes concentrent leurs efforts sur l'encerclement des métropoles du pays qui sont à sa portée, dont la capitale Kyiv et le port d'Odessa. Les seules concessions concernent des couloirs d'évacuation pas vraiment sûrs et des promesses de mise en sécurité des centrales nucléaires du pays.

Pendant que la guerre ravage l'Ukraine, les Européens tentent de poser les bases d'une nouvelle Union plus en phase avec le présent. C'est lancé à Versailles depuis hier et c'est jusqu'à ce soir. En parallèle, la Banque centrale européenne a ajusté sa politique monétaire : la morsure de l'inflation est telle que la réduction des rachats d'actifs démarrera dès le mois de juin. L'option d'une hausse de taux dès cette année est toujours dans les cartons. Enfin, l'institut statistique américain a publié hier les chiffres de la hausse des prix en février. Cette hausse atteint 0,8% en février et 7,9% sur un an. C'est ce qui était prévu mais cela reste préoccupant, surtout si le pic se retrouve décalé à cause des remous géopolitiques en cours. La réponse de la banque centrale américaine est prévue la semaine prochaine, précisément le 16 mars avec le lancement du cycle de hausse des taux. Heureusement et pour le moment, l'économie américaine continue à tourner à plein régime.

Pour terminer la semaine, je vous propose un sujet plus léger. Il se trouve que je m'étais posé la question mardi de l'impact de la flambée des cours du nickel sur le coût de fabrication des pièces de monnaie. Oui, parfois j'ai de drôles de trucs en tête. Mais je n'étais pas le seul puisque ma consœur du Financial Times Claire Jones a eu la même idée. Je me permets donc de la citer puisqu'elle était allée plus loin que moi dans sa réflexion. Elle est partie de la pièce américaine de 5 cents, qu'on appelle d'ailleurs "a nickel" et qui ne permet plus d'acheter grand-chose.

En gros, la pièce compte 25% de nickel, ou 1,25 gramme. Avec un nickel à 100 000 USD la tonne comme ce fut le cas en pleine fièvre spéculative cette semaine sur le LME, ça donne un coût du métal de 12,5 cents pour une pièce de 5 cents. En réalité, la pièce coûte plus cher puisqu'elle contient aussi 75% de cuivre (qui se négocie 10 000 USD la tonne). Et je ne parle pas des frais de fabrication. L'agence américaine qui possède l'exclusivité de la frappe de la monnaie (US Mint) évaluait l'année dernière le coût de production de la pièce de 5 cents à 8,52 cents, en hausse de 14,8% sur un an. Avant les hausses précitées (le nickel cotait alors 17 503 USD la tonne). Moralité, le métal contenu dans la pièce vaut plus que la pièce elle-même, peut-être même bien plus désormais. Mais est-il pour autant possible d'en faire le commerce ? Apparemment pas, en tout cas pas dans la sphère légale : il est interdit de fondre une pièce de monnaie américaine. L'US Mint a précisé que le prix de production plus élevé que la valeur faciale de la pièce lui a coûté 61 M$ en 2021.

En Europe, les pièces de 1,2 et 5 centimes sont en acier cuivré, et celles de 10, 20 et 50 centimes en "or nordique", qui est un alliage de cuivre (89%), d'aluminium, de zinc et d'étain. Si vous êtes à l'affût de nickel, vous pouvez toujours vous rabattre sur les pièces de 1 et de 2 euros : elles en contiennent toutes les deux, à hauteur de 25% dans la partie argentée et de 5% dans la partie dorée. Cela représente un peu plus d'1 gramme sur une pièce de 2 euros. Mais même à 100 000 USD la tonne, il n'y aurait pas de quoi devenir trader sur métaux.

Les indicateurs avancés étaient hésitants et volatils ce matin, mais ils ont finalement pris le chemin de l'ascension. L'Asie est repartie en baisse pour terminer la semaine : -2,1% à Tokyo, -1,9% à Hong Kong et -0,9% à Sydney. Le CAC40 gagnait 0,4% à 6228 points peu après l'ouverture. 

Les temps forts économiques du jour

L'indice de confiance des consommateurs de l'Université du Michigan du mois de mars sera publié à 16h00.

