Est-ce que c'est déjà plié ? Tout concourt à ce que l'un des scénarios préférés des marchés se réalise. L'inflation poursuit sa décrue aux Etats-Unis, la Fed devrait passer son tour ce soir et maintenir un statu quo sur ses taux. Et mon petit doigt me dit que ça va continuer à spéculer fort sur le fait que le pic de taux est passé, ou plutôt que le taux des Fed Funds n'ira pas plus haut qu'il ne l'est actuellement, ce qui revient à peu près à dire la même chose. Attention, je ne dis pas que c'est la position majoritaire. D'ailleurs, le marché considère toujours qu'une hausse de taux est un scénario crédible lors de la réunion de la fin du mois de juillet. Mais sur le court terme, c'est presque cousu de fil blanc.

Ainsi, la Fed devrait passer son tour ce soir. Le vocabulaire compte, comme je le soulignais lundi. Les banquiers centraux américains ont l'air de vouloir communiquer avec le terme skip, c’est-à-dire "sauter" concernant cette réunion de juin. Le mot a une connotation différente du terme pause, fréquemment utilisé (c'est le même mot en français et en anglais). Pause suggère que le cycle de resserrement monétaire est peut-être terminé. Skip qu'il ne l'est pas. Une fois de plus, la différence est subtile mais parfois, un message bien calibré peut permettre de remplacer une action. Si la Fed conserve un ton ferme, les acteurs économiques garderont le pied sur la pédale de frein, ce qui concourra à l'objectif de ralentissement de l'économie et donc de jugulation de la surchauffe des prix. La banque centrale pourrait ainsi s'épargner un futur tour de vis monétaire par la seule force de sa communication. Le poids des mots, en somme.

Pour résumer : le pari embouteillé du jour, c'est que la Fed laissera ses taux inchangés tout en faisant encore les gros yeux, à la fois pour impressionner les financiers et pour se garder la possibilité d'agir en fonction des données qui remonteront d'ici la prochaine réunion.

Ce qui est marrant, enfin si on considère que le marché des taux est un truc rigolo, c'est que la confirmation de la décrue de l'inflation américaine hier a entraîné un petit mouvement tectonique d'ajustement. Le marché obligataire ne croit plus vraiment à une baisse de taux cette année. Cette position est cohérente avec ce qui ressort de la dernière enquête menée par Bank of America auprès des grands gérants d'actifs, qui sont désormais majoritaires à tabler sur une première baisse de taux quelque part au cours du 1er semestre 2024 et plus en 2023.

Les marchés actions, de leur côté, sont toujours dans une configuration optimiste, puisque les calamités promises depuis des mois ne se matérialisent pas. On peut probablement s'alarmer un chouïa de la remontée en flèche du niveau de complaisance, parce que c'est dangereux la complaisance, c'est ce qui provoque les bulles. Mais les mécaniques à l'œuvre restent puissantes. Je rappelle que pour contrer des remontées de taux galopantes et la déception d'une économie chinoise qui n'arrive pas à sortir du bourbier post-covid, les investisseurs ont pu s'appuyer sur une économie américaine qui a refusé de capituler jusqu'ici et sur l'essor de l'intelligence artificielle. La question que se posent maintenant les stratèges est de savoir si la hausse du marché va s'étendre à d'autres compartiments et pas rester cantonnée majoritairement à la technologie. A ce titre, le réveil des valeurs moyennes aux Etats-Unis depuis le début du mois de juin est probablement un signal positif.

Dans le reste de l'actualité, Vladimir Poutine a reconnu que l'armée russe manque d'un certain nombre d'équipements en quantité suffisante. Donald Trump a plaidé non-coupable des chefs d'accusation le visant dans l'affaire de documents classifiés. Et Bruno Le Maire explique dans le Financial Times que les finances publiques françaises vont reprendre le bon chemin grâce à des économies.

Sur les marchés actions d'Asie Pacifique, le Japon continue à flamber avec un Nikkei 225 en hausse de 1,5% ce matin. C'est plus mitigé ailleurs. La Chine continentale et l'Australie progressent d'environ 0,3%, tandis que Hong Kong perd un peu de terrain. C'est la Corée du Sud qui peine le plus aujourd'hui, en baisse de 0,7% sur le Kospi. Les indicateurs avancés européens sont légèrement baissiers. Le CAC40 perdait 0,04% à 7287 points peu après l'ouverture.

Les temps forts économiques du jour

La décision de politique monétaire américaine tombera à 20h00. Auparavant, la production industrielle européenne (11h00) et les prix à la production américains (14h30) animeront la séance. Tout l'agenda ici.

L'euro se renforce autour de 1,0792 USD. L'once d'or s'échange 1948 USD. Le pétrole a rebondi, avec un Brent de Mer du Nord à 74,32 USD le baril et un brut léger américain WTI à 69,64 USD. Le rendement de la dette américaine sur 10 ans s'établit à 3,80%. Le bitcoin est stable à 26 100 USD.

