A Paris, le CAC 40 a terminé en repli de 2,19% à 5.241,55 points. Le Footsie britannique a cédé 2,47% et le Dax allemand 1,8%.

L'indice EuroStoxx 50 a perdu 1,93%, le FTSEurofirst 300 2,34% et le Stoxx 600 2,31%.

Les Bourses mondiales restent ébranlées par la décision du président américain d'imposer à compter du 1er septembre de droits de douane de 10% sur les 300 milliards de dollars d'importations chinoises encore non taxées.

Vendredi, le CAC 40 a chuté de 3,57%, sa plus forte baisse en pourcentage depuis le 24 juin 2016 (au lendemain du vote britannique en faveur du Brexit) et le Stoxx 600 a perdu 2,41%.

"Le gouvernement chinois a dit aux acheteurs publics d'arrêter d'acheter des produits agricoles américains et cela ne fait qu'ajouter aux tensions entre les deux parties", commente David Madden (CMC Markets). "On a le sentiment que la Chine pourrait infliger beaucoup plus de dégâts aux Etats-Unis dans ce conflit commercial et beaucoup de traders redoutent que le conflit économique fasse rage pendant encore un bon moment."

Risquant d'envenimer un peu plus le contentieux commercial avec Washington, Pékin a laissé lundi le yuan enfoncer le seuil de 7,0 pour un dollar pour la première fois depuis la crise financière mais la Banque populaire de Chine (BPC) a assuré qu'il ne fallait pas y voir une dévaluation compétitive. Malgré tout, le président américain y voit bel et bien une "violation majeure" de la part de la Chine.

Et ce ne sont pas les indicateurs du jour, en particulier les indices PMI des services asiatiques, européens et américain, qui ont pu mettre du baume au coeur des investisseurs.

VALEURS

Les actions ont souffert et leurs pertes de fin de journée sont encore supérieures à ce qu'elles étaient durant la matinée.

Les grands indices sectoriels européens ont tous fini dans le rouge, et en particulier celui des ressources de base (-2,89%), dont la Chine est une grosse consommatrice. Dans ce compartiment, ArcelorMittal (-4,43%) accuse la plus forte baisse du CAC 40.

Les valeurs technologiques (-3,01%) ont subi également de forts dégagements, comme STMicroelectronics en baisse de 4,3% à Paris, tout comme les valeurs du luxe. Dans ce secteur, c'est le suisse Richemont qui a souffert le plus, perdant 6,67%, deuxième plus grosse perte du Stoxx 600. L'indice regroupant les valeurs du luxe accuse d'ailleurs la plus lourde perte sectorielle de la journée (-3,47%).

A Londres, HSBC a perdu 3%. La banque britannique a annoncé avoir remercié son directeur général, qui n'était en poste que depuis 18 mois, en raison de la nécessité d'accélérer la mise en oeuvre des priorités stratégiques.

Renault, seule valeur du CAC 40 en hausse, a pris 1,2%, encouragé par les déclarations de Mike Manley, administrateur délégué de Fiat Chrysler Automobiles (FCA) (-0,32%), qui a annoncé que le constructeur italo-américain était prêt à discuter alliance avec des concurrents, le constructeur français en tête, tout en ajoutant que le groupe pouvait également poursuivre sa route en solo.

A WALL STREET

Wall Street subit la même tendance que les Bourses européennes à mi-séance, les trois grands indices accusant à mi-séance des pertes variant d'un peu plus de 2% à 2,8%.

Les 11 grands indices sectoriels sont tous dans le rouge et plusieurs accusent des pertes de plus de 2%, et en particulier l'indice des technologiques (-3,46%), plus fort recul du moment.

LES INDICATEURS DU JOUR

En Europe, la croissance de l'activité du secteur privé a encore ralenti en juillet, la contraction qui s'aggrave dans le secteur manufacturier commençant à peser sur celui des services, montrent les résultats définitifs des enquêtes mensuelles d'IHS Markit auprès des directeurs d'achat.

Le moral des investisseurs dans la zone euro s'est par ailleurs encore dégradé en août pour revenir à son plus bas niveau depuis octobre 2014, selon l'enquête mensuelle de l'institut d'études Sentix, qui juge inévitable une récession en Allemagne.