L'euro revient autour de 1,10 USD. L'once d'or reste ferme autour de 1987 USD. Le pétrole est toujours volatile, avec un Brent de Mer du Nord à 109,42 USD et un brut léger américain WTI à 106,44 USD. Le rendement de la dette américaine se rapproche à nouveau du cap des 2%, à 1,97% sur 10 ans, et le Bund prend 5 points à 0,27%. Le bitcoin navigue autour de 38 500 USD.

Les principaux changements de recommandations

  • Adidas : HSBC passe de conserver à achat en visant 270 EUR
  • Bâloise : Berenberg reste à conserver avec un objectif de cours relevé de 161,5 à 170,80 EUR.
  • Coats : Jefferies reste à l'achat avec un objectif de cours relevé de 91 à 95 GBp.
  • Fevertree : J.P. Morgan passe de souspondérer à neutre en visant 1650 GBp.
  • Hapag-Lloyd : Berenberg reste à conserver avec un objectif de cours relevé de 120 à 150 EUR.
  • Haulotte : Société Générale passe d'acheter à conserver en visant 4,80 EUR.
  • Komax : UBS reste à la vente mais relève son objectif de cours de 129 à 190 CHF.
  • Korian : Berenberg reste à l'achat avec un objectif de cours réduit de 39 à 35 EUR.
  • LNA Santé : Berenberg reste à conserver avec un objectif de cours réduit de 49 à 38 EUR.
  • Orpéa : Berenberg reste à l'achat avec un objectif de cours réduit de 110 à 70 EUR.
  • Prudential : Jefferies reste à l'achat avec un objectif de cours réduit de 1800 à 1650 GBp.
  • Renault : AlphaValue passe d'acheter à accumuler en visant 29,60 EUR.
  • Repsol : Exane BNP Paribas passe de neutre à sousperformance en visant 13,50 EUR.
  • Royal Boskalis : HSBC passe d'acheter à conserver en visant 33,50 EUR.
  • Sampo : AlphaValue passe de vendre à alléger en visant 38,90 EUR.
  • Shell : Exane BNP Paribas passe de neutre à surperformance en visant 2800 GBp.
  • The Weir Group : HSBC passe de conserver à achat en visant 1980 GBp.
  • Vivendi : Barclays passe de pondération en ligne surpondérer en visant 12,80 EUR.
  • Vonovia : RBC passe de performance sectorielle à surperformance en visant 53 EUR.
  • Wizz Air : HSBC passe de vendre à conserver en visant 2500 GBp.

En France

Résultats notables de sociétés

  • EssilorLuxottica : la marge opérationnelle progresse à 17% en 2021. Le groupe a publié des objectifs 2026.
  • Spie : le groupe vise 3% de croissance organique cette année. Il n'a pas d'exposition à la Russie ou à l'Ukraine.

Annonces importantes (et moins importantes)

Dans le monde

Annonces importantes (et autres)

  • Deutsche Telekom aurait engagé Goldman Sachs pour la vente de son activité "tours" pour 20 Mds$.
  • Goldman Sachs devient la première grande banque américaine à quitter la Russie. JPMorgan Chase signale qu'il démantèle activement ses activités dans le pays.
  • Tod's est optimiste pour 2022 après avoir dépassé ses prévisions de bénéfices.
  • Les bénéfices de Leonardo dépassent les attentes en 2021.
  • Résultats mitigés pour Oracle, dont le titre tient.
  • Rivian décroche de 13% hors séance après avoir averti de perturbations sur sa chaîne d'approvisionnement.
  • Toyota va réduire sa production au Japon au deuxième trimestre.
  • AIA Group va racheter 10 Mds$ de ses propres actions.
  • Tik-Tok serait proche d'un accord avec Oracle pour héberger ses données.
  • Marks and Spencer nomme pour la première fois un duo homme-femme à sa tête.
  • Le cimentier Lafarge (Holcim) va renforcer ses investissements de décarbonation.
  • Didi renoncerait à son IPO à Hong Kong à cause d'une enquête sur sa cybersécurité.
  • A Wall Street, les entreprises chinoises BeiGene, Zai Lab, HutchMed, Yum China et ACM Research sommées de se conformer aux exigences de la SEC ou de quitter la cote.
  • La marque de lingerie de Rihanna envisagerait une entrée en bourse sur la base d'une valorisation de 3 Mds$.
  • Les principales publications du jour : EssilorLuxottica, Atlantia, Fraport, Spie, SESA, BodycoteTout l'agenda ici.

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