Les principaux changements de recommandations

  • Aston Martin : Jefferies passe de sousperformance à conserver en visant 300 GBp.
  • BNP Paribas : HSBC reste à l'achat avec un objectif de cours réduit de 78 à 76 EUR.
  • Boliden : DNB passe d'acheter à conserver en visant 376 SEK.
  • Capgemini : AlphaValue reste à accumuler avec un objectif de cours relevé de 200 à 209 EUR.
  • Compagnie Financière Richemont : HSBC reste à l'achat avec un objectif de cours relevé de 185 à 188 CHF.
  • CompuGroup : Morgan Stanley passe de pondération en ligne souspondérer en visant 41 EUR.
  • Crédit Agricole : HSBC reste à conserver avec un objectif de cours relevé de 11 à 12 EUR.
  • Essity : J.P. Morgan reste neutre avec un objectif de cours réduit de 285 à 270 SEK.
  • Galenica : UBS reste neutre avec un objectif de cours réduit de 77 à 76 CHF.
  • Iberdrola : BNP Paribas Exane reste à surperformance avec un objectif de cours relevé de 12,70 à 3 EUR.
  • ING : HSBC reste à conserver avec un objectif de cours relevé de 12 à 13 EUR.
  • Intercontinental Hotels : Morningstar reste à conserver avec un objectif de cours relevé de 5500 à 5850 GBp.
  • KBC : HSBC reste à conserver avec un objectif de cours relevé de 68 à 69 EUR.
  • L'Oréal : Berenberg reste à conserver avec un objectif de cours réduit de 412 à 402 EUR.
  • Merck KGaA : DZ Bank passe de conserver à acheter en visant 195 EUR.
  • Nordea : J.P. Morgan passe de surpondérer à neutre en visant 130 SEK.
  • Porsche Automobil Holding : Berenberg reste à l'achat avec un objectif de cours réduit de 85 à 76 EUR.
  • Prudential : Jefferies reste à l'achat avec un objectif de cours relevé de 1900 à 2020 GBp.
  • Sartorius AG : DZ Bank reste à la vente avec un objectif de cours réduit de 315 à 273 EUR.
  • Société Générale : HSBC reste à l'achat avec un objectif de cours réduit de 33 à 31 EUR.
  • Swatch Group : HSBC reste à conserver avec un objectif de cours réduit de 370 à 300 CHF.
  • Swedbank : J.P. Morgan passe de surpondérer à neutre en visant 205 SEK.
  • Teleperformance : Gilbert Dupont reste à l'achat avec un objectif de cours réduit de 325 à 282 EUR.
  • Tokmanni : DNB démarre le suivi à conserver en visant 12,50 EUR.

En France

Annonces importantes (et moins importantes)

  • Alstom signe un accord de coopération avec Air Products en vue de promouvoir le développement de solutions de transport à zéro émission directe en Pologne.
  • La Commission européenne a autorisé la création d'une entreprise commune entre Orange et Capgemini dans le domaine des services de cloud computing.
  • La FDA autorise Bylvay (Ipsen) pour traiter une forme de prurit cholestatique.
  • ISS recommande aux actionnaires d'Atos de voter contre les projets de résolutions des opposants au conseil.
  • Elis acquiert la société italienne de lutte contre rongeurs et insectes Gruppo Indaco.
  • Biomérieux nomme Pierre Boulud directeur général.
  • Xavier Niel, Matthieu Pigasse et Moez-Alexandre Zouari ont déposé une offre d'un milliard d'euros pour monter au capital de Casino. Le distributeur confirme avoir reçu une lettre d'intention portant sur un renforcement des fonds propres de 1,1 Md€, dont 200 à 300 M€ apportés par le trio.
  • Ubisoft mise sur l'IA et la réalité virtuelle.
  • Icade a signé les accords de cession de son pôle santé à Primonial REIM pour 2,6 Mds€.
  • Une députée LR demande à Bruno Le Maire de s'opposer au plan de restructuration d'Orpéa.
  • Inventiva annonce des résultats positifs en phase II dans une étude clinique initiée par un investigateur évaluant lanifibranor chez des patients atteints de DT2 et NAFLD.
  • Theranexus fait état de résultats préliminaires "encourageants" en phase I/II avec Batten-1 dans la maladie de Batten.
  • Le petit coin de la dilution : Acheter-Louer signe un partenariat avec Actusite. Les Forges de Tarbes (Europlasma) signent un contrat de 15 M€ pour des obus.
  • Elles ont publié / Elles doivent publier : Oeneo

Dans le monde

Annonces importantes (et moins importantes)

  • Accenture va investir 3 Mds$ pour se renforcer dans l'intelligence artificielle.
  • Entain rachète l'opérateur de paris sportifs polonais STS dans une transaction évaluée à 946 M$.
  • Le CEO de Logitech, Bracken Darrell démissionne avec effet immédiat.
  • Shell veut investir 12 à 15 Mds$ entre 2023 et 2025 dans des solutions bas carbone.
  • Un juge bloque temporairement le rachat d'Activision par Microsoft.
  • En difficulté financière, Evolva n'exclut pas une cession de l'entreprise.
  • Unilever prolonge son contrat d'approvisionnement avec Barry Callebaut.
  • Aurubis en bonne voie avec ses plans de croissance, selon son CEO.
  • Ford investira 660 M$ pour produire son nouveau modèle Ranger en Argentine.
  • La Commission européenne devrait approuver des subventions d'une valeur de 2 Mds€ de l'Etat allemand pour le projet d'usine d'acier "vert" de ThyssenKrupp à Duisbourg.
  • Bed Bath & Beyond choisit com comme candidat à la reprise de ses actifs.
  • Les principales publications du jour : Progressive, Lennar, FraportTout l'agenda ici.

Lectures