Aux Etats-Unis, la croissance de l'activité dans le secteur des services a décéléré en juillet à son rythme le plus faible depuis trois ans, une autre conséquence des tensions commerciales internationales, montre l'enquête mensuelle de l'Institute for Supply Management (ISM).

CHANGES

Le yuan a occupé le devant de la scène sur le marché des devises après avoir enfoncé le niveau de 7 par dollar, faisant craindre que le conflit commercial entre Pékin et Washington ne se déplace sur le terrain des changes.

Le dollar gagnait 1,54% à 7,0458 yuan au moment de la clôture en Europe, après un pic à 7,0514.

Il reculait cependant face aux autres grandes devises, plombé par la baisse des rendements obligataires, notamment américains. Il cédait ainsi 0,43% face à un panier de devises de référence.

Le franc suisse, monnaie refuge par excellence, a inscrit un pic de 26 mois de 1,0865 contre l'euro et il semble que la Banque nationale suisse (BNS) soit intervenue la semaine dernière en achetant des devises pour stabiliser la monnaie nationale, ont dit des analystes.

Les dépôts à vue, dont l'évolution trahit les interventions de la banque centrale, ont augmenté de 1,6 milliard de francs à 582,7 milliards dans la semaine au 2 août. Ils avaient déjà augmenté de 1,7 milliard la semaine auparavant.

L'euro perdait 0,12% à 1,0895 franc suisse en fin de journée et le dollar 0,97% à 0,9725 franc.

Le yen, autre monnaie refuge, progressait de 0,43% à 106,12 pour un dollar.

TAUX

L'aversion au risque qui affecte la Bourse profite logiquement au marché obligataire, sur lequel les rendements continuent de baisser.

Les Treasuries à 10 ans voient leur rendement chuter de 8,8 points de base à 1,7667%, après avoir touché 1,743% dans la journée, au plus bas depuis le 9 novembre 2016.

Le rendement a deux ans a touché 1,587%, au plus bas depuis novembre 2017, et il cédait encore 11,5 points de base à 1,6074%.

L'écart de rendement entre le bon à trois mois et l'obligation à 10 ans a atteint près de 27 points de base, le plus ample depuis avril 2007.

Le rendement du Bund à 10 ans reculait à -0,517%, après un plus bas de -0,537%, tandis que celui du 30 ans, passé en territoire négatif vendredi dernier, ressort à -0,012%.

PÉTROLE

Les cours du brut sont de nouveau pénalisés par le risque d'intensification de la guerre commerciale, qui aurait pour effet de freiner la demande pétrolière.

Les pertes ne sont pas toutefois de la même intensité partout: le Brent perd plus de 2%, tandis que le brut léger américain (West Texas Intermediate, WTI) laisse autour de 0,7%.

MÉTAUX

Dans un tel contexte, l'or profite lui aussi de son statut de valeur refuge, ainsi que du recul du dollar: il monte de 1,57% autour de 1.463 dollars l'once.

(Edité par Marc Angrand)

par Wilfrid Exbrayat

Valeurs citées dans l'article : Euro / US Dollar (EUR/USD), Euro / Japanese Yen (EUR/JPY), Euro / British Pound (EUR/GBP), Euro / Swiss Franc (EUR/CHF), US Dollar / Japanese Yen (USD/JPY), British Pound / Japanese Yen (GBP/JPY), Renault, CAC 40, NASDAQ Comp., DJ Industrial, NASDAQ 100, London Brent Oil, S&P 500, DAX, Euro Stoxx 50, Stoxx Europe 600, SMI, STMicroelectronics, Japanese Yen / Swiss Franc (JPY/CHF), New Zealand Dollar / Japanese Yen (NZD/JPY), WTI, US Dollar / Chinese Yuan Renminbi (USD/CNY), Australian Dollar / Japanese Yen (AUD/JPY), Canadian Dollar / Japanese Yen (CAD/JPY), Nissan Motor Co Ltd, Compagnie Financière Richemont, Stoxx Europe 600 NR, HSBC Holdings Plc, Fiat Chrysler Automobiles, CMC Markets Plc, ArcelorMittal, United States Dollar (B) / Chinese Yuan in Hong Kong (USD/CNH)