Berlin (awp/afp) - La directrice générale du FMI Christine Lagarde a estimé jeudi que l'Allemagne avait "plusieurs outils en mains" pour augmenter à la fois les investissements et les salaires, quand Berlin estime avoir déjà dépensé plus que prévu ces dernières années.

L'excédent courant allemand, de l'ordre de 8% du PIB du pays, montre que "l'épargne dépasse les investissements: l'Allemagne peut donc se permettre de consommer et d'investir davantage", a-t-elle affirmé lors d'une conférence économique à Francfort, dans l'ouest de l'Allemagne.

"Nous, au FMI, jugeons particulièrement important (...) d'investir plus dans les infrastructures publiques, telles que les routes, voies ferrées et le numérique", avait-elle écrit la veille dans un billet de blog publié par l'organisation internationale.

Pour la patronne du FMI, le mieux serait que l'Allemagne investisse "au plan domestique", peu importe qu'il s'agisse de dépenses privées, publiques ou en partenariat public-privé, a-t-elle déclaré à Francfort. Un tel effort contribuerait à "réduire les déséquilibres globaux, ce dont nous nous inquiétons au FMI".

Christine Lagarde suggère notamment que l'Allemagne utilise "la marge de manoeuvre budgétaire" dont elle dispose. Selon les calculs du FMI, "les dépenses supplémentaires n'empêcheraient pas la dette de continuer à se réduire", comme c'est déjà le cas en ce moment.

Ces efforts ne seraient pas requis "pour aider les autres pays", mais "pour que l'Allemagne puisse croître durablement", a-t-elle plaidé face à un pays qui ne cache pas sa réticence à mutualiser les coûts et s'inquiète des futures dépenses liées au vieillissement de sa population.

Le ministre allemand des Finances Peter Altmaier a assuré quant à lui jeudi à Paris que son pays avait dépensé plus que prévu au cours des quatre dernières années, précisément 110 milliards d'euros alors que le contrat de coalition sur la période échue entre 2013 et 2017 avait inscrit 23 milliards au programme.

Il s'exprimait lors d'une conférence conjointe avec son homologue Bruno Le Maire, qui avait aussi demandé la semaine dernière une augmentation des investissements allemands.

Le président de la Bundesbank Jens Weidmann a de son côté estimé dans la matinée à Francfort qu'"augmenter les dépenses publiques afin de réduire l'excédent du compte courant de l'Allemagne serait probablement une entreprise futile".

Mme Lagarde, reprenant un discours connu du FMI sur l'Allemagne depuis des années, a par ailleurs appelé de ses voeux "des augmentations de salaires en réponse à l'excellent santé du marché du travail", au moment où des négociations sont menées entre patronat et syndicats entre autres dans la métallurgie.

La question des investissements et des dépenses publiques figure parmi les principaux points de discorde entre les conservateurs et sociaux-démocrates allemands, qui sont parvenus la semaine dernière à un accord de principe pour former un gouvernement, mais doivent désormais en négocier les détails.

Les sociaux-démocrates plaident pour davantage d'investissements dans les infrastructures du pays et un soutien financier aux classes moyennes et les moins favorisées, tandis que les conservateurs d'Angela Merkel jugent la marge de manoeuvre financière plus limitée.

afp/rp